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Shameless : en route pour l’enfer (saison 4)

Shameless saison 4 - Shameless : en route pour l'enfer (saison 4)

Cette année plus que les autres, les Gallagher auront bien des défis à surmonter. Après sa disparition, Ian manque toujours à l’appel. Lip démarre une nouvelle existence à l’université alors que Fiona tente de maintenir un équilibre dans la vie de ses frères et sœurs. C’est d’autant plus important que Carl et Debbie ne sont plus des enfants et expérimentent le fait de grandir. Frank apprend de mauvaises nouvelles concernant sa santé, ce qui le pousse à contacter une personne de son passé.

Le début de saison 4 de Shameless est consacré à la recherche d’une stabilité durable pour la famille face à l’équilibre précaire que les précédentes frasques de Lip, Carl ou Frank mettait en péril. Comme à l’accoutumée, Fiona est la boussole morale et le pilier qui permet de tenir cette famille dysfonctionnelle en état. Mais endosser ce rôle passe par un changement de vie plus radical qu’auparavant, à savoir trouver un travail permanent aux revenus suffisants, d’autant plus que Lip entre à la faculté.

Un statu-quo s’installe progressivement, éloignant la famille des préoccupations financières qui étaient leur lot quotidien. La série s’attèle donc à créer un environnement stable pour nous faire croire à un possible épanouissement de tous ses personnages. Comme toujours, un Gallagher va s’arranger pour tout anéantir sans le vouloir véritablement. C’est ainsi que la deuxième partie de saison s’attache à nous montrer la chute de Fiona qui, tombée dans une spirale infernale dont l’issue est plus qu’incertaine, va tout perdre au fur et à mesure. Si la propension de la famille à rater tout ce qu’elle entreprend n’est pas nouvelle, Shameless va cette fois-ci très loin, détruisant petit à petit le personnage le plus solide de la tribu.

L’approche psychologique de la série est donc un véritable atout pour le développement de ses intrigues et de ses personnages. Lip doit prendre la relève alors qu’il tente d’ajuster une situation scolaire et sentimentale compliquée. Forcé de grandir bien plus vite que les autres, il doit faire face à de nouvelles responsabilités et arriver à la conclusion que Fiona a compris depuis des années, soit que jamais il ne pourra vivre une vie normale. Un parallèle intéressant se crée entre le frère et la sœur, les renvoyant chacun à leur absence d’avenir, leurs obligations et ce qu’elles impliquent.

Plus que jamais, cette saison 4 se concentrera sur la question de l’héritage familial et les choix personnels. Alors que le dialogue de fin de saison entre Fiona et Lip met particulièrement en exergue leurs erreurs et les excuses qu’ils trouvent, la situation de Ian mettra en lumière ce que l’on hérite de ses parents. Là, il s’agit même de génétique, d’héritage au plus profond de son être, démontrant encore une fois que les parents Gallagher détruisent leurs enfants, et ce, dès la naissance. Si son histoire n’a pas été traitée avec un temps d’antenne suffisant pour que son potentiel soit pleinement exploité, le sujet nous permet une redéfinition des rapports entre Ian, Mickey et sa famille et nous promet une dynamique différente et plus qu’intéressante pour la saison prochaine.

Le point faible de cette saison 4 de Shameless se trouve alors dans la partie concernant Frank. Si le fait qu’il soit rattrapé par son passé d’alcoolique nous offre une ironie dans l’esprit de la série, les situations qui vont suivre tendent parfois à aller dans tous les sens ; cela parait être là juste pour donner du temps d’antenne à William H. Macy et Emily Bergl, nouvelle arrivante dans le rôle de Sam, fille illégitime de ce dernier. La dynamique familiale permet d’être légèrement changée, cependant le duo évolue trop loin du reste pour avoir un véritable impact, même si l’introspection finale était nécessaire.

De leur côté, Sheila, Kev, Veronica, Carl et Debbie évoluent tranquillement dans des storylines secondaires pas dénuées d’intérêt pour la plupart. Traitée de façon sporadique, Sheila ne progresse pas vraiment, mais la série met toujours aussi bien en valeur Joan Cusack que cela est inoffensif. Elle reste, avec Kev et Veronica, la garante de l’humour particulier et corrosif du show. Et puis la qualité des dialogues fait que chaque réplique sort du lot, sublimant les situations loufoques auxquelles ils sont confrontés. Quant à Carl et Debbie, chacun découvre le sexe opposé et ce qu’il se passe lorsqu’on le côtoie réellement. Cette partie est traitée avec beaucoup de justesse, un poil d’impertinence et de folie, même si on peut regretter qu’elle ne soit pas plus mise en avant parfois. Elle offre au moins l’opportunité aux deux personnages d’acquérir une dimension un peu plus complexe, moins uniforme.

En somme, cette quatrième saison de Shameless est une (presque) complète réussite. S’il y a bien sûr quelques accrocs ici et là, ils sont rapidement effacés par un drame intense et travaillé mais qui n’oublie pas de faire rire pour contrebalancer la tension. De nombreuses pistes intéressantes sont lancées pour la saison 5, placée sous le signe de la reconstruction, à moins que ? La toute dernière scène du season finale a de quoi tout remettre en cause et laisse perplexe. Rendez-vous en janvier prochain !