Le 1er février 2013, Netflix a mis en ligne l’intégralité de la saison 1 de House of Cards. Un choc pour l’industrie qui propulsa réellement le service de VOD vers l’étape suivante de son évolution. Peu importe l’intérêt économique, c’est l’idée que l’on pouvait consommer une série inédite d’une traite qui a eu le plus gros impact sur la culture populaire.
Netflix n’avait rien inventé. On fait des marathons de séries – puisque c’est comme ça qu’on appelait ça – avant que le binge watching ne devienne la chose du moment. Du moins, de par chez nous, car même si les Américains ont le droit à des marathons Law & Order, Twilight Zone et autres à chaque jour férié, ils n’avaient visiblement pas assimilé l’idée qu’ils pouvaient le faire avec des séries qu’ils n’avaient pas vues auparavant. Peut-être que ce qu’il leur manquait était simplement une appellation.
Le Binge Watching n’est donc pas né avec House of Cards, mais le show lança la mode. Étonnement, ce thriller politique semble n’avoir jamais été réellement pensé pour être regardé d’une traite, et la troisième saison illustre encore plus cela que les précédentes.
Au point de départ, Frank Underwood (Kevin Spacey) voulait devenir le Secrétaire d’État, mais le Président préférait le garder au Congrès. Insatisfait, il décida de se saisir du Bureau ovale. La première saison couvrait son ascension au poste de Vice-Président, la seconde à celui de Commander in Chief. Il ne pouvait pas aller plus haut et, donc, la troisième a commencé à parler de sa lente descente.
Aucune destination dans le viseur, des enjeux qui restent secondaires, loin derrière l’examen de la relation tendue du couple présidentiel, cette saison n’offrait pas de réelles motivations pour découvrir la suite sans attendre.
Dès le départ, House of Cards s’est composée d’épisodes délivrant des intrigues contenues, se terminant rarement sur des cliffhangers. Chaque partie racontait une étape de la manière la plus traditionnelle qui soit, ou presque. Rien n’a donc changé et, dans le fond, ce n’est pas un problème.
Après tout, certains épisodes développent des thématiques pertinentes et des critiques intéressantes sur la politique internationale offre du matériel à réflexion, tout comme la démonstration des véritables limites des pouvoirs du POTUS. L’ensemble n’est pas dénué de défauts, le manque de direction en est d’ailleurs un notable.
Le fait est que, arrivée à ce niveau de son existence, House of Cards ne parait plus être à sa place dans cet environnement de consommation qu’elle a aidé à construire. C’est peut-être pour cela que certains espèrent qu’elle s’arrêtera prochainement. Malgré tout, elle conserve de nombreux mérites et on peut se demander comment elle serait réellement perçue et discutée si les abonnés de Netflix ne la regardaient pas aussi vite.
Bien entendu, l’avantage de ce service de vidéo à la demande est qu’il laisse chaque spectateur la possibilité de suivre à son rythme une série. Peut-être qu’il serait alors pertinent d’adresser ce problème et d’offrir une sorte d’index de bingeabilité, un guide des séries qui sont définitivement plus construite pour être regardée de cette manière.
Quoi qu’il en soit, House of Cards a aidé à démocratiser le binge watching, mais elle n’est plus son ambassadrice depuis longtemps. D’une certaine manière, cela amplifie ses faiblesses, car elle ne délivre pas totalement ce que l’on attend désormais d’une série netflix, mais peut-être que la saison 4 corrigera cela.