Aller au contenu
Séries Happy Valley Saison 2 : Surmonter les traumatismes et soigner les plaies (sur France 3)

Happy Valley Saison 2 : Surmonter les traumatismes et soigner les plaies (sur France 3)

  • par
  • 5 min read

happy valley saison 2 bilan critictoo - Happy Valley Saison 2 : Surmonter les traumatismes et soigner les plaies (sur France 3)

Un an après la diffusion de la première saison sur France 3, la chaine française propose de retrouver Catherine Cawood pour une saison 2 de Happy Valley. On retrouve ainsi cette mère de famille qui élève son petit fils et qui cherche à faire du mieux qu’elle peu malgré les circonstances.

La création de Sally Wainwright nous dépeint une réalité sociale où la vie est difficile pour bien du monde, avec le manque d’options, d’argent, de travail et même d’espoir. Catherine Cawood (la toujours impeccable Sarah Lancashire) est comme tout le monde : elle est une bonne personne qui cherche tant bien que mal à faire le bien et à surmonter un traumatisme.

Celui-ci est évidemment le suicide de sa fille, qui s’est enlevé la vie après avoir été violée et mis au monde son fils Ryan – maintenant élevé par Catherine. La première saison de Happy Valley confrontait Catherine au responsable, le sociopathe Tommy Lee Royce qui sortait de prison. Si l’histoire se terminait avec le sentiment que Catherine pouvait commençait à guérir, la saison 2 vient bousculer cet état de fait pour contempler la difficulté que cela représente.

Le sujet était déjà au cœur de la saison 1 dans le sens où cet évènement avait fait imploser son mariage et sa vie de famille. Les nouveaux épisodes de Happy Valley décident d’aller plus loin en continuant à creuser la psyché de ses personnages, ce qui les pousse à agir et à embrasser leurs démons.

Signant les 6 épisodes composant la saison et encore plus présente derrière la caméra, la créatrice Sally Wainwright multiplie les storylines au point que l’on peut se demander comment elle va bien pouvoir tout mener à bien. La mafia d’Halifax ne deviendra finalement qu’une note de pied de page présentement, mais tout le reste entrainera le récit dans une direction aussi intense que fascinante et surprenante. Tommy Lee Royce (James Norton) sera lui également secondaire, mais sa présence est plus que palpable en continu. Enfin, la police est à la recherche d’un tueur en série sans soupçonner le fait qu’il y a aussi dans ses rangs un meurtrier.

Même lorsque Happy Valley se repose en apparence sur une idée qui frôle dangereusement la caricature, la série trouve le moyen de prendre les tournants nécessaire pour offrir un regard toujours compassionnel sur ceux qui sont aux prises avec des circonstances difficiles. Les intrigues se recoupent, au moins sur un plan thématique, avec la volonté d’interroger sans fournir de réponses ou de jugement. La saison 1 nous parlait de la prise de responsabilités, la seconde poursuit dans cette direction en y intégrant l’éternelle question de l’inné vs. l’acquis qui devient une sorte de monstre dans la pièce lorsque la fin arrive.

Catherine Cawood est alors cette femme consumée par une rage intérieure, hantée par un Tommy Lee Royce qui refuse de lâcher prise et qui est déterminé à maintenir sa présence dans son existence, même de la prison. C’est néanmoins lorsque sa carapace se fissure et qu’elle laisse voir ce qui la trouble le plus que Catherine s’impose comme cette battante qui fait tout pour faire ce qui est bon, même lorsque cela est difficile.

Dans cette saison 2 de Happy Valley, Catherine n’est cependant pas la seule qui cherche tant bien que mal à surmonter ses traumatismes, c’est le cas de quasiment tous ceux qui l’entourent. Que cela prenne la forme d’un acte de violence irréversible, de rechute pour sa sœur Clare ou de simples désillusions qui entrainent sur la mauvaise route, la série ne cesse de dépeindre un univers angoissant où tout ce que l’on peut faire est tomber puis se relever, si l’occasion est offerte. Ce n’est pas le cas pour tout le monde, certains iront trop loin pour trouver une porte de sortie, leurs actions les rongeant de l’intérieur.

Reste que dans ce qui semble être plus que grisaille, Sally Wainwright n’en oublie jamais que l’humour trouve toujours sa place même au sommet de la tragédie. Les confrontations sont intenses dans Happy Valley, mais les rires et sourires sont aussi bien présents, souvent dans un portrait du quotidien authentique, à travers la banalité de gestes anodins tels la préparation d’un thé ou un café renversé.

Avec la saison 2 de Happy Valley, Sally Wainwright continue de raconter de manière intelligente l’histoire de Catherine et de ses proches, rajoutant des couches de complexité, se frottant aux émotions conflictuels de ses personnages pour mieux mettre en valeur son propos sans jamais tomber dans la facilité. Une réussite.

***

Signalons qu’Happy Valley devrait connaitre une saison 3, mais on ne sait pas pour quand. Les deux premières saisons sont en tous cas disponibles en DVD sur Amazon, mais également sur Netflix. La diffusion sur France 3 commence ce jeudi 14 mars à 21h05 avec 3 épisodes.