Tout ce que veut Malcolm Bright est aider la police de New York à résoudre des crimes et stopper des tueurs en série dans Prodigal Son, diffusée sur TF1. C’est sa manière à lui de gérer le fait qu’il est lui-même le fils d’un fameux tueur en série, Le Chirurgien (aka Martin Whitly). Et lorsque votre père a tué 23 personnes, autant dire que votre vie de famille est loin d’être la plus ordinaire, malgré tous les efforts faits par sa mère Jessica pour que cela soit le cas pour ses deux enfants.
Le meurtre reste une affaire de famille, sous un angle ou un autre, et la fin de la première saison le mettait parfaitement en avant avec la mort d’Endicott, causé par Ainsley (Halston Sage). En grand frère protecteur toujours prêt à dépasser les limites pour sa famille, Malcolm a donc agi pour dissimuler le crime et, pire que tout, a pris la responsabilité de l’acte face à sa sœur qui n’a plus aucun souvenir de ce qui s’est passé.
La saison 2 de Prodigal Son commence dès lors avec Malcolm (Tom Payne) qui tente ainsi de gérer ses dernières actions, prendre soin de sa sœur, protéger sa mère et résoudre toujours des affaires criminelles – tout en maintenant une relation avec son père.
Surtout, les premiers épisodes de cette seconde saison de Prodigal Son sont affectés par ce qui se passe dans le monde, si on peut dire. D’abord, la série se frotte au climat racial actuel en introduisant une intrigue où JT (Frank Harts) est ainsi victime du racisme d’autres policiers. Les scénaristes ne sont cependant pas vraiment aptes (ou motivés) à vraiment traiter un tel sujet, et cette affaire ne prend pas. Les scènes ne sont jamais naturelles et le sujet n’occupe jamais suffisamment d’espace pour vraiment servir un but. Une fois cette histoire bouclée, l’équipe créative n’y reviendra plus, comme si rien ne s’était passé.
Ensuite, Prodigal Son est aussi affecté par la pandémie. Cette dernière n’est pas intégrée dans la série, mais on ne peut renier les effets qu’elle a, à commencer par une absence de personnages à l’écran dans la première partie de saison. Ainsi, les officiers en uniformes sont au départ quasi absent lors d’interventions et les couloirs sont bien vides lorsque Malcolm se retrouve à arpenter ceux de son ancienne école, par exemple. L’air de rien, cela se ressent, certaines scènes perdant en dynamisme ou réalisme. C’est aussi à cause du COVID-19 que la saison ne fait que 13 épisodes.
Sur un plan purement scénaristique, l’affaire Endicott paraissait être une occasion en or pour offrir à Ainsley une nouvelle place dans la série, et faire évoluer la dynamique entre Martin et ses enfants. Cependant, les scénaristes vont progressivement s’éloigner du véritable potentiel de cette affaire, ne laissant quasiment jamais la sœur de Malcolm prendre les devants. Le sens de l’humour un peu tordu de la cadette de la famille ressort de plus en plus (elle a clairement hérité cela de son père), ainsi que son esprit vengeur (et cruel) lorsque le moment est venu de placer Malcolm face à ses mensonges. L’histoire Endicott trouvera une conclusion au final, lorsque le moment sera venu, assez expéditive avec l’intervention de Simon Hoxley, un détective d’Europol incarné par un flamboyant Alan Cumming.
De manière générale, les pointes de romance par-ci par-là, un épisode consacrée à Edrisa (Keiko Agena), et la relation Jessica-Gil (Bellamy Young et Lou Diamond Phillips) élargissent l’univers mais rappelle également que l’équipe créative ne brille pas toujours dans l’exploitation de sa galerie de personnages, plus ou moins sous-exploitée. En vérité, les scénaristes de Prodigal Son articulent leur saison avec l’idée de revenir autant que possible à cette notion de fils prodigue et d’explorer la relation entre Malcolm et son père, presque au détriment du reste. Martin est quant à lui toujours enthousiaste à l’idée de voir son fils dépasser les limites et les épisodes nous dévoilent autant les traumatismes de Malcolm que son attachement à son père (ou l’influence que peut avoir ce dernier) et le contrôle qu’il doit exercer sur lui-même.
Martin prend une certaine ascendance sur l’histoire, épaulée par l’introduction de Vivian Capshaw (Catherine Zeta-Jones) en médecin de la prison qui va se lier avec le tueur en série de manière assez tordue. Il y a quelque chose d’enthousiasmant à voir Martin évoluer en dehors de sa cellule, à manipuler son environnement, et plus encore. Au fil des 13 épisodes, les scénaristes ont ainsi réussi à ne pas simplement utiliser les mêmes ficelles, mais à placer Malcolm et son père dans des situations poussant à mieux explorer leur relation père-fils pour mieux en dessiner les contours. Le dernier arc de la saison permet ainsi de pleinement capitaliser sur ce qui a été bâti pour pousser Malcolm à dépasser une limite, qui sert alors de cliffhanger à la saison, et finalement, à la série qui a été annulée.
Au final, cette saison 2 de Prodigal Son confirme avant tout les choix créatifs de la première, en continuant à embrasser les excentricités qui font partie de son charme mais en évitant de trop en faire pour éviter que cela devienne lassant. Si l’équipe créative peine à offrir du matériel intéressant à tous ces personnages, elle continue de développer à bon escient la relation entre Malcolm et son père, déroulant un rapport père-fils complexe et intéressant qui aura trouvé dans ces nouveaux épisodes de nouvelles façons de s’exprimer. Il est dommage que la série se termine sans pouvoir offrir une fin complètement bouclée, mais elle offre aussi à sa manière une chute qui correspond bien à la série et ses personnages.
La deuxième et dernière saison de Prodigal Son est diffusée sur TF1 à partir de ce mercredi 14 juillet à partir de 23h40.