Le corps d’un homme est retrouvé mutilé dans la Tamise. Le DS Dan Twentyman responsable de l’enquête se voit assister par le DI Moses Jones assigné à ce dossier à cause de ses origines et de ses liens avec la communauté ougandaise. Malgré cela, la loi du silence règne, en particulier autour du mystérieux Matthias Mutukula.
Moses Jones est une mini-série britannique que l’on doit à la BBC. Il est donc question d’un show qui se présente comme étant du genre policier, mais qui va avoir du mal à réellement entrer dans cette case. En fait, la série n’est pas vendue pour ce qu’elle est vraiment. Déjà, Moses Jones est censé être le premier rôle et, certes, il finira par s’affirmer comme cela, mais il s’agit plus d’un ensemble dans lequel notre héros a des difficultés à trouver sa place. C’est même l’un des thèmes qui sont développés autour de lui.
Ensuite, tout part d’une affaire de meurtre sordide, mais Joe Penhall, qui signe le scénario avait clairement d’autres idées en tête et a dérivé vers la critique sociale, la chronique de vie, sans parler de quelques points de vue politiques. Le tout s’articulant de près comme de loin autour de la disparition d’un homme, mais cette dernière ne semble servir que de point d’entrée dans la communauté. L’histoire a donc tendance à se disperser, revenant ponctuellement sur sa route afin que les enjeux restent bien ancrés dans l’intrigue.
Il faut dès lors comprendre que l’on n’a pas ici à faire à une série policière traditionnelle, mais à un récit sur la peur et la violence qui peut à la fois resserrer et éclater une communauté. De ce point de vue, c’est assez réussi, mais l’histoire va malheureusement perdre pas mal de son crédit en usant de clichés et en voulant obligatoirement tout relier ensemble. La troisième et dernière partie se montrera pour le coup assez décevante, alors que la seconde était parvenue à bâtir des personnages forts et à parfaitement instiguer et expliciter les conflits qui les dirigent. La première se contente d’introduire l’univers et ses codes.
Pour vendre cette série, la BBC a bien misé sur son nouveau poulain, Matt Smith, aka le Doctor Who XI. Ce serait perdre son temps que de regarder les 3 heures que durent Moses Jones pour voir l’acteur, car celui-ci est finalement assez peu présent. C’est Shaun Parkes qui mène le show dans le rôle du Detective Inspector Jones. Il ne s’en sort pas mal, surtout que j’avais quelques craintes vu sa dernière prestation dans Harley Street. A côté de lui, on retrouve quelques têtes connues, comme Indira Varma ou Eamonn Walker, mais c’est surtout Wunmi Mosaku qui joue Joy, la nièce de la victime, qui va réussir le mieux à s’imposer.
Moses Jones est donc une mini-série qui manque légèrement de consistance et de régularité. Elle offre une vision originale de Londres, peu commune à la télévision, mais cela n’est pas suffisant pour entretenir l’intérêt vis-à-vis de l’histoire qui ne tiendra, finalement, qu’à la sympathie que l’on pourrait développer envers les personnages. Sans ça, le rythme saccadé de la narration réussirait sans trop de problèmes à créer un ennui suffisant pour que l’on n’arrive pas au bout.