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Séries Parlement Saison 1 : L’auberge européenne

Parlement Saison 1 : L’auberge européenne

Parlement Saison 1 France TV - Parlement Saison 1 : L'auberge européenne

Depuis le succès de France.tv/Slash, plateforme numérique à destination des adolescents et jeunes adultes sur laquelle on a pu notamment voir Skam, Mental ou la récente Stalk, le groupe France Télévision élargit son offre en proposant sa nouvelle création sur la plateforme grande sœur de Slash, France.tv.

Créée par Noé Debré, scénariste sur des films comme Dheepan, Le Brio ou encore Le Monde est à toi, Parlement nous plonge dans les arcanes du pouvoir européen. On y suit le parcours d’un jeune attaché parlementaire, Samy (Xavier Lacaille), héritant d’un projet d’amendement sur le finning — une technique de pêche qui consiste à couper les ailerons des requins — et qui va, tant bien que mal, tenter de le faire adopter.

De l’aveu même du personnage de Samy, une série sur l’Europe ? Boring, et pourtant au fil des épisodes, Parlement s’impose notamment de par son approche didactique des méandres de la politique européenne. Si l’amateurisme décrivant Samy lors de ces premiers pas au sein de ce géant Caprice des Dieux est peu réaliste, il est pour Noé Debré une astuce scénariste visant à mieux appréhender cet univers bigarré. C’est à travers lui que l’on découvre le poids des lobbyistes, la complexité d’un amendement ou encore le jeu des diverses forces politiques afin d’empêcher la montée des populistes.

Mais surtout, Parlement s’aventure dans un genre peu abordé dans la fiction française, celui de la satire politique. S’inspirant de ses compatriotes anglo-saxons tels que Veep, The Thick of It ou Parks & Recration, la série trouve dans cet imbroglio parlementaire un terrain propice à la comédie et ne s’en prive pas. Des coucheries avec une nazie aux bagarres entre traducteurs espagnols et catalans ou encore une députée anglaise tentant de résoudre le conflit de la frontière de l’Irlande du Nord, chaque épisode offre son lot de petit et gros fous rires.

Cependant la tonalité globale se veut moins cynique que d’autres de ces consœurs. Si elle ne se prive pas de quelques piques bien senties sur ce cirque européen — notamment lors d’un monologue acerbe envers chaque état membre —, Parlement tient à donner une vision plus nuancée de son sujet. Au fond ce que critique la série n’est pas tant l’idée européenne, mais la manière dont les pays se servent de l’union comme d’un bouc émissaire. Surtout, elle démontre une volonté d’être en prise avec l’actualité, notamment au travers du Brexit qui donne lieu à quelques scènes irrésistibles.

La principalement force de la série réside dans son incarnation de la devise européenne : Unie dans la diversité. Au travers de sa galerie de personnages, de la députée allemande Ingeborg (Christiane Paul) faisant plus peur qu’une sorcière au député de Samy ; Michel (Philippe Duquesne délicieux), expert de la glande ; en passant par Rose (Liz Kingsman), assistante parlementaire d’une députée pro-Brexit ; Eamon (William Nadylam), administrateur d’une éloquence toute dépassionnée ; ou encore l’excentrique Torsten (Lucas Englander) surnommé Toto possédant le don d’être à la fois machiavélique et totalement con. Parlement offre un mélange dont s’échappe une étrange sensation de petite auberge européenne dans laquelle on voit se tisser des liens, des envies d’amours et des histoires d’amitiés, donnant à l’ensemble une réelle valeur ajoutée.

Ainsi, tout à la fois ambitieuse dans le sujet qu’elle aborde que dans le genre qu’elle épouse, Parlement est une vraie bonne surprise. Elle parvient à se créer son petit univers, grâce à son humour grinçant, sa pédagogie vis-à-vis de son public, mais surtout grâce à ses personnages auxquels on ne résiste pas longtemps. Une chose est sure, on espère bien revoir Samy the Shark tout prochainement.

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