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Moloch : Une série Arte qui ne fait pas long feu

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Moloch Saison 1 Arte - Moloch : Une série Arte qui ne fait pas long feu

Il est aujourd’hui difficile d’évoluer dans le paysage télévisuel français sans se heurter à quelques poncifs. Tout d’abord, la série policière, une condition sine qua non pour qu’une chaîne se lance les yeux fermés dans la production. Ensuite, de grands noms : ils apportent du prestige, peu importe la qualité du scénario. Enfin, un sujet-choc : les Français aiment le crime, c’est un fait.

Créée par Arnaud Malherbe et Marion Festraëts, et diffusée sur Arte, Moloch ne déroge pas à ces règles et c’est bien dommage. Dans une ville de bord de mer sans nom, tout est gris, un univers de solitude où évolue une jeune journaliste incarnée par Marine Vacth (que je n’aime décidément pas), un jeune policier (Arnaud Valois que j’aime décidément beaucoup) et un psychiatre (Olivier Gourmet que j’aime… bien). Ces trois personnages vont se retrouver face à des événements inexplicables : des hommes et des femmes sans lien prennent feu instantanément.

Moloch, c’est le nom de la série en six longs épisodes que nous allons suivre, mais aussi le nom d’une divinité qui demandait à ses disciples de lui offrir des enfants en sacrifice par le feu. Le lien mythologique s’arrête ici. La série ne cherchant jamais à nous faire croire à autre chose que ce que sera la révélation finale. Et c’est aussi là son problème. Le but de ces six épisodes nous paraît évident dès le premier et l’incapacité des scénaristes à donner une structure solide à cet univers handicape cette ambition.

La journaliste a des problèmes au travail et avec ses parents (ridicules scènes familiales). Le policier est amoureux de la journaliste, mais a une éthique professionnelle. Le psychiatre est hanté par son passé et sa possible connexion avec le meurtrier. Voilà. La psychologie des personnages s’arrête ici et veut se parer d’une profondeur dans la recherche de la vérité et d’un sens à leur existence, mais n’y parvient jamais tellement la série ne s’autorise aucun pas de côté.

Le problème majeur de Moloch réside en Marine Vacth et son personnage. Elle monopolise l’écran et donc sa première grosse erreur est là : pas assez d’Arnaud Valois. Rendez-moi Arnaud Valois. Arnaud Valois, épouse-moi. L’omniprésence de la jeune femme ne profite jamais de ses tourments pour nourrir le récit. Elle construit un mystère sur ses comportements qui ne paiera jamais, même lors du dernier épisode où la menace se rapproche de plus en plus. Le psychiatre est mieux loti, mais il doit faire face à une redondance au fil du temps qui rend l’émotion plate et sans implication quand arrive la fin.

Alors oui, le flirt entre conte fantastique et thriller policier est intéressant. L’un ne prend jamais le pas sur l’autre et nous restons jusqu’au dernier tiers du final dans le flou total. Mais pour que le mélange fonctionne, il faut que l’étude des comportements soit réussie sous peine de rendre le conte totalement inoffensif. La solitude, la révolte, la violence, l’injustice, tout ce qui irrigue les motivations des personnages, même Moloch, ne prend pas feu. On assiste, impuissant, indifférent, à cette volonté de frontalité dans le message, voire de naïveté tant l’histoire ne s’accompagne pas de personnages existant par eux-mêmes, pour la fiction ?

Moloch est donc une belle tentative ratée, un polar social qui reste bien trop sage et trop linéaire pour se muer en la satire fantastique qu’elle veut. Elle se noie dans une myriade de séries et de films qui réussissent l’exercice du mélange d’une manière bien plus organique et organisée. Tant pis.


Cette saison de Moloch est actuellement en diffusion sur Arte et est disponible sur Arte.tv.