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Séries Monk : Un détective obsessionnel pas comme les autres

Monk : Un détective obsessionnel pas comme les autres

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Monk Serie TV - Monk : Un détective obsessionnel pas comme les autres

PeakTV - Monk : Un détective obsessionnel pas comme les autres À l’ère du Peak TV, Critictoo se lance dans un challenge « 52 semaines, 52 séries » en proposant une fois par semaine un retour sur une série terminée.

La série policière. Un des genres les plus prisés de la télévision, notamment pour son aspect formaté, et qui n’a eu de cesse de multiplier les formes et les univers afin de toujours chercher quelque chose de nouveau. De l’ancienne professeure devenue écrivaine dans Arabesque au criminologue dont le père est un serial killer, en passant par un moustachu en chemise hawaïenne, où s’inscrit Monk dans tout cela ?

Créée en 2002 par Andy Breckman et diffusée sur la chaine USA Network, Monk possède une structure narrative est immuable. Chaque épisode s’ouvre avec une séquence prégénérique nous présentant le meurtre, avec parfois le visage de l’assassin. Par la suite, l’ancien détective de la police de San Francisco Adrien Monk (Tony Shalhoub) se retrouve volontairement ou involontairement attaché à l’enquête et détecte une anomalie. Le plus souvent, il trouve rapidement le coupable qui possède un alibi en béton, ce qui l’obligeant à ruser afin de le faire tomber au cours d’une séquence qui débute constamment par la même formule : « Voilà ce qui s’est passé. ».

Dès lors, cette création se présente comme une série policière traditionnelle. La force du show ne vient pas tellement de ses enquêtes, mais bel et bien de la tonalité avec laquelle les scénaristes approchent le genre. En effet, si certains épisodes se montrent assez malins dans la mise en scène de l’homicide, l’ensemble de la série se savoure comme un genre littéraire en pleine expansion ces dernières années : le Cozy mystery. C’est autrement dit, des meurtres sans grandes émulsions de sang ou de violence dont l’enquête qui en découle est l’occasion de présenter un moment divertissant et savourant un certain amour de la comédie.

Tout au long de ses 8 saisons, Monk a donc multiplié les récits dont le point de départ offrait assez de matière pour quelques facéties. Entre un meurtre sur un plateau de tournage, au sein d’un hôtel ou d’une ferme paumée au milieu de nulle part ; les scénaristes ont fourmillé de petites idées afin d’encapsuler ces enquêtes dans des micros-univers, allant jusqu’à pousser les titres des épisodes qui, comme les albums illustrés de Martine, s’intitulaient « Mr. Monk and… » ou « Mr. Monk Goes… ».

Évidemment le cœur du show est Adrien Monk. Au fil de ces quelques 125 enquêtes, les scénaristes auront façonné un protagoniste singulier, tout en équilibre et fragilité. La création du personnage fut un long processus dont la série est une sorte de synthèse. Dans un premier temps, avant même que le show ne soit destiné à USA Network — il devait à l’origine être diffusé sur ABC — la personnalité du détective se rapprochait de celle de l’inspecteur Clouseau dans La Panthère rose, un personnage maladroit et gaffeur. Par la suite, la production introduit l’idée des TOCs (Troubles obsessionnels compulsifs dont souffrait le co-créateur David Hoberman). À partir de là, Adrien Monk devient un savant mélange entre Columbo, Hercule Poirot et Sherlock Holmes.

Comme avec l’inspecteur Columbo, les meurtriers sous-estiment bien souvent Monk de par l’étrangeté qu’il dégage. De plus, les deux hommes aiment particulièrement les couleurs marrons. Le détective de San Francisco partage avec le moustachu d’Agatha Christie une obsession pour la propreté. Mais c’est bel et bien avec Sherlock Holmes que se dressent les plus grandes similitudes. Les deux hommes possèdent des facultés de réflexion hors du commun, mais sont tous deux peu adaptés aux normes de la vie sociale. Tous deux ont un frère, tout aussi intelligent qu’eux, Mycroft pour Holmes, Ambrose (John Turturro) pour Monk. Comme le détective de Conan Doyle, Monk est toujours accompagné dans ses enquêtes par Sharona (Bitty Schram), son infirmière jusqu’à la moitié de la saison 3, puis par Natalie (Traylor Howard) jusqu’à la fin de la série.

Tout cela a imposé ce grand limier comme l’un des personnages les plus drôles de la télévision américaine, et l’une des incarnations les plus touchantes du monde sériel. D’un côté, les scénaristes auront avec cet homme aux mille et un TOCs, une matière comique inépuisable. Chaque épisode est une nouvelle occasion pour mettre le personnage dans un environnement qui lui est peu favorable. C’est comme cela que Monk s’est retrouvé à enquêter chez des naturistes, qu’il a dû infiltrer dans une organisation criminelle ou se faire passer pour un majordome (un rôle sur-mesure). Toutes ces situations sont autant de moments propices à mettre en avant les talents comiques de Tony Shalhoub.

De l’autre côté, il y a Trudy. L’amour de sa vie, celle qui lui fut arrachée et qu’il ne peut oublier. Son épouse, elle est une ombre qui plane sur le détective. Son seul échec, puisqu’il n’a pas su trouver le responsable de sa mort. Tout cela apporte au personnage une fragilité, mais surtout l’enveloppe d’une grande mélancolie. Il suffit parfois de quelques secondes pour voir notre sourire s’effacer au profit d’une larme, car, il y a dans cet amour qui résiste même à la mort quelque chose de beau, d’idéal et de bouleversant.

Dans ses enquêtes, Adrien Monk peut compter sur quelques personnages récurrents. Comme dit plus haut, il est toujours accompagné par une assistante. C’est Sharona, infirmière, qui le suit dans ses nombreuses aventures durant les 3 premières saisons, mère célibataire, souvent franche, elle n’hésite pas a pousser Monk quand c’est nécessaire et l’appelle toujours pas son prénom. Au contraire, Natalie, qui accompagnera le détective jusqu’à la fin, n’utilise que le nom de famille de son employeur et le vouvoie. Veuve et mère d’une adolescente, elle met souvent plus de liant dans ses interactions avec Monk afin d’éviter de ne trop le pousser.

Si Adrien Monk n’est plus policier, depuis la dépression qui a suivi la perte de sa femme, il peut tout de même compter sur son ancien coéquipier, le capitaine Stottlemeyer (Ted Levine). Ce dernier forme avec le lieutenant Randy Disher (Jason Gray-Stanford), le second duo comique de la série. En effet, le sérieux et la rigueur du capitaine tranchent avec la naïveté et relative excentricité de Disher. Mais les personnages les plus importants dans le cercle de Monk demeurent certainement ses psychologues, le Dr Kroger puis, après la mort de son interprète Stanley Kamel, le Dr Bell (Héctor Elizondo) sont des piliers nécessaires dans la vie du détective. Si Neven Bell n’est resté que deux saisons, limitant son impact, Charles Kroger aida Monk à de nombreuses reprises, notamment en le débloquant sur certains dossiers, mais aussi en faisant preuve d’une grande tolérance à son égard.

Ainsi, comme la majorité des shows policiers américains, ce n’est pas tant l’originalité des enquêtes ou leurs complexités qui permettent d’en faire de bonnes séries, ce sont les personnages. C’est bien là que réside toute la force d’Adrien Monk, ce détective aussi touchant qu’hilarant. Souvent légère et pourtant mélancolique, Monk est du beau divertissement qui mérite bien quelques petits coups d’œil.


L’intégralité de Monk est actuellement disponible en streaming sur la plateforme Amazon Prime Video et en DVDs.