Aller au contenu
Séries Outlander : Les lois du Sud (4.02)

Outlander : Les lois du Sud (4.02)

Outlander Saison 4 Episode 2 - Outlander : Les lois du Sud (4.02)

L’aventure américaine continue pour Claire (Caitriona Balfe) et Jamie (Sam Heughan) dans ce début de saison 4 d’Outlander, et la situation ne cesse d’empirer. Alors que les deuils s’enchaînent autour d’eux et que l’argent vient à manquer, ils sont confrontés à une autre des nombreuses joies d’être de l’autre côté de l’Atlantique au XVIIIe siècle : l’esclavage. Après l’escapade en Jamaïque et le piètre traitement de la question l’an dernier, on ne pouvait qu’attendre avec appréhension ce nouveau passage obligé.

L’épisode s’ouvre en revenant succinctement sur la chute de l’épisode précédent, s’intéressant davantage à Jamie et son ego blessé qu’au traumatisme de Claire suite à son agression. Outlander confirme une nouvelle fois sa difficulté à gérer les retombées de ce type d’évènements, certes très fréquents dans son univers, mais pas moins nécessaires à aborder. Le supplice de cette terrible scène sur fond vert prend fin lors de l’arrivée à River Run, l’impressionnante demeure de la tante de Jamie, Jocasta.

Le personnage dont la légende est forgée depuis les débuts de la série aux détours des histoires de famille est la plus grande réussite de l’épisode. Impeccablement incarnée par une Maria Doyle Kennedy (Orphan Black) marchant sur un fil, on découvre une femme à la fois touchante et glaçante. Très ouverte, presque humaniste pour l’époque, Jocasta est probablement ce qui pouvait arriver de mieux aux 152 esclaves qui travaillent dans ses champs. Intimement convaincue de les traiter avec respect, elle protège leurs familles et dit même les considérer comme des amis. Elle ne sourcille cependant pas lorsque Claire les compare à du bétail, une ambivalence plus symptomatique d’une époque que révoltante.

Claire ne l’entend pas de cette oreille et les choses se corsent lorsque la vieille femme, presque aveugle, fait de Jamie son hériter, lui léguant la propriété et les esclaves qui vont avec. Très vite confronté à la loi de Caroline du Nord rendant presque impossible leur libération, le couple, qui refuse catégoriquement à contribuer à la traite d’êtres humains, est dans l’impasse. Radicale, Claire renonce à tout compromis, faisant trop vite une croix sur le fait d’offrir aux esclaves une liberté officieuse puisqu’elle ne sera jamais officielle.

Cet épisode se montre vite extrêmement frustrant. Le problème vient avant tout d’une incompatibilité entre les fondements d’Outlander et la complexité du sujet abordé. Jamie et Claire sont des héros presque classiques, et ne peuvent flirter avec les limites de la morale. Quand ils le font, c’est uniquement dans un but cathartique ou de réalisation de soi. Or, ici, tout est nuancé. Puisqu’ils ne sont pas des méchants esclavagistes blancs, ils se doivent d’être les sauveurs aux grands principes — mais toujours blancs. Cette position impossible à tenir sans tomber dans les clichés et une certaine hypocrisie rend l’ensemble réellement bancal.

L’épisode s’attèle dès lors plus à retranscrire l’impact de la situation sur Claire qu’à dénoncer l’horreur de cette aberration qu’est l’esclavage en tant que tel. Les personnages semblent finalement plus dérangés par leur incapacité à agir que par les conditions de vie déplorables de ces gens, enlevés, maltraités et exploités.

Cette dualité persiste jusqu’à l’atroce dénouement. Après avoir bravé toutes les règles pour venir en aide à Rufus (Jerome Holder), un esclave condamné à mort, Claire doit prendre une décision allant à l’encontre de ses croyances. Ce choix, qui n’en est pas vraiment un, nous est présenté comme l’issue la plus juste pour tout le monde, une sortie un peu facile qui évite de mettre nos héros face à un dilemme pourtant particulièrement pertinent.

Au-delà des maladresses de traitement, l’épisode sonne creux, un comble au regard du précédent. Le contexte était en effet idéal pour dresser un état des lieux des dérives judiciaires d’aujourd’hui et pour analyser la façon dont de bonnes personnes sont amenées à contribuer à de terribles machinations. En revoyant ses espérances à la baisse, on pouvait également espérer quelques minutes supplémentaires dans le quotidien de Rufus pour lui permettre de dépasser le stade de simple outil scénaristique.

Outlander n’a pas été tendre avec Claire et Jamie qui s’embourbent dans leurs travers, mais on peut noter que les acteurs font tout leur possible pour apporter des nuances, bien plus que requis par le scénario brut. L’épisode est aussi sauvé par une bande-son incroyable, les États-Unis donnant un vrai coup de fouet à l’univers musical déjà envoutant de la série.

S’il y a bien une chose qu’on ne retirera pas à la série, c’est qu’elle a un positionnement très clair sur la question de l’esclavage, mais probablement une approche un peu trop contemporaine. Dans cet épisode, les problématiques raciales sonnent malheureusement plus comme un prétexte mal amené. La semaine prochaine, Claire, Jamie et Ian repartent vers le nord en quête d’un foyer, on retrouvera également Brianna et Roger qui apporteront, on l’espère, un peu de légèreté.

Étiquettes: