Carrie dévoile à Saul tout ce qu’elle sait sur Allison. Ils se tournent alors avec les services secrets allemands afin d’obtenir les moyens de prouver ce qu’ils avancent. Quinn découvre que ses kidnappeurs préparent une attaque au gaz sur Berlin.
Au lieu de prendre son envol, cette cinquième saison de Homeland a étonnement réduit sa cadence dernièrement. The Litvinov Ruse vient donc corriger cela, en partie du moins. Dans la forme, la tension monte finalement d’un cran. Dans le fond, il est toujours question d’étirer un peu plus longtemps l’histoire.
Ce n’est pas que les scénaristes ont décidé de faire marche arrière et de laisser Carrie continuer à vagabonder seule à la recherche de preuves. Ils optent pour le contraire. Le souci est que la finalité est surtout de jouer avec les attentes qui ont été clairement formulées pour mieux préparer un twist devant dérouter une fois de plus la progression de l’intrigue.
On peut donc légitimement questionner la destination. Habituellement, une saison d’Homeland voit ses enjeux se préciser dans sa seconde moitié. Ici, il semble de plus en plus clair qu’il n’y a rien de plus à ajouter. La chasse au traitre n’était pas seulement la partie visible, c’était tout l’iceberg — du moins, du côté de la CIA. Il apparait de plus en plus évident que la storyline de Quinn avec son attaque terroriste qui prend forme sur le côté s’apprête à occuper les devants de la scène.
The Litvinov Ruse fait donc en partie de la mise en place. Pour le reste, on nous sert un thriller d’espionnage simple, mais efficace. Une chose est cependant claire, les filatures étaient plus électrisantes quand ce n’était pas des drones qui faisaient tout le travail. Ici, le risque que la cible découvre ceux qui la traquent est enlevé de l’équation et il est difficile pour les scénaristes d’alimenter le suspense. Tout repose alors sur ce qu’Allison va faire.
Miranda Otto a clairement été l’un des meilleurs ajouts au casting de cette saison. Elle a fait d’Allison une opposante solide pour Carrie, navigant entre tous les bords avec une détermination bienvenue. Elle est une traitre qui n’est pas rongée par ses allégeances douteuses, mais qui craint pour sa survie. Concrètement, il n’est pas question d’idéologie, mais d’intérêts personnels. Cela est presque rafraichissant de nos jours avec une histoire de ce genre.
Il est alors regrettable qu’Allison n’ait pas eu l’opportunité d’apporter plus. Son plan était de monter les échelons hiérarchiques, ce qui limitait finalement sa pertinence sur le court terme. Après tout, Homeland finit toujours par diriger Carrie vers une mission aux proportions importantes. Allison reste presque trop locale.
La fin de saison repose donc en partie sur ce qui se trame du côté de Quinn. Là encore, la mise en place a été longue, mais elle devrait être payante. À 3 épisodes de la conclusion, on peut espérer que le but de la storyline n’était pas que de simplement occuper le personnage quand il n’était pas avec Carrie. Cela aurait été un gaspillage regrettable.
Il faut donc patienter encore un peu pour le découvrir. En attendant, The Litvinov Ruse a le mérite de tenir un peu plus en haleine que les récents épisodes. Ses derniers twists sont intrigants et il distille une dose suffisante de suspense pour rendre cette chasse captivante. On peut par contre regretter que rien de concret ne soit fait pour élever le propos de l’ensemble. Il fut un temps où Homeland offrait des commentaires sur la politique américaine et sa relation avec le terrorisme. Cette saison 5 est assez timide dans ce registre, ce qui est regrettable quand on voit comment les enjeux peinent à prendre forme de façon conséquente. Un peu plus de ce type ne serait pas de trop.