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Scream vire rapidement à l’autoparodie, pour le meilleur et pour le pire

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Scream The Series - Scream vire rapidement à l'autoparodie, pour le meilleur et pour le pire

À Lakewood, un tueur en série imite un meurtrier qui terrorisa la ville il y a quelques années et sème derrière lui des cadavres tout en harcelant une adolescente. Ce n’est pas exactement la même histoire que celle de Sidney Prescott, mais nous n’en sommes pas loin… sur papier du moins.

Dans le quatrième épisode de cette version série de Scream, Noah (John Karma) nous fait remarquer une des nombreuses absurdités de Pretty Little Liars. Si on peut être surpris qu’un personnage avec son profil soit si familier avec le show d’ABC Family, il est d’autant plus étonnant que les scénaristes pensent que cette manière de pointer du doigt une chose qu’ils ne font pas – ou plutôt qu’ils font en nous disant que c’est justement fait exprès – est censée masquer les propres absurdités qu’ils ne cessent de nous balancer.

Concrètement, Scream est à la base comme Pretty Little Liars avec des prétentions différentes. Nous avons ainsi des adolescents accrochés à leurs téléphones qui cherchent à percer la véritable identité de la personne qui les tourmente. Il y a plus, bien entendu. Pseudo-adaptation oblige, le sang coule, même s’il est en quantité assez réduite. Quand Noah nous signalait – il n’arrête jamais – dans le pilote que faire un slasher en série était narrativement compliqué, il oubliait surtout que les limitations de la représentation graphique de la violence sur une chaine comme MTV était un obstacle majeur.

Pas trop de violence, beaucoup d’adolescents qui geignent, une réalisation générique et une mythologie qui est creusée avec un marteau piqueur, Scream peine à justifier sa filiation avec les longs métrages de Wes Craven. Aucun véritable développement de thématiques permettant de commenter sur l’utilisation de la violence à la télévision et son impact réel sur la jeunesse ; aucune exploration des dérives de la presse ; aucun hommage satisfaisant à un film d’horreur, juste des références dans tous les sens qui deviennent rapidement fatigantes ; aucune fausse piste poussant notre héroïne à suspecter ses proches ; et aucune note de musique nous venant de Nick Cave, puisque MTV privilégie tous les groupes de pop qui cherchent à être les nouveaux The Naked and Famous.

Concrètement, la série passe complètement à côté de ce qu’essayaient d’explorer les films et de la manière avec laquelle Craven et Kevin Williamson rendaient cela divertissant.

Malgré tout, il faut admettre que Scream The Series a ses qualités. La première étant justement de n’avoir finalement que très peu en commun avec les longs-métrages. Les clins d’œil sont là, mais nous ne sommes pas encombrés par les bagages qu’une véritable adaptation aurait imposés. Ensuite, si les personnages ne ressemblent pas à des personnes réelles, cela ajoute une certaine touche accidentelle d’auto-parodie qui ne cesse de se développer d’un épisode à l’autre. Le scénario à trous suivant cette même route, le divertissement ne vient pas d’où on pouvait l’attendre, mais il est donc présent.

Concrètement, la qualité première de Scream est probablement le fait que l’on sait qu’il y a une chance que les personnages que l’on ne supporte pas se fassent tuer. C’est une garantie que beaucoup de shows ne peuvent pas se permettre d’offrir et il y a quelque chose de presque thérapeutique là-dedans. Aussi mauvais que cela puisse être par moment, il y a quelque chose d’honnête dans le contrat implicite que les scénaristes passent avec les spectateurs. Ça ne sera jamais vraiment bon, mais en attendant il n’y a pas tromperie sur la marchandise : il va y avoir des morts.

Pour cet été, ça devrait faire l’affaire si on cherche quelque chose de peu demandant qui ne risque pas de décevoir.

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