Maintenant que Carrie a un début de preuve au sujet de l’innocence de Brody, l’enquête sur le réel responsable de l’attentat à Langley reprend son cours. Les choses vont alors rapidement prendre forme.
Cette troisième saison de Homeland souffre d’un léger déséquilibre dans son rythme, ce qui est clairement la faute à un agencement de storylines qui est loin d’être aussi fluide que les années précédentes.
Cela ne part pas totalement dans tous les sens, mais quand on fait le point sur chaque épisode individuellement, il est difficile de voir se dessiner une véritable image. Les bouts s’assemblent indéniablement sans pour autant prendre forme. C’est ainsi que replonger dans la chasse au responsable de l’attentat de Langley apparait presque comme une simple diversion alors que cela aurait dû être majeur.
À la place, il s’agit plutôt d’introduire des éléments, bien qu’il ne soit pas évident de saisir où ceux-ci doivent nous entrainer après cela. En tout cas, l’une des conséquences – volontaire ou non – est que Carrie se retrouve une fois de plus en position pour être progressivement marginalisée. La manière avec laquelle elle fut replongée au cœur de la CIA fut brusque et il n’est pas véritablement étonnant qu’une différence d’opinions puisse de nouveau brouiller sa perspective et la pousser vers des limites qu’elle ne devrait pourtant plus fréquenter.
Cela pourrait presque paraitre redondant si la conjoncture était plus familière. D’ailleurs, c’est cette direction prise par l’histoire depuis la fin de la saison 2 qui fait que la réapparition de vieilles routines narratives n’apparait pas comme une facilité au premier abord. Le fait que cet épisode progresse assez mécaniquement durant son second tiers tend à se montrer alors relativement contre-productif dans ce sens.
En dépit de cela, A Red Wheel Barrow trouve le moyen de compenser avec quelques twists, bien que certains paraissent légèrement poussifs. Si la partie sur la santé de Carrie suit une progression évidente et convenablement dosée étant donné les circonstances, ce n’est pas la même chose avec celle tournant autour de la femme de Saul. Dans ce domaine, cela ressemble un peu trop à de l’improvisation et à une tentative pour essayer de rendre pertinent une partie relativement anecdotique du show. Enfin, il y a Fara qui a le droit à un peu d’attention afin que l’on puisse comprendre véritablement d’où elle vient et ce qui la motive. Ce n’est pas inintéressant, mais le timing est légèrement maladroit – intégrer ces scènes plus tôt aurait clairement donné plus de poids aux agissements de l’analyste.
Cette troisième saison de Homeland n’est certainement pas encore arrivée au bout des surprises qu’elle a à nous délivrer. On peut donc espérer que les twists qui sont toujours dans le sac parviendront à donner à l’ensemble une dimension plus adéquate, puisqu’avec les enjeux actuels, les scénaristes jouent vraiment trop la sécurité dans la forme et cela atteint sérieusement le fond. La révélation finale de l’épisode en est une belle illustration, car cela parait plus poussif qu’enthousiasmant – ce que ça devrait pourtant être. Concrètement, tout ceci est par moment trop moribond, même si Carrie fait tout ce qu’elle peut pour pimenter les choses. Seule contre tous, elle n’a pas la force nécessaire pour atteindre à un résultat pleinement satisfaisant.