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Séries Penny Dreadful: City of Angels : Que vaut cette plongée fantastique dans le Los Angeles des ’30s?

Penny Dreadful: City of Angels : Que vaut cette plongée fantastique dans le Los Angeles des ’30s?

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penny dreadful city of angels saison 1 - Penny Dreadful: City of Angels : Que vaut cette plongée fantastique dans le Los Angeles des '30s?

Il arrive qu’un network mette un terme à une série pour réaliser peu de temps après ce que cette dernière apportait vraiment à sa grille de programme. On peut imaginer que c’est ce qui s’est passé pour Showtime avec Penny Dreadful, annulée brusquement au terme de sa troisième saison en 2016, mais qui a le droit présentement à un spin-off sous la houlette de John Logan.

Présentée comme une sorte de suite spirituelle, où l’on retrouverait l’essence de ce qui a fait la série-mère, Penny Dreadful: City of Angels prend place à Los Angeles en 1938. Tiago Vega (Daniel Zovatto) est le premier policier d’origine mexicaine de la ville et il se retrouve immédiatement dans une position compliquée entre son rôle dans les forces de l’ordre et sa communauté qui se révolte contre la construction d’une autoroute. Par-dessus cela, Tiago enquête sur un meurtre particulièrement violent avec l’aide de son mentor et partenaire, Lewis Michener (Nathan Lane), qui l’entraine à la rencontre de Molly Finnister (Kerry Bishé), une évangéliste charismatique.

Ce n’est pas tout, puisque des nazis tentent de prendre le contrôle de la mairie de Los Angeles en appuyant les actions du politicien Charlton Townsend (Michael Gladis). La famille de Tiago n’est pas en reste, se retrouvant au cœur des tensions entre la police et leur communauté. Enfin, nous suivons Peter Craft (Rory Kinnear), un pédiatre allemand.

Une recette compliquée

John Logan a donc délaissé le Londres victorien en faveur d’une histoire se reposant sur des éléments plus proches d’un film noir, avec une pointe de romance interdite, des conflits religieux, des nazis et… un composant surnaturel. Ce dernier prend la forme de Natalie Dormer qui incarne une créature démoniaque qui s’immisce dans la vie de plusieurs personnages pour planter des graines devant mener à la réalisation d’une terrible prophétie. Elle fait cela pour démontrer quelque chose à sa sœur, la Santa Muerte (Lorenza Izzo).

Penny Dreadful: City of Angels multiplie les points de vue dans le but de vouloir exposer la richesse multiculturelle et la complexité de la cité des anges, animée principalement par les tensions raciales. La famille Tiago existe alors pour relier toutes les intrigues en elles et justifier les éléments fantastiques.

Entre représentation de la culture mexicaine et exploration de la place des Nazis et des Juifs, John Logan veut créer une peinture sociale percutante teintée de fantastique. Le surplus de thématiques et le traitement superflu des éléments surnaturels ont surtout pour effet de donner le jour à un récit qui se disperse plus que de raison. Il y a trop à faire, et trop de temps perdu en discussions inutiles pour que cela mène quelque part.

Un problème fantastique

La partie fantastique de Penny Dreadful: City of Angels ne permet pas de compenser les lacunes narratives, se révélant peut-être l’échec le plus notable de cette saison 1. Si elle aidait à développer la dualité fascinante des personnages de la série originale, ce n’est pas du tout le cas dans Penny Dreadful: City of Angels. Elle n’est ici qu’un ingrédient saupoudré par-dessus le reste, un moyen de pimenter une histoire qui n’avait pas réellement besoin de plus.

Si Natalie Dormer dans la peau du démon Magda fait un bon travail, ses efforts n’ont pas beaucoup d’importance lorsque le scénario se refuse à donner une véritable ampleur à ses actions. Pire, on pourrait l’éliminer du récit et, à l’aide de quelques petites retouches, arriver à un résultat presque similaire. Rien, ou presque, de ce que fait le personnage ne pouvait être réalisé sans elle.

Cela amplifie le sentiment que la partie fantastique a simplement été ajoutée par-dessus à la dernière minute. La Santa Muerte est quant à elle peu présente et ses interventions laissent à penser qu’elle ne veut rien avoir avec tout cela, comme si on la forçait inexorablement à être là.

De Penny Dreadful que le nom

Se composant de 10 épisodes, cette première saison de Penny Dreadful: City of Angels souffre alors de devoir marcher, contre son gré, dans les pas de Penny Dreadful. Loin de l’horreur gothique du Londres Victorien, c’est dans un Los Angeles des années 30 sur fond de film noir que l’on met les pieds dans cette série dérivée qui ne peut pas sortir de l’ombre de son ainé.

En vérité, en cherchant à capitaliser sur le nom, Showtime a pénalisé la dernière création de John Logan qui avait déjà suffisamment de problèmes et n’avait pas besoin de celui-là en plus. Série historique aux éléments fantastique forcée, pas de doute que, sur papier, la construction de la ville à travers son autoroute a de quoi fasciner. Sa mise en scène sur fond de questions raciales et de montée de violence et de nazisme est simplement ennuyeuse. Pour tout moment avec Lewis Michener incarné par un Nathan Lane qui offre une prestation parfaitement dosée et captivante, on doit assister aux errements et questionnements de Tiago et de Sister Molly. Les personnages prennent de nombreux détours et se perdent dans ce Los Angeles ensoleillé à la reconstruction intéressante, mais peuplée de personnages loin d’être aussi fascinants et charismatiques que le pense John Logan.

Penny Dreadful: City of Angels est ce qu’on appelle un raté, et un qui laisse en plus un goût plus amer que nécessaire à cause d’une association inutile avec Penny Dreadful, dont elle n’a en commun bien que le titre.