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Sex and the City : 20 ans plus tard, que gardons-nous de la série ?

 Sex and the City Saison 1 - Sex and the City : 20 ans plus tard, que gardons-nous de la série ?

6 juin 1998. Carrie déambule pour la première fois dans les rues de New York avec son — futur — iconique tutu. 6 saisons et 2 films plus tard, Sex and the City créée par Darren Star fête ses 20 ans et nous donne un prétexte pour revenir sur une série libératrice a plus d’un titre.

On aurait tort de penser que le show mettant en scène Carrie Bradshaw et ses copines fut le premier à parler de sexe. 10 ans avant, les Golden Girls de NBC se réunissaient déjà autour d’une table pour discuter sexualité féminine, mais la série l’évoquait à grands renforts de métaphores et sans rien montrer (network oblige). Sex and the City fait dès lors souffler un vent de fraîcheur en abordant frontalement et crûment sa thématique centrale : le sexe.

Dans Sex and the City, on montre et débat sans honte — ni jugement — de sexe oral et anal autant qu’on parle de relation de couple. La principale force du show, encore aujourd’hui, réside dans ses dialogues truffés d’humour et s’appuyant sur les personnalités hautes en couleurs de ses héroïnes. En cela, la série d’HBO renoue avec la tradition des screwball comedy, comédie des années 30/40 s’articulant autour de dialogues vifs (avec bons nombres d’allusions sexuelles) et d’intrigues centrées sur des questions de mœurs (le couple, rupture, divorce…).

Pour donner corps à ces réflexions, Sex and the City nous présente quatre femmes éclectiques. Si Charlotte apparaît comme étant la plus conservatrice, ayant pour désir profond d’avoir un mari avec une bonne situation et des enfants, Samantha affiche un amour du sexe pleinement et entièrement assumé, elle ne s’encombre pas du sentiment amoureux. La troisième de la bande, Miranda, se définit sans attache masculine. Cynique, elle critique souvent l’obsession de ses amies pour le mâle alpha. Carrie, enfin, apparaît comme étant un melting pot de ses copines. Romantique dans l’âme, elle ne rejette pas en bloc les aventures d’un soir tout en espérant trouver une relation stable.

De ces personnages un brin stéréotypés, la série en fait une force en parvenant à maintes reprises à détourner ces femmes du chemin qu’elles se sont tracé. Par exemple, au cours d’un épisode, Charlotte fait part du désir de son nouveau compagnon pour le cunnilingus, chose qu’elle trouve dégoûtante. Elle finit pourtant par prendre un tel plaisir qu’elle peine à mettre fin à une relation uniquement basée sur la capacité sexuelle de son prétendant. C’est grâce également à la narration pointée d’ironie de Carrie que la série offre un décalage avec des situations parfois inspirées des romans à l’eau de rose.

Mais surtout, et peut-être avant tout, Sex and the City montre quatre héroïnes maîtresses de leurs corps et de leurs envies. Elles explorent sans crainte leurs fantasmes (Samantha qui sort avec une femme, le vagin de Charlotte qui devient une peinture…). La série a aussi démocratisé les sex-toys et permis à des femmes — et hommes — de ne plus se sentir honteuses d’éprouver du plaisir durant certaines pratiques sexuelles qui étaient auparavant taboues.

Étant basé sur l’amour sous toutes ses formes, Sex and the City interroge sur le rapport des héroïnes avec leurs célibats. Samantha n’a que faire de l’image qu’elle renvoie, elle se connaît et s’assume comme elle est. D’ailleurs, chaque fois qu’elle sera en couple, elle finira pas se lasser de ne pas être totalement elle-même. Au contraire, Charlotte vit son célibat comme un échec personnel, la série se jouera ironiquement de cette situation en faisant de son premier mariage un fiasco, lui permettant de prendre conscience que le mariage n’est pas forcément signe de bonheur.

Entre ces deux extrêmes, Carrie et Miranda apparaissent comme plus nuancées. Miranda est fière d’être une femme indépendante, que cela soit financièrement ou émotionnellement. Pourtant, la société semble lui imposer le couple comme étant un chemin forcé, pendant longtemps elle s’y refusera, comme elle pensera pendant longtemps n’avoir aucun désir d’enfant. Pour ce qui est de Carrie, elle a du mal avec le regard des autres sur son célibat, le fait de la juger parce qu’elle préfère dépenser son fric dans des chaussures que dans du mobilier. Pourtant, elle prend plaisir à être seule et ne supporte pas qu’on lui impose une chose qu’elle ne veut pas, c’est ce qui précipitera la fin de sa relation avec Aiden. S’il est le prototype de l’homme parfait, son envie d’engagement, d’aménagement et de mariage effraie Carrie.

Mais le fil rouge de Sex and the City, la seule constante qui traverse la série de tout son long, c’est l’amitié liant les quatre femmes. Si les hommes changent, si leurs familles sont quasiment absentes, elles sont là l’une pour l’autre. Elles peuvent partager leurs fantasmes, leurs envies, leurs peurs et finiront même pas sceller un pacte de fidélité lors de l’anniversaire de Carrie.

Bien souvent, les détracteurs de la série évoquent une œuvre antiféministe dans le sens ou elle brosse le portrait de femmes aisées ayant pour seule ambition de parler de mec et de trouver le prince charmant. Il y a un peu de vrai dans cela, on ne peut nier le fait que chacune des héroïnes évolue dans un milieu professionnel élevé (avocate, journaliste, directrice de galerie d’art ou d’une agence de relations publiques). On ne peut nier que la série parle avant tout d’hommes et de ce qui en découle, le couple, la sexualité, les ruptures, etc., etc. Cependant, Sex and the City n’a jamais prétendu être autre chose qu’une chronique — urbaine — sur les relations femmes/hommes.

De plus, si au bout des 6 saisons chacune obtient un happy end romantique, celui-ci est trompeur. Riches des expériences qu’elles ont pu vivre, elles ont su faire des concessions, accepter que l’homme parfait n’existe pas, qu’il sera forcément en dessous de leurs fantasmes. Mais au milieu de tout cela, une seule chose sera à la hauteur de leurs espérances : l’amitié.

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