Les scénaristes de cette saison 7 de Homeland ont rencontré quelques difficultés pour articuler leur propos au point de départ, mais ils ont réussi à retomber sur leurs pieds. Ils ont su comment tourner l’histoire d’une manière à évoquer comment la manipulation des médias par une force extérieure est dommageable.
Aborder les « fake news » de cette façon était intéressant. On peut donc se demander pourquoi, une fois que le sujet a été bien établi, il a été mis de côté. Cet épisode 8 finit de tout ramener à une simple affaire d’espionnage aux ressorts dramatiques tout droit sortis d’une saison de 24.
Homeland a pendant longtemps su maintenir à une distance convenable les comparaisons avec les aventures de Jack Bauer, mais cette saison 7 n’y arrive plus. Probablement parce qu’elle en est au point où elle se contente d’user un peu plus ses classiques qui, au fil des ans, ont perdu ce qui les différenciait. Concrètement, à partir du moment où l’on embrasse l’idée que seule Carrie peut sauver le monde, tout l’univers construit autour d’elle ne fait que fournir des excuses superficielles pour justifier ses agissements.
Ainsi, maintenant que Dante a été arrêté, il ne faut que quelques lignes de dialogues pour mettre Carrie dans la salle d’interrogatoire en face de lui. Saul ne cherche même pas à débattre, ses réticences n’étant vraiment là que pour vendre l’idée que les enjeux sont élevés au point où seulement Carrie peut faire quelque chose.
Il est indéniable que perdre Quinn a laissé un vide notable dans la série. Homeland a progressivement évolué pour que Carrie s’impose comme étant nécessaire pour sauver le monde, mais Quinn était là pour couvrir ses arrières et montrer qu’elle ne pouvait pas atteindre son but si personne d’autre ne faisait une partie du travail.
À présent, Carrie est vraiment seule, même si l’équipe de Saul a pendant un bref instant donné l’impression qu’elle allait couvrir les bases laissées vacantes. Ce n’est pas le cas visiblement et cet épisode démontre que Carrie doit tout sacrifier parce que personne d’autre ne pourra sauver son pays pendant qu’elle s’occupe de sa fille.
Concrètement, cette saison 7 de Homeland progresse en devenant de plus en plus prisonnière de Carrie. Sans elle, qui sauvera les États-Unis des méchants manipulateurs russes ? Personne. C’est dommage, car cet épisode 8 reste dans la forme assez bien construit, avec un bon rythme et de la tension.
Le souci est que les scénaristes ont abandonné l’envie de développer un propos substantiel. Nous sommes passés en mode espionnage avec un cliché après l’autre qui est utilisé pour maintenir l’idée que Carrie est indispensable.
Il est certain que Homeland peut aisément continuer sur cette voie. Après tout, c’est suffisamment divertissant pour que l’on soit investi dans ce qui se passe, mais cela rend également la série un peu trop creuse et formulaïque pour son propre bien.