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Séries Roadies : L’amour de la musique est parfois insuffisant

Roadies : L’amour de la musique est parfois insuffisant

Roadies Saison 1 - Roadies : L'amour de la musique est parfois insuffisant

Comme de plus en plus de cinéastes le font, Cameron Crowe crée sa propre série avec Roadies sur Showtime. L’histoire est celle de ceux qui sont dans les coulisses, les techniciens et organisateurs qui font fonctionner la tournée d’un groupe de rock qui se produit d’un bout à l’autre des États-Unis.

Le cinéma de Crowe étant de moins en moins intéressant, il y avait indéniablement quelque chose d’intrigant à l’idée de le voir replonger dans un univers proche de son fameux Almost Famous, et ce, dans une nouvelle forme. De plus, il ne fait pas que poser son nom sur le show, puisqu’il scénarise la moitié des épisodes et en réalise presque autant.

Malheureusement, Roadies s’impose dès le départ comme n’étant finalement destinée qu’à  recycler tous les poncifs qui en sont venus avec les années à caractériser l’œuvre de Crowe. Un ton complaisant, une pointe d’autosuffisance, des personnages unidimensionnels et, heureusement, une excellente bande-son.

Le problème est peut-être justement la musique ou, plus précisément, l’amour que tout le monde déclare avoir pour celle-ci. Pour Crowe, la série parait par moment n’être qu’une excuse pour utiliser quelques chansons. Pour ses personnages, l’amour de l’art est semble-t-il un acquis et, si on ne l’a pas, on n’est pas le bienvenu. Demandez donc à Reg (Rafe Spall), le conseiller financier qui rejoint la tournée pour remettre les comptes en ordre, il reste un intrus pendant longtemps, même après avoir prouvé sa valeur.

En tant que spectateurs, nous sommes mieux considérés. Roadies nous traite comme si nous étions du même bord. Jamais il n’est question de nous exposer la réelle source de cet amour de la musique. Il faut d’ailleurs attendre l’épisode 8 et sa relecture de la carrière de Lynyrd Skynyrd à travers les yeux d’un roadie vétéran pour enfin évoquer le sujet. C’est un peu tard et même si l’épisode est solide, cela montre étrangement combien le show cherche à romantiser son propos plus qu’autre chose.

Naturellement, cela n’arrive pas comme une surprise si on a regardé la saison jusqu’à ce niveau, mais s’il fallait une dernière confirmation que Roadies ne s’élèverait pas au-dessus de ce que son pilote avait à offrir, nous l’avions là.

Cameron Crowe a lui-même passé du temps dans les coulisses tout au long de sa carrière et, comme ses personnages, il développa des relations importantes avec des groupes comme Pearl Jam par exemple. Malgré cela, sa série apparait par moment n’être que le fruit de l’imagination d’un fan qui rêve de suivre son groupe préféré en tournée. Son obsession pour les traditions et autres superstitions n’ajoutent alors pas la pointe d’authenticité que l’on pouvait attendre, mais une touche d’excentricité qui ne fait qu’amplifier la superficialité de l’univers du show.

Malgré tout cela, il est assez aisé de tomber sous le charme factice de Roadies avec ses personnages attachants, sa réalisation dynamique, sa bande-son irréprochable et ses enjeux ridicules qui paraissent pourtant si importants. Nous avons là le type de série où tout le monde évoque ses sentiments personnels avec les autres qui ne sont finalement que les membres d’une famille dysfonctionnelle comme il y en a tant sur notre petit écran. Cela est juste fait comme si c’était du Sorkin fatigué.

En 10 épisodes, Roadies est en tout cas passée complètement à côté du potentiel de son point de départ et n’a pas su s’éloigner des problèmes de son pilote, ce qui la rend tristement anecdotique en bout de course. Cette saison 1 se laisse alors regarder sans déplaisir à partir du moment où l’on parvient à ne pas s’énerver à chaque fois qu’une bonne idée est maltraitée au profit d’une situation redondante servant à assurer que la vision que le show nous vend reste intacte. Concrètement, mieux vaut être indulgent et apprécier le casting qui fait tout de même beaucoup avec le peu qu’on lui donne. Ça et la musique, bien entendu, même si cet argument commence à sérieusement se faire vieux ces derniers temps.


Publié en aout 2016, cet article est aujourd’hui remis en avant à l’occasion du début de la diffusion de cette saison 1 de Roadies en France sur TF1 Séries Films dans la nuit de dimanche à lundi, plus précisément le lundi 8 octobre à 00h05.