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Séries Locke and Key Saison 1 : Entre clés magiques et horreur aseptisée (sur Netflix)

Locke and Key Saison 1 : Entre clés magiques et horreur aseptisée (sur Netflix)

Locke and Key Saison 1 - Locke and Key Saison 1 : Entre clés magiques et horreur aseptisée (sur Netflix)

Qui donc pourrait marcher dans les pas de Stranger Things ? Une question que Netflix se poserégulièrement, à la recherche d’une autre série qui pourrait remplir les mêmes attentes. Le service de streaming avait tourné alors son attention vers Locke & Key. Cette adaptation du comics réputé de Joe Hill et Gabriel Rodriguez s’apprête à faire son retour pour une saison 2, l’occasion de revenir sur sa première saison.

La première saison de Locke & Key, se composant de 10 épisodes, nous invite à suivre les enfants Locke — Tyler (Connor Jessup), Kinsey (Emilia Jones) et Bode (Jackson Robert Scott)— qui emménagent avec leur mère à Keyhouse, leur maison ancestrale, après le meurtre de leur père dans d’étranges circonstances. Sur place, le plus jeune de la tribu, Bode, découvre des clés magiques potentiellement liées à la mort de leur père.

Alors que les enfants Locke s’installent dans leur nouvelle vie, tentent de se faire des amis et explorent les pouvoirs uniques des clés, un mystérieux démon nommé Dodge s’éveille et ne reculera devant rien pour les leur voler.

S’ensuit alors une saison qui alterne avec difficulté entre le drame adolescent souvent cliché et les problèmes plus fantastiques découlant des clés. La saison développe un problème identitaire notable, multipliant les scènes dignes d’un teen show à la qualité douteuse tout en laissant entrevoir un univers riche et plein de possibilités — celui du comic book, en somme.

Les problèmes d’une adaptation

À l’image d’un Handmaid’s Tale qui a porté à l’écran le livre dans son intégralité au cours de sa première saison, l’adaptation de Locke & Key fait de même à sa manière. Les évènements sont déplacés sur la ligne temporelle, d’autres sont repensés pour être adaptés au format série, mais on brûle le matériel d’origine à la vitesse de l’éclair. Le but de Carlton Cuse (Lost, Bates Motel) et Meredith Averill (The Haunting of Hill House), en charge de cette adaptation, est — semble-t-il — d’utiliser autant que possible ce qui a déjà été écrit pour mieux pouvoir s’en distancer et développer d’autres éléments mythologiques pour appeler à une saison 2.

Il en ressort surtout des comportements incohérents ou franchement irritants. On peut encore l’accepter de la part de Bode, à cause de son âge, et de la manière dont il est laissé à lui-même. C’est plus difficile lorsqu’il est question du reste de la famille, dont les imprudences sont rarement bien expliquées ou justifiées. Leur mère Nina (Darby Stanchfield) est une figure parentale que l’on qualifiera d’absente, avec un arc personnel particulièrement mal agencé.

 

Une horreur aseptisée

Dès le départ, la série fait le choix de diminuer les éléments violents. Les scènes les plus perturbantes sont adoucies et peinent à faire leur effet, à commencer par la mort du père Locke. Si la famille en ressort logiquement brisée, les images que l’on nous sert ne prennent pas vraiment aux tripes. Les attaques que connaît la famille dans leur maison sont souvent trop courtes et ne font pas naitre l’angoisse ou l’oppression.

Les occasions où l’on craindrait vraiment pour la vie des enfants Locke sont alors peu nombreuses, et il n’y a rien pour contrebalancer les éléments adolescents, trop envahissants. Kinsey devient vite la jeune fille irritante et inconsciente (au moins, en partie justifié par l’intrigue). Tyler tente quant à lui de gérer sa culpabilité vis-à-vis de la mort de son père et protéger ses proches, avec plus ou moins de succès. Les amis qu’ils se font souffrent de ne pas vraiment réussir à être définis au-delà de leur lien avec un membre Locke ; Scot (Petrice Jones), l’amie de Kinsey, hérite d’une personnalité, mais il est mis en recul lorsque celle-ci se fait sentir au profit de Gabe (Griffin Gluck).

La magie des clés

L’exploitation des clés prend par ailleurs une forme souvent didactique, c’est-à-dire que les enfants les trouvent, puis nous avons une démonstration pratique du pouvoir qu’elles ont. La plus emblématique reste naturellement The Head Key, la série ayant trouvé son petit twist sur le sujet — loin du visuel iconique du comics. Après avoir illustré ce qu’il était possible de faire, on passe à la suivante. Pire, des fois, certaines pourraient être utiles, mais personne n’y pense.

Dodge a donc de la chance, car, au-delà de Bode, peu sont dignement fascinés par la magie des clés. D’ailleurs, réussir à se souvenir de qui a les clés et où elles sont demandent parfois une certaine gymnastique au vu du peu d’attention que chacun y porte la plupart du temps — Dodge compris

*

Cette saison 1 de Locke & Key est une œuvre qui — de par son matériel d’origine — n’est pas exempte d’ambitions narratives et visuelles, mais reste à la surface de tout. Les déboires adolescents sont trop présents et diminuent les éléments plus tragiques et horrifiques du récit.

Au final, la première saison de Locke & Key n’impressionne pas. Comme de nombreuses séries Netflix, elle se laisse regarder pour être un peu trop vite oubliée. Quelque chose de bien regrettable lorsqu’on pense à l’œuvre qui l’inspire et tout le potentiel des clés.

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