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Séries Kiri : Une adoption qui tourne mal

Kiri : Une adoption qui tourne mal

kiri serie britannique1 - Kiri : Une adoption qui tourne mal

Prenant place à Bristol, Kiri se centre sur le kidnapping (et ce qui en découle) d’une fille noire de 9 ans qui vit avec sa famille adoptive. Sous la plume de Jack Thorne, ce qui aurait pu être une série aussi sombre que déprimante prend la forme d’un drama humain émotionnel non dépourvue d’humour.

Lorsque la gamine disparait suite à une visite non supervisée chez ses grands-parents, cette série en 4 épisodes nous dévoile la multiplicité des problématiques qui en découlent. L’ethnicité, la classe sociale et l’assistance sociale s’entrecroisent tout du long du récit qui explore les retombées à travers différents points de vue pour en dresser un tableau riche et complexe.

Si Kiri se construit en suivant la forme d’un whodunit, la réponse n’est pas foncièrement ce qui compte. Ce qui importe est l’impact sur l’entourage de Kiri et ce que cela dit sur notre société.

Kiri montre très tôt la nécessité d’avoir un minimum de sens de l’humour pour survivre lorsque, comme Miriam (incarnée par la superbe Sarah Lancashire), vous êtes travailleur social. Alcoolique fonctionnelle honnête, Miriam occupe la position parfaite pour servir de bouc émissaire quand tout ira de travers. Et tout va aller de travers dans le cas de Kiri.

Le choix de Miriam de s’assurer que Kiri connaisse ses grands-parents a tout à voir avec sa couleur de peau et une culture qui lui échappera dans sa famille blanche d’adoption. Miriam étant franche, la problématique dans ses mains est abordée avec cette même franchise et réalisme mettant en avant le problème interracial qui va au-delà de Kiri et de sa famille, adoptive ou non. Notre responsabilité collective en tant que société est naturellement soulevée.

La disparition de Kiri et la tragédie qui en découlent affectent donc tout le monde et Kiri s’attarde sur les différentes répercussions. La famille biologique de Kiri est principalement représentée par son grand-père, Tobi Akindele (Lucian Msamati), un homme qui est poussé à se confronter à un passé difficile — de son rapport conflictuel à son fils (le père de Kiri) aux questions raciales qui impactent la perception de la presse et du public.

Kiri aborde aussi dès le début la complexité de l’adoption transraciale, un sujet qui restera toujours présent en toile de fond en ce qui concerne la famille Warner, avec Alice (Lia Williams), Jim (Steven Mackintosh) et leur fils Simon (Finn Bennett). Cette famille de classe moyenne se retrouve à sa manière sous le feu des projecteurs. La tragédie par le prisme des Warner prend une autre forme que celle qui affecte les Akindele, mais possède un fond similaire. Un fond où les questions socioculturelles, la violence et les mensonges sont tout aussi présents.

Le tout s’entremêle dans un contexte social ambivalent où Miriam endosse le rôle de compas moral, à la fois consumé par une forme de responsabilité et pour autant une femme qui a surtout agi en pensant à l’enfant avant tout. Kiri s’affirme plus que tout comme un drame humain qui examine interconnexions sociales et raciales, où la douleur et la rage côtoient de près l’humour pour mieux captiver d’un bout à l’autre.