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Séries Kaboul Kitchen Saison 3 : Un changement de chef qui ne prend pas

Kaboul Kitchen Saison 3 : Un changement de chef qui ne prend pas

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Kaboul Kitchen saison 3 - Kaboul Kitchen Saison 3 : Un changement de chef qui ne prend pas

On avait laissé Jacky pour mort voici trois ans lors de l’épilogue de la saison 2 de Kaboul Kitchen. Une situation inextricable pour le héros, bien vivant, mais pas aussi inextricable que celle des auteurs de cette saison 3, avec la défection de Gilbert Melki (Jacky Robert) dans l’intervalle – toujours très long pour des créations françaises. Comment se sortir du bourbier d’un personnage en vie, mais prétendu mort et probablement voué à revenir alors qu’il ne réapparaîtra finalement pas ? Si le problème majeur de cette saison vient de la résolution de cette question, ce n’est pas le seul handicap qui traverse ces douze nouveaux épisodes.

Comment renouveler une série qui perd son personnage principal ? Le décès effectif de Jacky force les scénaristes à créer une conclusion plutôt que de lancer paisiblement leurs intrigues et les met clairement dans l’embarras. Il faut trois épisodes pour installer la nouvelle dynamique, ce qui fait déjà un quart de saison. Une fois passé à autre chose, on constate que l’esprit « Kaboul Kitchen » est peut-être parti avec Melki. Vaguement subversive, parfois borderline, très souvent marrante et truffée d’idées et de dialogues percutants, la saison 3 ne possède plus rien de tout ça ou si peu. Pourtant tout le monde est là, Amanullah, Lala, Sophie, Habib… Et l’arrivée de Stéphane de Groodt, acteur au formidable capital sympathie par son côté lunaire et décalé, était un signe encourageant.

Las, le comédien belge fait le travail, mais son personnage, sans doute lié à l’intrigue qui lui est dédiée, ne parvient jamais à susciter l’intérêt. Cet arnaqueur mondain pourchassé par des mafieux russes censés être menaçants, mais en fait complètement idiots ne sort jamais des sentiers battus. La faculté de Michel Caulaincourt (De Groodt) à avoir une idée pour rembourser sa dette, la mettre en œuvre et observer son échec avant de recommencer à l’épisode suivant avec une autre idée qui va aussi capoter fatigue très vite… Le tout dans l’impunité la plus totale, et sans que personne ne se rende compte qu’il est à l’origine de tous leurs problèmes.

En multipliant les tentatives pour échapper à son destin, Michel engendre des conséquences importantes qui vont s’additionner au fur et à mesure des épisodes et créer une surcharge d’histoires aux liens plus ou moins ténus. Le trafic de drogue, « L’afghan Star », la campagne présidentielle d’Amanullah, le « Kaboul Kitchtour », le programme humanitaire de Victor… Si Michel n’est pas à l’origine de toutes ces intrigues, il se retrouve impliqué dans chacune d’entre elles alors qu’il est totalement dépassé. C’est l’histoire du gars qui est au fond du trou, mais qui continue de creuser…

Le remplacement de Jacky ne fonctionne donc jamais vraiment, mais le reste du casting semble déprimé par cette absence. Damien — déjà inutile en saison 2 — erre pendant douze épisodes, sans conséquence aucune ou presque sur l’histoire, et notamment celle de Sophie, transparente malgré le ventre qu’elle prend pendant la saison. Axel traîne aussi, embarqué dans une histoire d’adoption inintéressante et superficielle.

Évanoui également le discours sur l’état du monde. Si la géopolitique n’était pas le but ultime de la série, les deux premières saisons se permettaient des commentaires parfois cinglants sur les stratégies occidentales de gestion voire d’ingérence sur l’Afghanistan. Ici, on se moque gentiment des ONG, de l’Union européenne et de l’attribution de ses subventions, sans vexer personne. Même Amanullah, pourtant en campagne présidentielle, n’a rien à proposer. Les scénaristes semblent d’ailleurs oublier ce pan de la saison, préférant inscrire le colonel repenti dans des sous-intrigues familiales.

Kaboul Kitchen réussit quand même son coup à deux ou trois reprises, en empruntant des chemins plus sombres par endroits, comme la trahison de Jamal envers son père, forçant Amanullah à l’exil ; ou encore la conclusion concernant Damien et Sophie, qui voit un père refuser purement et simplement ses responsabilités, livrant le personnage à la lucidité de son immaturité. C’est bien maigre pour séduire sur douze épisodes, mais c’est tout ce qu’il y a à prendre.

Malgré le changement de protagoniste annoncé, il semblait impossible à l’entame de cette troisième saison de se dire que la série allait gâcher tout ce qu’elle avait construit précédemment. Il faut se rendre à l’évidence : en l’absence de Jacky Robert, Kaboul Kitchen « ça craint vraiment du cul ». La fin pouvant être interprétée comme la conclusion définitive de la série (une saison 4 est annoncée, mais pas confirmée) rendrait la pilule plus facile à avaler et sonnerait comme un chouette chant du cygne pour une série qui n’avait visiblement plus grand-chose à dire.

La saison 3 de Kaboul Kitchen est disponible en DVD à partir du 14 mars 2017.

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