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Séries Jessica Jones saison 2 AKA prise de pouvoir (sur TF1 Séries Films)

Jessica Jones saison 2 AKA prise de pouvoir (sur TF1 Séries Films)

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jessica jones season 2 - Jessica Jones saison 2 AKA prise de pouvoir (sur TF1 Séries Films)

Pour sa seconde saison, Jessica Jones rempile non pas pour affronter un ennemi retors, mais pour confronter les démons du passé. La détective hantée par les traumatismes qu’elle a vécu, se retrouve face à une impasse dans sa vie professionnelle et personnelle, et n’a alors pas d’autres choix que d’enquêter sur l’événement responsable de la naissance de ses pouvoirs.

Melissa Rosenberg, créatrice de la série, à la tête d’une équipe entièrement féminine de scénaristes et réalisatrices, se penche sur les origines de ses héroïnes. Ainsi, en plus de dévoiler les détails du passé tragique de Jessica (Krysten Ritter), la série en profite pour approfondir le personnage de Trish (Rachael Taylor) en posant les bases pour sa transformation en super-héroïne, à savoir Hellcat. de son côté, Jeri Hogarth (Carrie-Anne Moss) doit faire face à un bouleversement personnel inattendu, loin des considérations surréalistes des deux autres.

Peu importe le cas développé au cours de cette saison 2 de Jessica Jones, la thématique centrale semble se jouer de la conception du pouvoir, son acquisition et son appropriation. Jessica, par exemple, est dotée de capacités extraordinaires qu’elle fuit par peur du monstre qu’elle pourrait devenir. Cela reste de l’ordre du classique, mais cet arc narratif est soutenu par une histoire familiale complexe (aussi bien maternelle qu’adoptive) et les horreurs infligées par Kilgrave (David Tennant), ce qui la rend d’autant plus intéressante. Malheureusement, tout ce qui touche Jessica manque de finesse et contribue à rendre le propos anecdotique. Krysten Ritter continue son excellent travail dans le rôle, mais cela n’est pas suffisant pour compenser un scénario qualitativement irrégulier.

Le même problème s’applique également à tout ce qui concerne Trish. Son sentiment d’impuissance et son complexe d’infériorité causé par son amitié avec Jessica mérite l’attention qu’on leur porte tout au long de la saison, et apporte même un retournement de situation finale logique et émotionnellement chargé. Le problème est qu’en utilisant la dépendance de Trish comme une étape nécessaire à sa prise de conscience, le personnage se montre plus agaçant, voire détestable, qu’il ne l’est vraiment.

Finalement, des trois figures féminines principales, Jeri Hogarth est celle qui ressort grandie de cette seconde saison de Jessica Jones. Cela est peut-être dû au fait que son histoire est beaucoup plus réaliste, et par extension, convaincante que celles de Jessica et Trish. La placer face à une mort certaine, due à une cause incontrôlable, est une bonne façon de donner du relief au personnage.

Chaque évolution de personnage fonctionne de manière indépendante, mais a du mal à constituer un tout cohérent. Cela n’est pas aidé par l’approche créative qui s’éloigne de la construction typique autour d’un ennemi à abattre et éparpille les enjeux pour nuancer le propos. L’ensemble est cohérent, mais le potentiel dramatique se retrouve estompé par la pluralité des points de vue.

En conclusion, cette seconde saison de Jessica Jones propose une expérience différente de la sa première saison, s’éloignant des conventions super-héroïques pour approfondir les figures fortes de son univers. Il en ressort des développements individuels intéressants, mais qui ne sont pas toujours mis au profit de la globalité de manière équitable. Cela dit, la fin de saison permet d’exploser les dynamiques pour offrir une perspective d’avenir rafraîchissante, d’autant plus si l’équipe créative continue à creuser ce point de vue féminin et féministe.


Publié en mars 2018, cet article est aujourd’hui remis en avant à l’occasion du début de la diffusion de cette saison 2 de Jessica Jones ce vendredi 10 janvier 2020 sur TF1 Séries Films à partir de 21h00. La série compte également une saison 3, l’intégralité est encore disponible sur Netflix.