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Jane The Virgin : Hispanique Conception

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jane the virgin saison 1 - Jane The Virgin : Hispanique Conception

Alors qu’elle en entame son dernier tiers, il est temps de revenir sur ce que la première saison de Jane The Virgin, nouveauté de la CW lancée à l’automne, nous a proposé jusque là. Jane, qui avait planifié toute sa vie, se retrouve accidentellement inséminée du sperme d’un ancien flirt bien qu’elle soit encore vierge et que son petit-ami s’apprête à la demander en mariage.

Pensée comme une parodie des telenovelas sud-américaines, Jane The Virgin démarre sa saison sur les chapeaux de roue : sa mère qui cache l’identité du père ; un triangle amoureux, une gynécologue alcoolique éprise de sa belle-mère ; un baron de la drogue qui opère dans l’hôtel où tous travaillent… Tout le monde semble être l’amant, le frère, le Némésis de quelqu’un. Les premiers épisodes de la série jouent d’ailleurs pleinement de cette surenchère narrative pour rapidement construire un univers étoffé où tout devient possible.

Cela sert alors à développer une dynamique de « telenovela » à un niveau assez unique : tous les rebondissements sont permis pour surprendre et faire évoluer le récit tout autant que les personnages. Si Jane, de son statut de vierge, semble intouchable, elle peut faire des erreurs, sans la moindre naïveté.

Ce qui est au demeurant assez rafraîchissant dans un show de ce gabarit, c’est que malgré la distinction nécessaire entre bons et méchants protagonistes, chacun a le droit à ses zones d’ombres, sa part d’erreurs et ses bons côtés. Rafaël et Michaël ne sont pas de parfaits princes charmants aux vertus indéfendables, Petra n’est pas la « bitch » cruelle et sans cœur qu’elle laisse paraître. Si l’univers visuel de la série est coloré, il en est de même pour ses personnages et les situations dans lesquelles ils se retrouvent.

Les scénaristes de Jane The Virgin ont d’ailleurs pris la bonne habitude – jusqu’à maintenant – de ne pas faire durer leurs intrigues plus que de mesure, conscients du potentiel énorme que le genre auquel ils s’appliquent apporte. Tous les secrets finissent ou finiront par être révélés, fournissant retournements de situation et nouveaux secrets. Si cela n’est pas fait avec une originalité exceptionnelle, cela a le mérite d’être exécuté avec un timing impeccable.

Si la pilule du « déjà-vu » a autant de facilités à passer, c’est aussi parce que le récit se couvre d’une dose incroyable de second degré. Une voix off nous narre les histoires qui se déroulent à l’écran avec une ironie et un cynisme si travaillé et convaincant qu’elle surélève l’exercice périlleux de la parodie à l’art fin et délicat du « méta ». Que ce soit avec les hashtags hilarants du père de Jane, les commentaires condescendants sur les twists ou les incrustations à l’écran d’un surtexte, cette voix off nous offre différents niveaux de lecture avec un point commun : un humour ravageur.

Bien que le casting, porté par Gina Rodriguez (Golden Globe 2015 de la meilleure actrice dans une série comique), s’en sort honorablement, le charme fou de la série vient d’ailleurs. Elle arrive à créer un équilibre parfait entre respect des codes de la telenovela qu’elle parodie et dont elle tire son humour et traitement sérieux et crédible de ses personnages.

Avec un subtil mélange entre univers pop biberonné aux telenovelas, une écriture des personnages soignée et une voix off tellement pertinente et drôle qu’elle en devient un personnage à part entière, apportant un quatrième mur novateur, Jane The Virgin se révèle être une belle réussite qui donne toujours envie d’en voir plus.