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Séries Sex Education Saison 2 : Toujours aussi bon la deuxième fois

Sex Education Saison 2 : Toujours aussi bon la deuxième fois

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Sex Education Saison 2 Episode 2 - Sex Education Saison 2 : Toujours aussi bon la deuxième fois

Sex Education avait créé la surprise l’an dernier en mettant tout le monde d’accord sur certains des sujets les plus polémiques de la société. Un univers coloré, des ados attachants et bien écrits, Gillian Anderson et une bonne dose d’humour, voilà la recette détonante de la série Netflix pour parler de sexe de façon intelligente et décomplexée. Succès public et critique, la saison 1 s’est fait un nom dans les cours de lycée, a suscité des débats en repas de famille et a été publiquement conseillée par des spécialistes, psychologues ou médecins. Dur fardeau que de continuer à écrire l’histoire, cette saison 2 relève pourtant le défi haut la main.

Après une année à la tête d’un cabinet clandestin de sexologie, le jeune Otis Milburn (Asa Butterfield) reprend du service. Sa rentrée prend vite des airs de champ de bataille, il doit composer avec une épidémie d’IST, une mère de plus en plus présente, un dilemme amoureux insoluble et des premières fois en pagaille. Si Maeve (Emma Mackey) prend ses distances pour faire face au retour de sa mère, ex-toxicomane, il peut compter sur le soutien d’Eric (Ncuti Gatwa), mais se passerait bien de ses conseils pas toujours avisés.

Des jeunes (et des moins jeunes) en crises

Alors que la première saison de Sex Education était marquée par la découverte, la seconde légèrement plus sombre profite d’avoir des personnages installés pour explorer leurs états d’âme et leurs remises en questions. En première ligne, se retrouvent bien sûr les adolescents en pleine quête identitaire, cherchant désespérément ce qu’ils veulent devenir. Les adultes ne sont cependant pas en reste, entre divorce, seconde adolescence, blocages en tout genre et bouleversements professionnels.

Difficile d’énumérer toutes les jolies trajectoires de vie décrites par Sex Education. On retiendra tout de même la touchante métamorphose de Jackson (Kedar Williams-Stirling) et sa relation avec ses deux mamans, le sort qui s’acharne sur une Maeve plus mature que jamais ou encore la rédemption d’Adam (Connor Swindells). En huit épisodes, un catalogue impressionnant de personnages est développé. La technique est toujours la même : introduire un ado solidement ancré dans un stéréotype de teen movie le temps d’une ou deux touches d’humour, puis faire — subtilement — l’inverse de ce que l’on attend. Croyez-moi, pour l’instant cela fonctionne à chaque fois.

De nouvelles têtes viennent ajouter en diversité et participent à rendre Sex Education particulièrement inclusive. Le lycée de Moordale est un microcosme idéalement représentatif de la jeunesse d’aujourd’hui, avec des jeunes femmes qui ne savent plus reconnaître des agressions sexuelles tant elles sont banalisées, des jeunes asexuels qui n’ont pas de place dans cette société hyper-sexualisée, des homosexuels qui ne cherchent qu’à s’aimer en paix et ceux qui rentrent dans toutes les normes et culpabilisent de ne pas s’en satisfaire.

« Tu es normal »

Si cette saison 2 se permet quelques incartades du côté d’autres grands débats de société comme le couple et la parentalité, elle ne perd jamais de vue le rôle qu’elle s’est fixé — pour ceux qui n’ont pas suivi, tout est dans le titre. L’équipe créative menée par Laurie Nunn continue d’aborder avec pertinence toutes ces questions intimes et pratiques qui restent entre nous et nos onglets de navigations privées, pourtant primordiales et universelles.

Sex Education Saison 2 Episode - Sex Education Saison 2 : Toujours aussi bon la deuxième fois

C’est donc avec une bienveillance infinie, quelques sourires et une naïveté rafraîchissante que sont abordés pansexualité, sextoys et pilule du lendemain, pour ne citer qu’eux. Le sexe est alors délesté de sa charge habituelle, tout en n’étant jamais traité à la légère. Avec cette approche inédite, on obtient une œuvre très progressiste qui joue sur l’empathie pour faire passer des messages importants et déconstruire les clichés.

Une série qui vous veut du bien

Comme la première, cette saison 2 de Sex Education est une petite pépite qui ne ressemble à rien d’autre. On rit, on pleure, on s’interroge, le mélange des genres et des styles est parfaitement maîtrisé. Le casting est réellement exceptionnel et contribue grandement au succès de la série. On est face à des ados talentueux qui jouent des ados, qui plus est des ados appréciables, deux faits assez rares pour être soulignés. Les adultes, menés par la brillante Gillian Anderson qui trouve ici un rôle de mère dépassée qui lui va si bien, complètent ce beau tableau.

L’équipe créative gagne en assurance et cela se ressent dans la réalisation, aux couleurs vives et hors du temps des débuts s’ajoutent d’audacieux mouvements de caméra et un travail intéressant des transitions. Le tout est porté par une bande-son pop qui reflète avec finesse l’état d’esprit des personnages. C’est beau, c’est drôle, c’est touchant et c’est didactique, on ne voit pas passer la saison et une fois finit, on en redemande.

Si l’attrait de la nouveauté a disparu, cette deuxième saison développe ses atouts pour entretenir la flamme. Toujours aussi juste et divertissante, ce n’est pas cette année que Sex Education fera mentir ceux qui l’on défendue à corps et à cris, suggérant à qui veut bien écouter de la visionner de toute urgence. On peut uniquement lui reprocher sa fin de saison terriblement frustrante, mais rassurez-vous, elle est déjà renouvelée.