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Séries Shadowhunters : Les Chasseurs d’Ombres du petit écran

Shadowhunters : Les Chasseurs d’Ombres du petit écran

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shadowhunters saison 3  - Shadowhunters : Les Chasseurs d'Ombres du petit écran

Attention, cet article contient des spoilers sur la saison 3 de Shadowhunters.

Après un constat plutôt affligeant de la première saison, j’étais bon pour lâcher Shadowhunters et sa petite troupe de chasseurs de démons. Peut-être me manquait-il ma dose d’urban fantasy, mais lorsque la série a touché à sa fin, suite à son annulation, j’étais bel et bien présent. Forcément, entre culpabilité et l’impression d’avoir perdu mon temps, la question est de savoir pourquoi j’ai tenu bon jusque là.

Pour rappel, Shadowhunters, adaptée de la série littéraire The Mortal Instruments de Cassandra Clare, suit Clary Fray (Katherine McNamara), une étudiante en art de 18 ans qui après avoir assisté à un meurtre découvre l’existence du monde obscur, où les chasseurs d’ombres tentent de maintenir l’ordre. Lorsque sa mère est enlevée par des démons, Clary n’a pas d’autres choix que d’enquêter sur ses origines et d’embrasser son destin.

Qu’il s’agisse des romans ou de la série, Shadowhunters est un étrange entre-deux. Les deux œuvres remplissent le cahier des charges de ce qu’on peut attendre sans jamais en faire plus. Les enjeux sont presque inexistants, les histoires d’amour prédominantes et les personnages, tous plus superficiels les uns que les autres, ce qui est d’autant plus vrai pour la version télévisuelle.

Au cours des deux premières saisons, la série n’a jamais su convaincre, en partie parce que Valentine (Alan Van Sprang) et Sebastian (Will Tudor) étaient les pires antagonistes possibles. Creux et stéréotypé, ni l’un ni l’autre n’a représenté un challenge pour notre groupe de chasseurs d’ombres. Ce qui n’a pas été aidé par une écriture faiblarde incapable de donner un peu de substance à un univers pourtant riche sur le papier.

Il aura finalement fallu attendre la saison trois et l’arrivée de Lilith (Anna Hopkins), reine d’Edom et des démons, pour obtenir un semblant d’enjeux, qu’ils soient narratifs ou émotionnels. Le problème est qu’une fois la quête de résurrection de son fils accomplie, l’ennemie numéro un disparaît pour ne revenir que lors de brèves apparitions. Jusqu’à la dernière, la plus frustrante de toutes, où sa mort est traitée comme une vulgaire banalité. Reine des enfers et de tous les démons avez-vous dit ? Un coup de spray antimoustique et pouf, adieu !

Shadowhunters est une série qui fait rouler des yeux, qui enrage et qui parfois pose problème, en particulier quand elle brouille les frontières entre amours fraternels et inceste. Jonathan (Luke Baines), par exemple, le frère de Clary élevée par Lilith et dernier grand ennemi de la saison trois, est obsédé par sa sœur au point que leurs échanges en deviennent clairement gênants. Ce qui était déjà un problème lorsque Clary et Jace (Dominic Sherwood) pensaient être frères et sœur, mais s’aimaient sans concession.

Pourtant, cette troisième saison a miraculeusement réussi à tirer son épingle du jeu. Attention, cela ne veut pas dire que la qualité s’est grandement améliorée, simplement que l’équipe créative semble avoir enfin trouvé la formule qui lui convenait. Ainsi, l’intrigue fantaisiste prend quelque peu un second rôle, n’étant réellement là que pour créer une fausse impression de suspense. L’univers n’est toujours pas exploré, laissant ceux qui n’ont pas une connaissance des romans sur le carreau.

À la place, les scénaristes capitalisent sur les désirs des spectateurs et sur le pouvoir des « ships ». Qu’ils s’agissent de Clace (Clary & Jace), Malec (Magnus & Alec ) ou encore Sizzy (Simon & Isobel), Shadowhunters a su délivrer ce qui était attendu. Tout ceci au point de se demander si la série n’est pas finalement plus romantique qu’elle n’est fantastique. Et bien sûr, je suis tombé dans le panneau.

Pendant trois saisons, ce n’était pas tant les intrigues concernant l’acquisition de la coupe mortelle ou de l’épée des Morgenstein qui m’intéressait, pas plus que de connaître le fonctionnement des clans de loups-garous ou de la cour des fées. Non, la seule chose qui me poussait à revenir chaque semaine était de savoir si Magnus Bane (Harry Shum Jr.) et Alec Lightwood (Matthew Daddario) seraient « endgame ». Triste, n’est-ce pas ?

Maintenant que la série est terminée et objectivement, il m’est impossible de ne pas reconnaître que Shadowhunters, aussi imparfait soit-il, est un pur produit créé pour se consommer comme un plaisir coupable. Il n’y a qu’à voir les commentaires des spectateurs qui, comme moi, parlent peu de l’action et du monde, mais qui jubilent devant le premier baiser ou le mariage de leur couple préféré.

Après tout, le message est clair quand une série écrit un final où l’ennemi de la saison est anéanti en trois minutes, mais où ce qui concerne le mariage tant attendu en dure plus de trente.

Finalement, Shadowhunters aura su combler un manque, mais reste indéniablement une série qui n’a que peu à offrir. Sans attentes et en acceptant l’incapacité de l’équipe créative à élever le matériel d’origine la série est capable d’être un pur divertissement pour faire passer le temps les week-ends pluvieux.