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Séries Autres séries Kevin Can F**k Himself Saison 1 : La vie d’une femme de sitcom est une tragi-comédie qui ne manque pas d’intérêt (sur Prime Vidéo)

Kevin Can F**k Himself Saison 1 : La vie d’une femme de sitcom est une tragi-comédie qui ne manque pas d’intérêt (sur Prime Vidéo)

Kevin Can F k Himself Saison 1 - Kevin Can F**k Himself Saison 1 : La vie d’une femme de sitcom est une tragi-comédie qui ne manque pas d'intérêt (sur Prime Vidéo)

Être l’épouse de Kevin James dans une sitcom est infernal. C’est ce que s’est dit la scénariste Valerie Armstrong quand Erinn Hayes s’est fait éjecter de la comédie CBS de Kevin Can Wait en 2016. Le traitement de la femme dans ce type de comédie est tellement trivial qu’on peut tuer le personnage entre deux saisons pour satisfaire les désirs de la star du show.

Dans la série AMC Kevin Can F**k Himself, c’est Kevin (Eric Petersen) qui pourrait bien mourir si sa femme, Allison (Annie Murphy), parvient à ses fins. Seulement, après plus d’une décennie dans son rôle de bonne épouse dont la vie a été réduite à n’être qu’un second couteau négligé dans le monde de son mari, Allison n’est certainement pas la mieux équipée pour commettre un meurtre. On peut même dire qu’elle ne sait pas par où commencer, mais elle est déterminée à faire ce qu’il faut pour gagner sa liberté.

Cette première saison chronique ainsi comment Allison devient cette personne capable de tuer — ou du moins d’essayer d’organiser la mort de son mari. Son plus gros obstacle est que Kevin est la star de son propre show dans lequel tout tourne systématiquement à son avantage, ce qui fait que rien ne peut être laissé au hasard.

Kevin est en effet terriblement chanceux et il l’explique simplement : il est KEVIN ! C’est comme cela que les choses fonctionnent dans les sitcoms du genre de Kevin Can Wait, et c’est donc ce que Kevin Can F**k Himself veut critiquer. Ainsi, à chaque fois que Kevin est à l’écran, la série passe en mode sitcom multicaméra. Elle adopte l’esthétique et l’écriture avec le débit soutenu de blagues à la minute et de péripéties absurdes. Quand il n’est pas présent, nous sommes dans le monde réel où rien n’est vraiment reluisant, comique ou prometteur. C’est sombre et sans avenir. C’est la vie d’Allison.

Le concept est indéniablement intéressant. La mise en œuvre intrigante… le temps d’un épisode. Après cela, ce n’est qu’un gadget qui ne mène pas loin et qui devient par moment envahissant — en particulier quand Kevin, son ami Neil (Alex Bonifer) et son père (Brian Howe) ont le droit à leur propre storyline. Le souci est que, si cette saison 1 de Kevin Can F**k Himself se présente comme ayant un propos à développer sur le type spécifique de sitcom qui a inspiré sa créatrice, celle-ci n’a finalement pas grand-chose à exprimer sur le sujet. Il faut dire que ce sous-genre de comédie n’est plus vraiment proéminent et attaquer la misogynie de son écriture, le faible niveau des blagues et la pauvreté des personnages n’est pas subversif de nos jours. Cela aurait été plus pertinent il y a encore une décennie. Aujourd’hui, c’est ressassé des évidences qui n’avaient pas besoin d’être de nouveau dénoncées. D’ailleurs, l’échec créatif et populaire de Kevin Can Wait illustre cela.

Kevin Can F k Himself Saison 1 sitcom - Kevin Can F**k Himself Saison 1 : La vie d’une femme de sitcom est une tragi-comédie qui ne manque pas d'intérêt (sur Prime Vidéo)
Pour Kevin, la vie est une sitcom

Heureusement, Kevin Can F**k Himself propose plus que cela. En premier lieu, son exploration des abus psychologiques dont Allison est victime dans son mariage sonne tristement juste. C’est un sujet peu abordé frontalement dans les séries, en particulier avec des personnages appartenant à la classe ouvrière — les limites économiques renforçant les possibilités offertes à Allison et la pression que Kevin entretient sur elle. Là où les observations sur les sitcoms sonnent creuses, celles sur la place d’Allison dans son mariage et, de manière générale, dans sa communauté, sont substantielles.

Néanmoins, la véritable force de cette saison 1 est l’amitié entre Allison et sa voisine, Patty (Mary Hollis Inboden). Au point de départ, Patty se présentait comme étant une antagoniste. Elle faisait partie du gang de Kevin — elle est la sœur de Neil et était traitée comme « un des gars ». Rapidement, on va nous montrer qu’elle n’est pas si différente qu’Allison dans la dynamique globale et, plus elle est en contact avec sa voisine, plus elle gagne une vie bien à elle. La série devient véritablement au sujet de cette relation entre Allison et Patty, sur ce qu’elles font ensemble et l’une pour l’autre afin de conquérir leur indépendance.

On pourrait dire que cette saison 1 de Kevin Can F**k Himself a donc légèrement menti sur ce qu’elle vendait au point de départ. En tant que satire de la sitcom, elle a visé un genre tellement spécifique qu’elle a trop peu à dire. En tant que dramédie légèrement excentrique sur le mariage et l’amitié féminine, elle dépasse par contre largement ce qu’elle promettait au commencement. Cela la rend plus originale que son gadget de mise en scène et c’est également ce qui la rend divertissante et intéressante à suivre.

Cette première saison de Kevin Can F**k Himself est disponible en France sur Amazon Prime Video. Une saison 2 a été officiellement commandée.

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