Pour se démarquer, Starz a développé une offre de séries qui s’adressent aux spectateurs en partie négligés par ses concurrents. Une stratégie qui fonctionne encore, comme le démontre la première saison de P-Valley disponible en France sur StarzPlay.
Cette création de Katori Hall qui se base sur sa pièce de théâtre intitulée « Pussy Valley » nous invite dans un club de striptease installé dans le delta du Mississippi pour nous immerger dans la vie de celles qui y travaillent.
Tout débute quand Hailey (Elarica Johnson) atterrit à Chucalissa avec seulement quelques dollars en poche. Elle remporte un concours qui lui permet de rejoindre les danseuses du Pynk, intégrant ainsi une sororité dysfonctionnelle qui est sur le point de perdre sa membre la plus populaire. En effet, Mercedes (Brandee Evans) est la star du club et elle a mis de côté assez d’argent pour ouvrir une école de danse. Elle prépare donc son départ.
Pour Mercedes, changer de vie ne va pas se faire sans heurt. Elle n’est d’ailleurs pas la seule à être confrontée à bon nombre de difficultés à Chucalissa, une petite communauté pauvre qui a terriblement besoin de se reconstruire. Pour le maire de la ville (Isaiah Washington), cela doit se faire avec l’installation d’un casino. Le problème est que le Pynk se trouve sur sa route et le détruire ne sera pas une mince affaire.
Cette première saison de P-Valley s’articule donc autour de la possible disparition du Pynk. On apprend ainsi à connaitre son propriétaire, Oncle Clifford (Nicco Annan), et certaines des danseuses comme Mercedes et Keyshawn (Shannon Thornton), mais aussi ceux qui les entourent dont Lil Murda (J. Alphonse Nicholson), un wannabe gangsta rappeur qui tombe amoureux d’Oncle Clifford alors qu’il cherche à écrire le hit qui lancera sa carrière.
La relation entre Clifford et Lil Murda s’impose rapidement comme étant le cœur émotionnel du show, au même titre que le parcours de Mercedes pour gagner une légitimité afin de pouvoir obtenir la garde de sa fille. P-Valley est une histoire à dimension humaine qui s’intéresse à ceux qui peinent à se faire accepter pour ce qu’ils sont dans une communauté qu’elle distrait la nuit, mais préfère les oublier quand le jour se lève.
La vie à Chucalissa n’est pas dorée, mais les lumières du Pynk brillent suffisamment pour occulter cela, ne serait-ce que le temps d’une danse. Cela dit, la série n’est pas tant au sujet du divertissement nocturne qu’elle est à propos des challenges du quotidien. Le club de striptease fournit un décor peu commun à la télévision, mais la série n’est réellement qu’une chronique sociale sur ceux qui se battent avec le peu qu’on leur donne dans un monde qui manque sérieusement d’opportunités pour ceux qui en ont le plus besoin. Le glamour n’est pas spécialement au rendez-vous, il est question de gagner sa vie avec ce que l’on a en attendant de pouvoir s’offrir une existence meilleure.
C’est pour cela qu’il est étrange que l’on soit introduit à cet univers à travers Hailey, un personnage qui parait bien souvent n’évoluer qu’à l’extérieur, s’invitant dans le monde d’Oncle Clifford de façon temporaire. Il faut attendre les derniers épisodes pour qu’elle finisse par trouver une place dans l’intrigue, bien aidée par une amitié naissante avec Mercedes, mais tout de même limitée par des clichés qu’elle transporte dans ses bagages.
Hailey n’est qu’un des éléments qui donne l’impression que cette première saison de P-Valley n’est réellement qu’un premier chapitre dans une plus grande histoire. Katori Hall dit avoir conçu sa première saison en 15 épisodes, mais n’a reçu une commande que de huit. Elle a donc coupé en deux et cela se ressent quand tout se termine, car la fin ressemble à un commencement et il sera intéressant de voir où tout cela nous mène.
En attendant, P-Valley a su développer une atmosphère atypique et explorer des personnages attachants et complexes qui ont beaucoup à offrir, mais qui sont principalement jugés pour leur apparence. L’univers de la série est définitivement pour adulte, que ce soit dans le contexte de l’histoire — naturellement — ou dans son écriture sans fioriture. Cette première saison était certes perfectible, mais elle livre une introduction pleine de promesses sur laquelle la saison 2 pourra facilement se développer.
Vous pouvez découvrir l’intégralité de la première saison de P-Valley en France sur StarzPlay.