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Séries Lucky Louie fête ses 10 ans et reste une comédie à part

Lucky Louie fête ses 10 ans et reste une comédie à part

Lucky Louie - Lucky Louie fête ses 10 ans et reste une comédie à part

Quand on évoque aujourd’hui de la série de Louis C.K., on parle de Louie, sa comédie noire diffusée sur FX (et par intermittence) depuis 2010. La popularité de celle-ci a quelque peu éclipsé sa précédente création qui, de toute façon, ne s’était déjà pas trop fait remarquer lors de sa diffusion.

Lancée durant l’été 2006 sur HBO, Lucky Louie était qualifiée d’expérimentale, malgré sa forme des plus traditionnelles. Louis C.K. ne brisait d’ailleurs pas les codes de la sitcom, bien au contraire ; elle a été faite à l’ancienne, s’inspirant de classiques comme All in the Family pour nous parler d’une famille appartenant à la classe moyenne américaine.

Reprenant l’habituel format multi-caméras et étant tournée devant un public – sans rires enregistrés , Lucky Louie ressemblait sur le papier à n’importe quelle autre fiction du même genre. Elle se démarqua alors principalement en osant aller plus loin. Libéré de contraintes artistiques qui accompagnent les productions des grandes chaines, Louis C.K. s’efforça de nous offrir un portrait sans fioriture d’une famille américaine moyenne, et ce, avec un langage qui n’est justement pas pour tous les âges et avec la possibilité d’aborder des sujets adultes.

Louie est donc un mari et un père. Il est l’époux de Kim (Pamela Adlon), une infirmière à plein temps qui apporte l’argent au foyer, avec laquelle il a eu une fille, Lucy (Kelly Gould), 4 ans. Il travaille à mi-temps au garage de Mike (Mike Hagerty), le conjoint de Tina (Laura Kightlinger) qui se trouve être la meilleure amie de Kim. Il fréquente aussi Rich (Jim Norton), vendeur de drogues récréatives à la moralité douteuse ; Jerry (Rick Shapiro), le frère de Kim ; et enfin, Walter (Jerry Minor) et Ellen (Kim Hawthorne), les nouveaux voisins afro-américains.

Au moment où il créa Lucky Louie, Louis C.K. était lui-même père d’une fillette de 4 ans et il savait ainsi de quoi il parlait. En fait, ce n’était pas la première fois (ni donc la dernière) qu’il utilisa sa vie de famille dans son travail, car en tant que comique, il exploite régulièrement ce genre d’éléments pour remplir ses spectacles. Pour ceux qui suivaient sa carrière à l’époque, certains dialogues ou scènes de la sitcom avaient ainsi un air de déjà vu, Louis recycla du matériel venant de shows qu’il avait enregistrés pour HBO. Il n’est dès lors pas difficile de trouver l’origine de la série. Cela dit, Lucky Louie ne se contenta pas de nous fournir une nouvelle mise en images d’histoires déjà racontées. La série approfondit les idées de base de sketchs pour leur donner une continuité dans laquelle Louie montre comment il gère la situation jusqu’à sa résolution.

Lucky Louie offre ainsi une vision de la famille qui se veut authentique. Elle s’affranchit des rythmiques comiques traditionnelles des sitcoms afin d’imposer une cadence qui ne repose pas sur le nombre de gags à la minute, mais sur les réactions des personnages dans des contextes plausibles, bien que régulièrement légèrement excessives, car il s’agit quand même d’une comédie.

L’autre point fort de la série qui lui permet de ne pas réellement ressembler aux autres se trouve être la manière dont elle aborde ses thématiques. Louis C.K. parlait aussi bien de la sexualité dans un couple marié sans aucune touche de romantisme que de la façon d’asseoir son autorité auprès de son enfant. Il explora également les problèmes d’argent, la religion, le racisme, l’alcoolisme, mais surtout, il s’intéressait aux besoins de chaque individu au cœur de la famille, et notamment ceux du couple – le tout sans vouloir faire la morale ou offrir des solutions toutes faites.

Pour bien tirer parti de ses idées, la série ne rechigne pas sur l’emploi des vulgarités que l’on utilise tous les jours. Elle prendra par ailleurs le soin de montrer qu’il y a quand même quelques limites avec ce type de langage, tout particulièrement quand on est frustré avec son conjoint.

Lucky Louie a donc hérité de la qualification d’expérimentale parce qu’elle a beau avoir adopté le même aspect technique que les autres sitcoms familiales, elle possède un ton unique et un humour qui vient de l’univers de la stand-up comedy qui la dote d’une saveur différente. On peut par contre lui reprocher de manquer de finesse et d’être occasionnellement légèrement de mauvais gout.

Une décennie après son lancement, Lucky Louie est la toute première sitcom multi-camera de HBO et probablement la dernière. Un détail qui lui offre sa minuscule place dans l’histoire de la série télévisée et qui en fait une curiosité qui mérite encore d’être découverte.

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