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Shameless Saison 11 : One hell of a ride ! (Fin de série, disponible sur Amazon Prime Vidéo)

Shameless Saison 11 Episode 11 - Shameless Saison 11 : One hell of a ride ! (Fin de série, disponible sur Amazon Prime Vidéo)

Cette critique de la saison 11 de Shameless contient des spoilers.

Après 11 saisons de comportement questionnable des membres de la famille Gallagher, Shameless s’est terminée. Alors que Franck, Lip, Ian, Debbie, Carl et Liam, sont tous à un moment charnière de leur vie sur le plan personnel et parfois professionnel, revenons ensemble sur leurs dernières aventures (sans oublier le meilleur couple de voisins : Kevin et Veronica !)

Masque et gentrification : le South Side de Chicago au temps du COVID

Annoncée comme étant la dernière au moment de sa commande, la onzième et ultime saison de Shameless se sera fait attendre. Et pour cause, le tournage de la série a été stoppé par le confinement généralisé avant même d’avoir commencé. Dans cette situation, les scénaristes ont pu incorporer dans leur histoire le contexte socio-économique de 2020, fait de masque, de chômage de masse et de hausse de la précarité. Et alors que les Gallagher sont loin d’être étrangers aux difficultés économiques, cette réalité s’est mêlée d’une façon assez intelligente et organique à la thématique déjà en place depuis plusieurs saisons, celle de la gentrification des quartiers sud de Chicago. C’est notamment visible dans la storyline de Lip qui, au cours de cette saison, perd son emploi en raison de la crise économique et doit en parallèle trouver un nouveau logement, lorsque son propriétaire souhaite vendre sa maison qui a pris de la valeur du fait de la gentrification du quartier. Autre exemple, Kevin et Veronica doivent trouver des revenus alternatifs pour pallier aux fermetures répétées des bars de Chicago au gré des évolutions sanitaires.

Cette saison 11 de Shameless met donc une dernière fois en avant la force de résilience de ses personnages, la pandémie n’étant qu’un obstacle de plus dans leurs vies déjà compliquées. Ces intrigues viennent seulement souligner la capacité de survie des classes populaires qui n’arrivent que difficilement à se mettre à l’abri du besoin face aux épreuves successives. La pauvreté est systémique et il est difficile de s’en émanciper.

En ce sens, le parcours de Kevin (Steve Howey) et Vee (Shanola Hampton) est celui qui se veut le plus optimiste. La famille Ball, doublement propriétaire, décide de vendre leur maison et leur bar pour s’offrir un nouveau départ en Louisiane auprès de la famille de Veronica. Même si le couple est plus chanceux que d’autres, ce déménagement montre aussi que cette réussite se fait au prix de leur départ de Chicago et de l’abandon d’une communauté. En effet, Veronica renonce en cours de saison à défendre les intérêts de la communauté afro-américaine du South Side en s’apercevant qu’il n’y a plus rien à défendre, la majorité d’entre eux étant déjà partis.

Par ailleurs, le déménagement de Ian (Cameron Monaghan) et Mickey (Noel Fisher) pour un appartement dans le West Side de Chicago illustre un véritable choc des cultures avec tout l’humour que permet le caractère sans demi-mesure du Milkovich. C’est une autre façon d’explorer, certes un peu en surface, les rapports de lutte de classes qui structurent la vie chacun.

Il est donc intéressant de voir Shameless se clôturer en appuyant sur sa dimension sociale et plus particulièrement sur cette thématique de la gentrification des quartiers du sud de Chicago, une intrigue qui avait été amorcée dès la saison 6.

Pour autant, il est difficile d’échapper au constat que dans cette ultime saison reproduit les erreurs des précédentes, à savoir une installation très lente de ses enjeux. C’est d’autant plus frustrant pour les fans de Shameless conscients que chaque minute est comptée avant la fin. Or, durant 5 épisodes, nos Gallagher voguent à leurs occupations et galères habituelles sans qu’aucune ligne directrice ne se dessine.

C’est seulement grâce à un très bon épisode 6 que le récit se recentre autour de deux intrigues qui auront des conséquences sur l’ensemble des membres de la famille Gallagher : d’une part, la potentielle explosion du foyer familial dû aux difficultés financières de Lip (Jeremy Allen White) qui insiste pour vendre la maison et, d’autre part, la dégradation rapide de la santé de Frank (William H Macy) qui souffre d’une forme d’Alzheimer (dementia en langue originale) conséquence de sa forte consommation d’alcool. Les fondations de la famille sont alors doublement menacées, à la fois concrètement, par la potentielle vente de la maison, et métaphoriquement par une insistance sur la mortalité du père. À noter que cette saison est une nouvelle preuve que Lip est le personnage moteur de la série depuis le départ de Fiona (Emmy Rossum).

