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Séries Red Oaks ou devenir adulte dans les années 80, une série à découvrir

Red Oaks ou devenir adulte dans les années 80, une série à découvrir

Red Oaks Saison 3 - Red Oaks ou devenir adulte dans les années 80, une série à découvrir

C’est assez récemment que je me suis plongé dans l’univers de Red Oaks, mais la mise en ligne de la troisième et dernière saison m’a donné envie de laisser une chance à cette création de Gregory Jacobs (Magic Mike XXL) et Joe Gangemi.

Tout débute au milieu des années 80. Le jeune David Meyers (Craig Roberts) doit choisir ce qu’il veut faire de sa vie, et ce, avant que son père ou sa petite-amie ne s’en chargent pour lui. Son travail comme professeur de tennis assistant au country club du coin — qui donne son nom au show — doit lui permettre de faire le point.

Tout du long de ses trois saisons, Red Oaks est alors traversée par des notions telles que la poursuite de ses rêves, les attentes des parents, les occasions ratées, mais également les derniers instants d’insouciance. Car dans ce tournant aussi décisif qu’angoissant pour David, la série de Gangemi et Jacobs capture les bouleversements, les expériences, les désillusions d’une jeunesse.

David est un jeune étudiant totalement paumé, tiraillé entre ses envies de cinéma et la pression venant de son père pour devenir comptable comme lui. Pour ne rien arranger, il tombe sous le charme déconcertant de Skye (Alexandra Socha), une jeune artiste éprise de liberté et dans laquelle il se reconnaît. Tout cela rapproche la série imaginée des thématiques chères au cinéma de Gregg Araki (Kaboom, 13 reasons why) qui signe d’ailleurs deux épisodes de la seconde saison du show.

Dans le même temps, Red Oaks va peu à peu donner un peu plus d’importance aux parents de David. Car comme une douce ironie, eux aussi se retrouvent à un tournant de leurs existences. Essayant de sauver un mariage qui ne peut l’être, Sam (Richard Kind) et Judy (Jennifer Grey) vont contre toute attente devoir reprendre leurs vies à zéro. Le couple, bien souvent touchant, permet à la série d’évoquer la question de l’homosexualité dans les années 80.

On apprend dès la première scène de la série que Judy est lesbienne, on va suivre la lente évolution de ce personnage et la voir s’accepter et accéder à une certaine liberté. C’est peu ou prou la même situation pour Sam, son divorce programmé le pousse à s’interroger sur son existence, les nombreuses erreurs qu’il a pu faire, mais surtout il va s’autoriser à rêver un peu plus.

Les scénaristes exécutent un brillant petit exercice d’équilibriste, en réussissant à être à la fois touchants, sensibles et justes, tout en gardant un goût prononcé pour l’absurde et une vraie patte comique. Cet équilibre est permis grâce au country club qui donne naissance à un microcosme peuplé de personnages excentriques – du jeune maître nageur gentiment crétin au prof de tennis senior incarnation du loser attachant, en passant par le photographe un brin prétentieux ou le richissime client totalement colérique.

Paré d’une BO naturellement ancrée dans les ‘80s (Tears For Fears, Bronski Beat, New Order…), Red Oaks imprime un sens du rythme particulièrement soutenu. Le tout étant dopé par des intrigues un brin décalées comme la réalisation d’un film porno par David et son meilleur ami Wheeler (Oliver Cooper) – ou d’autres, totalement farfelues comme lorsque David et son père se retrouvent coincés dans le corps de l’autre suite a un drôle d’accident.

En bref, dans le catalogue assez éclectique d’Amazon, Red Oaks apparaît comme étant une création originale et rafraichissante, mais grandement passée inaperçue. Ainsi, si ce n’est pas déjà fait, il est toujours temps de plonger dans cet univers à la fois déluré et teinté de mélancolie.