Killjoys est le genre de série qui réunit sur papier tous les ingrédients pour délivrer l’épique que l’on est en droit d’attendre, mais qui, même avec des enjeux majeurs, semble être retenu par une force invisible qui l’empêche de s’élever.
Maintenant à sa troisième saison, la série de Michelle Lovretta mise sur une guerre – comme bien d’autres shows de ce genre en ce moment. Dans le cas présent, celle-ci menace le J Star System. Il revient à Dutch et ses partenaires de développer des alliances pour avoir une chance de gagner le conflit contre Aneela.
Introduite à la fin de la seconde saison, Aneela est la fille psychopathe de Khlyen et la leader des Hullen qui a pour objectif de régner sur la galaxie. Elle est aussi menée par une envie de vengeance, faire payer à Dutch la mort de son père.
Avec Hannah John-Kamen incarnant Dutch et Aneela, les enjeux possèdent une dimension personnelle indéniable pour les protagonistes, mais est-ce suffisant pour maintenir en haleine à chaque épisode ?
Killjoys a définitivement plus de moyens que Dark Matter, offrant un champ de manœuvre plus important à son équipe créative pour nous balader dans son univers et explorer différents pans de sa mythologie.
Pour autant, cette saison 3 n’arrive pas à donner complètement corps à ses enjeux, avant tout car le récit n’est pas aussi cohésif qu’il le faudrait. Cela ressemble à ce stade à une collecte de pièces qu’il faut rassembler pour remplir le contrat et mener à bien la mission.
Les premiers épisodes se chargent de régler les problèmes de Johnny pour le ramener ensuite auprès de Dutch et D’avin. Des alliances doivent être nouées pour donner le jour à un camp qui pourrait avoir une chance contre Aneela. Le tout alors que l’on en découvre un peu plus sur cette dernière en compagnie de Delle Seyah pour avoir une meilleure appréciation de l’ennemie et de ses forces.
Killjoys devrait pouvoir assurer le divertissement, et y parvient dans certaines limites. Elle semble surtout prisonnière de ses propres ambitions que le scénario ne parvient pas à retranscrire de manière adéquate. Ce n’est pas tant l’usage régulier de clichés qui pose un problème, mais la gestion de ces derniers.
Lorsque la série nous annonce une taupe, par exemple, on sait immédiatement qui c’est et cela n’a aucune importance, car aucun investissement n’a été développé autour du personnage en question. La mission part de travers, mais cela est courant dans la série, enlevant au passage du poids à la trahison.
Killjoys rencontre par ailleurs des difficultés à intégrer comme il se doit les nouvelles figures dans son univers. De la geek Zeph que recrute Dutch pour l’épauler dans les recherches et leur combat au bras droit d’Aneela sur son vaisseau, ces personnages existent avant tout pour servir les autres et peuvent être trop aisément écartés. Ils sont pourtant là pour durer (au moins pour cette saison), mais ils restent dans l’ombre de ceux qu’ils servent.
Dans tous les cas, Killjoys peut toujours se reposer sur ces figures déjà établies (qui mériteraient plus d’espace pour être développés) et les relations existantes dans son trio principal – l’amitié entre Dutch et Johnny, la dynamique des frères Jacobis. Cela donne le jour aux meilleurs moments.
En bout de route, Killjoys arrive à fournir un certain divertissement, sans pour autant réussir à capitaliser sur tous les composants de son récit. Le conflit entre Aneela et Dutch était parfait pour faire passer le show au niveau supérieur. Il est ainsi difficile de ne pas se dire qu’avec une écriture plus affûtée et une meilleure gestion des storylines, Killjoys pourrait délivrer bien plus. mais On doit juste se contenter de ce qu’on nous offre.