Shameless Saison 11 Episode 7 - Shameless Saison 11 : One hell of a ride ! (Fin de série, disponible sur Amazon Prime Vidéo)

Partir ou rester

En conséquence de cette longue installation, la deuxième partie de saison qui explore les divergences d’intérêts et de points de vue entre frères et sœurs semble un peu bâclée. Shameless prend très vite le parti pris de limiter ce débat à un affrontement entre Lip et Debbie (Emma Kenney). Il faut dire que chacun doit en parallèle gérer ses problèmes personnels.

Nous avons déjà pas mal parlé de Lip, mais il est clairement le personnage le plus mis à l’épreuve au sein de cette saison 11. En plus de toutes ses galères financières et familiales, on n’oublie jamais de nous rappeler que Lip est un alcoolique toujours sous le coup d’une rechute. À ce titre, on appréciera sa relation avec Tammy (Kate Miner), clairement la meilleure chose qui ne lui soit jamais arrivée. Et c’est sur la base de cette relation stable qu’on imagine le futur du plus âgé des Gallagher.

Avec Ian et Mickey, Shameless explore la réalité du mariage, faite de compromis et de routine. Des paramètres qu’il faut pouvoir accepter afin de faire en sorte que l’aventure dure. Cet aspect moins dramatique de leur relation est un vrai bol d’air frais pour ce couple coutumier des tragédies. Pour autant, l’exploration tragicomique de la relation père/fils entre Mickey et Terry est là pour nous rappeler que le talentueux Noel Fisher est aussi bon pour nous faire rire que pour nous émouvoir, voire nous tirer des larmes.

Des personnages de la famille Milkovich, il n’en manque pas dans cette dernière saison, puisque Debbie au début de la saison s’essaie à une relation avec Sandy, une cousine de Mickey. Mais ses insécurités et sa vision catégorique de ce que doit être une famille lui font s’aliéner les gens proches d’elle. Plus grave encore, son comportement rend impossible d’éprouver toute forme d’empathie pour le personnage. Parce que le ratage de la saison, voire de la série, reste Debbie, les scénaristes continuant de tout faire pour la rendre insupportable.

À l’inverse, malgré une intrigue un peu faible, Carl (Ethan Cutkosky) bénéficie d’un fort capital sympathie. En nous montrant les premiers pas de ce passionné d’action et d’armes à feu en tant qu’officier de police, Shameless nous prend à contrepied en proposant une vision très négative des forces de l’ordre. Ainsi, les flics dans la série sont soit corrompus, soit cruels, soit indifférents et le plus souvent un peu des trois. Cet état de fait est cependant contrebalancé par sa quête personnelle de Carl qui l’amène à trouver une façon d’être un policier juste.

Outre les questions autour d’une potentielle vente de la maison qui font craindre à Liam (Christian Isaiah) de se retrouver sans toit au-dessus de sa tête, le plus jeune des Gallagher traverse deux grandes crises cette saison. Comme depuis plusieurs saisons, les scénaristes tentent au travers de Liam de parler du racisme et des difficultés multiples des jeunes afro-américains, surtout pour un jeune enfant noir dans une famille blanche. En voulant traiter cela avec toujours beaucoup d’humour, Shameless rate encore une fois le coche pour parler avec pertinence de ces sujets. C’est dans sa relation avec Frank que Liam vole la vedette à tous les Gallagher cette saison. Il n’est pas nouveau que les scénaristes subliment le personnage interprété par William H Macy en le mettant en duo avec l’un des jeunes enfants (Carl dans les premières saisons, puis Liam et même Franny cette saison). C’est ce qu’ils réussissent de nouveau à faire avec le personnage de Liam, dernier enfant à s’inquiéter encore un peu pour son père. En ce sens, les plus beaux moments d’émotion de cette saison se situent surement dans l’épisode 10 alors que Liam partage une journée avec son père pour faire seulement des choses que Frank aime.

Il n’est pas étonnant que Shameless se terminer par un monologue du patriarche de la famille, de la même façon qu’un monologue de Frank venait ouvrir la série dans le pilote pour nous présenter chacun des protagonistes. Ces parallèles, agrémentés de flashbacks permettant d’inclure Fiona dans cette conclusion, sont assez efficaces pour nous faire oublier la non-originalité du processus.


Si Frank a droit à une sortie très réussie, l’intrigue autour de la vente de la maison est vraiment la bonne idée de cette dernière saison. En faisant le choix de ne pas nous en montrer le dénouement, les scénaristes nous laissent sur une fin très ouverte. En effet, chacun des personnages a encore des décisions très importantes à prendre pour la suite de leur vie. Et libre à nous d’imaginer la suite… Heureusement, cette ultime saison de Shameless nous laisse sur une promesse : si la vie est un combat permanent, les Gallagher sont résolus à ne pas perdre.

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