À l’ère du Peak TV, Critictoo se lance dans un challenge « 52 semaines, 52 séries » en proposant une fois par semaine un retour sur une série terminée.
L’idée d’un procedural drama de CBS basé sur un film au succès mitigé comme Limitless de Neil Burger n’avait certainement pas de quoi intriguer ou enthousiasmer. Le fait que la série était écrite par Craig Sweeny qui avait prouvé son inventivité peu avant en travaillant sur Elementary avait néanmoins de quoi rendre curieux.
Ainsi, quand Limitless fit des débuts sur la chaine américaine en 2015, il était difficile de savoir ce que cela pouvait donner. Cela tourna finalement assez bien. Malheureusement, le public américain ne se montra pas assez enthousiaste et il n’y eut qu’une seule saison de produite. Celle-ci mérite cependant que l’on parle encore d’elle. Mais revenons au point de départ.
L’histoire se centre sur Brian Finch (Jake McDorman) qui se retrouve poussé à rejoindre le FBI où il utilise la drogue nommée NZT pour aider les agents fédéraux, dont Rebecca Harris (Jennifer Carpenter), à mener leurs investigations grâce aux « pouvoirs » que lui donne cette drogue mystérieuse. Une pilule de NZT permet à celui qui la consomme d’accomplir des choses extraordinaires. Ses capacités intellectuelles explosent et il peut comprendre tout ce qui échappe au commun des mortels. Durant une courte période de temps cependant… et il y a des effets secondaires.
Brian a néanmoins accès au médicament qui lui permet de ne pas être affecté par les mauvais côtés du NZT. Il l’obtient grâce à Eddie Morra (Bradley Cooper), le protagoniste du film qui refait surface dans la série en tant que sénateur. Limitless est donc une suite, mais voir le long-métrage n’ajoute rien de particulier, car l’histoire de Brian est assez différente de celle d’Eddie.
Brian n’est pas conventionnel et, même s’il regrette d’avoir déçu ses parents plus d’une fois, être finalement devenu quelqu’un qui contribue à quelque chose de plus grand que lui n’a pas bousculé ses habitudes. Pour lui, chaque occasion pour s’amuser est bonne, ce qui en fait le moins prévisible des combattants du crime sur CBS. Son amour pour les démonstrations qui impliquent un nombre assez impressionnant de maquettes et autres créations artistiques est d’ailleurs une mine d’or pour les scénaristes qui s’en donnent alors à cœur joie et utilisent de manière bien souvent rafraichissante les possibilités visuelles qu’offre la télévision.
Mieux, ils exploitent l’imagination de Brian boosté au NZT et couplé à ses penchants les plus geeks pour bousculer les codes narratifs des épisodes. Cela transforme des intrigues qui auraient pu être classiques en de sympathiques délires qui montrent qu’il y a définitivement plus d’une façon de raconter une même histoire, et celle que Brian choisit est dans la majorité des cas décalée.
Puisque Limitless s’intéresse à des agents du FBI et à leur sidekick aux capacités intellectuelles sur-développées, il y a des crimes de tous les genres. Néanmoins, même quand la série est sérieuse, elle ne ferme jamais la porte à l’humour. L’immaturité de Brian était au point de départ une excuse pour injecter une pointe d’excentricité dans le récit, mais cela devient rapidement un moyen de rendre le show ludique et bien souvent léger.
Sans jamais fuir la gravité de certaines situations, les scénaristes ont trouvé un bon équilibre entre la réalité du monde dans lequel Brian évolue et sa propension à ignorer celle-ci. Le mélange donne le jour à un second degré efficace savamment dosé pour ne rien perdre du potentiel dramatique ou comique d’une scène.
Limitless peut en effet être très sombre et sérieuse, en particulier quand sa mythologie reprend les devants. Comme pour la majorité des séries modernes de ce format, la formule d’un épisode laisse bien souvent de la place pour développer plus que l’affaire de la semaine. D’ailleurs, les scénaristes n’ont jamais peur de dérouter une histoire pour qu’elle devienne entièrement liée à cette mythologie.
Dans ce sens, cette unique saison s’est montrée assez riche, contre toutes attentes, et les retours de Bradley Cooper ont particulièrement aidé. Eddie Morra exploite Brian quand il a besoin de lui, le poussant dans des zones morales grises desquelles il tente de s’extirper en évitant qu’il y ait trop de blessés — ce qui est parfois impossible.
En bout de course, Limitless s’est révélée être une série qui a su privilégier le pur divertissement, mais qui n’avait pas peur d’offrir de la véritable tension dramatique. Elle s’imposa comme une alternative intéressante, faisant certaines choses de façon différente tout en restant simple et, finalement, traditionnelle à bien des niveaux.
L’intégrale de Limitless est actuellement disponible en DVDs, mais aussi en streaming sur Canal+.