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Séries Person of Interest Saison 1 était l’ambitieuse série d’anticipation que personne n’avait su prévoir en 2011-2012 sur CBS

Person of Interest Saison 1 était l’ambitieuse série d’anticipation que personne n’avait su prévoir en 2011-2012 sur CBS

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Person of Interest Saison 1 CBS - Person of Interest Saison 1 était l'ambitieuse série d’anticipation que personne n'avait su prévoir en 2011-2012 sur CBS

S’il y a maintenant des séries tout au long de l’année, nous avons décidé chez Critictoo de profiter de la période estivale pour dépoussiérer et actualiser des archives. Pour l’occasion, nous avons décidé d’offrir une rétrospective (par saison) de la série Person of Interest.


Présentée comme une série policière presque ordinaire lors de son lancement sur la chaine américaine CBS, Person of Interest a rapidement dévoilé être bien plus que cela, à commencer par le fait qu’il s’agit en réalité d’une série d’anticipation. Une série d’anticipation qui a rencontré l’univers de Batman.

Coscénariste sur la trilogie The Dark Knight, Jonathan Nolan se tourna après le second opus de cette saga vers la télévision pour explorer plus en détail les thématiques au cœur du film. C’est ainsi que personne ne porte un costume de super-héros dans Person of Interest, mais aucune autre série n’a su à ce jour reprendre l’univers du Chevalier Noir (sans ce dernier) sur le petit écran comme cette dernière.

C’est bien simple, dans Person of Interest, Batman a été séparé en deux individus – comme s’il était séparé de Bruce Wayne. D’un côté, nous avons le riche entrepreneur en la personne de Harold Finch et de l’autre, nous avons l’implacable homme d’action avec John Reese. Ce qui s’amorce est alors les histoires de Batman lorsqu’il agit à petite échelle dans Gotham, résolvant des crimes affectant le citoyen à une échelle plus personnelle.

Plus précisément, dans Person of Interest, le gouvernement possède une machine, un dispositif secret qui nous espionne jour et nuit. Conçue pour prévenir des actes de terrorisme, la Machine voit tout, tous les crimes impliquant les citoyens ordinaires, des crimes qui n’intéressent pas le gouvernement. Dans un but de respect de la vie privée, la Machine ne délivre que des numéros de sécurité sociale et encore, il peut autant s’agir de la victime que du criminel. Son inventeur Harold Finch (Michael Emerson) a décidé d’agir, mais ne pouvant pas intervenir sur le terrain, il recrute John Reese (Jim Caviezel), un ancien tueur de la CIA en perdition. Traqué par les autorités, les deux hommes travaillent dans l’ombre.

Évoluant en parallèle de la loi, à la frontière entre le bien et le mal, ils décident par eux-mêmes quoi faire des informations qu’ils obtiennent, et font face ainsi à des cas qui poussent à s’interroger sur la moralité de leurs actions. Person of Interest ne les déresponsabilise pas, au contraire, et aborde ainsi les problèmes qui découlent d’une surveillance de masse et d’actions prises pour agir sans aucun véritable contrôle.

Au fil des épisodes émerge alors des storylines qui enrichissent l’univers et nous révèle tout son potentiel, annonciateur de la complexité narrative de ce qui est à venir. C’est avec une habilité indéniable que les scénaristes introduisent des personnages destinés à devenir des figures récurrentes et majeures de la série et qu’ils fournissent des informations aidant à reconstruire le puzzle que peuvent être Reese et Finch en tant qu’individus, pour mieux construire leur mythologie.

Cette saison 1 revient ainsi sur les origines de John, à travers l’histoire de Jessica (sa fiancée décédée) qui nous aide à comprendre ses motivations, mais aussi son passé à la CIA pour apprendre comment il est devenu le tueur qu’il est aujourd’hui. Pour Harold et la Machine, ce sont des flashbacks nous dévoilant sa relation avec son ami Nathan Ingram qui offre la première clé pour comprendre qui est notre mystérieux milliardaire.

L’une des plus fortes problématiques de cette première saison, au-delà des interrogations touchant l’existence de Finch et de la Machine, est sans conteste la corruption policière – un sujet qui perdurera dans la série. L’équipe créative dépeint un univers où la justice n’est jamais blanche ou noire et les solutions ne sont jamais simples. Entre la conception même de la Machine qui suscite bien des interrogations éthiques et la corruption latente dans le système, les personnages naviguent presque constamment dans une zone de gris. Les forces policières ne sont pas épargnées dans Person of Interest, et occupent une place de choix dans l’univers de la série vu que nous sommes introduits à HR dès le premier épisode. Cette organisation composée de flics corrompus qui vendent leurs services aux mafieux et à ceux qui peuvent se les payer est un rappel constant que les institutions indispensables au bon fonctionnement de la démocratie sont aisément les plus corruptibles, dû à son élément humain. Si la corruption et la criminalité sont omniprésentes, l’équipe créative choisit de faire de la détective Joss Carter (Taraji P. Henson) le véritable compas moral de la série, tandis que le détective corrompu Fusco (Kevin Chapman) nous montre que le chemin vers la rédemption est long, sinueux mais possible.

Person of Interest n’est jamais binaire, et si les forces de l’ordre peuvent être corrompues, les criminels peuvent se trouver du bon côté. Un point qui est parfaitement illustré avec Elias (Enrico Colantoni), introduit comme une sorte de légende urbaine et antagoniste qui se révèle être un fin stratège, un criminel hors pair et le genre d’allié qu’on ne veut pas forcément, mais dont on ne peut pas se passer. S’imposant comme une des figures les plus fascinantes de la série, Elias est une force sans pareille qui s’imposera progressivement comme étant indispensable.

Commençant comme un simple procédural, Person of Interest est bien plus que cela arrivé au terme de sa première saison. Ne cessant d’interroger sur la corruptibilité du système et ce que l’on est prêt à accepter au nom de la sécurité, elle expose au fil des épisodes une maitrise narrative admirable, entre histoires indépendantes et mythologiques qui enrichissent son propos et son univers. Mystérieuse, sombre et rythmée, cette première saison de Person of Interest nous expose une œuvre intelligente et sensible annonciatrice d’une grande série.

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