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Sharpe : Les aventures d’un soldat britannique durant les guerres napoléoniennes  

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Si la haute société londonienne se trouve en train de siroter du thé ou danser à des bals dans une série comme La Chronique des Bridgerton, d’autres combattent la France à la même période, durant les guerres napoléoniennes.

C’est le cas de Richard Sharpe, officier de l’armée britannique et héros de la série de romans de Bernard Cornwell qui voit ses aventures être portées à l’écran sur ITV entre 1993 et 1997, puis avec deux épisodes supplémentaires en 2006 et 2008 dans Sharpe. Lorsque l’on rencontre pour la première fois Richard, incarné par un jeune Sean Bean qui fera sa percée grâce à ce rôle, il est sergent dans le 95e régiment de fusiliers au Portugal durant la Guerre péninsulaire en 1809. Après avoir sauvé un commandant de l’armée britannique, il se voit promu lieutenant et se trouve à la tête d’un groupe d’hommes qu’il doit mener au combat.

Commence dès lors une série d’aventures de laquelle une formule va émerger fort rapidement. Après un début plus que difficile, Sharpe se lie d’amitié avec l’irlandais Patrick Harper (Daragh O’Malley) qui l’accompagne dans de dangereuses missions où Sharpe doit souvent faire face à des officiers supérieurs incompétents et des traitres quand il n’est pas lui-même accusé à tort. Et naturellement, de nombreuses romances pimentent la vie sentimentale de Sharpe.

Se composant d’un total de 16 épisodes, couvrant les années 1809 à 1818, Sharpe nous entraine sur de nombreux champs de bataille et confronte le système militaire britannique. Dans son ensemble, la série offre sa palette d’antagonistes souvent caricaturaux, mais incarnés dans ce sens. L’un des plus emblématiques est sans conteste le Sergent Obadiah Hakeswill, incarné par Pete Postlethwaite avec une énergie indéniable et disons-le non égalé par la suite. Elle a aussi un penchant pour ressasser certains points, comme la manière dont Sharpe entre en collision avec ses supérieurs ou sa nature bornée qui l’empêche indirectement d’échouer. La série n’ignore pas la réalité des combats, les hommes qui y perdent leurs vies, les ambitions de l’individu, le système aristocratique. Elle fournit des batailles qui ne sont pas forcément épiques, et sincèrement petites le plus souvent, mais qui apparaissent néanmoins réalistes.

À l’image d’un autre héros de Bernard Cornwell, Sharpe ne brille pas toujours par son intelligence, laissant parfois d’autres traits de sa personnalité prendre le dessus. Ce roturier grimpe les rangs grâce à son courage, sa détermination et pas mal de chance, au grand dam de certains officiers de plus haut rang. Le fait est qu’il n’y a plus ou moins pas de doute que Sharpe est né pour être un soldat, et que c’est là qu’il excelle. S’il ne s’adapte pas au monde aristocratique, il possède un talent pour le combat et pour mener ses hommes vers la victoire. Sa loyauté envers ses hommes, les « Chosen Men », pousse ces derniers à être prêts à le suivre partout. C’est donc un peu regrettable que si la série nous offre quelques figures récurrentes sincèrement sympathiques, il y en a qui tendent à disparaitre sans explication des rangs. La constante d’un bout à l’autre reste alors Patrick Harper, qui s’impose comme l’un des plus grands atouts de la série. Nous renvoyant au départ à la condition plus que difficile de tous ces soldats enrôlés pour de simples raisons de survie — mourir de faim était l’autre choix —, Harper est un homme aussi calme et attentionné qu’un dangereux combattant. Il vient parfaitement contrebalancer la nature de Sharpe, toujours là pour le soutenir.

Les années aidant, Sharpe est devenu le genre de séries où bien des acteurs anglais, aujourd’hui plus connu, sont venus se frotter à notre héros, souvent en tant qu’antagonistes, parfois en tant qu’alliés. En plus de Pete Postlethwaite, la série a donc accueilli Brian Cox, Daniel Craig, James Purefoy, Mark Strong, Elizabeth Hurley, Emily Mortimer, Julian Fellowes, Paul Bettany ou encore Alexis Denisof. Cela ne fera cependant pas pleinement oublier le schéma répétitif de la série qui ressort de plus en plus à l’approche de la conclusion, nous menant à la bataille de Waterloo. Nous sommes alors en 1815 et Sharpe participe ainsi à la défaite de Napoléon, offrant un premier point final bien mérité à cette oeuvre.

La série fera son retour près de dix ans plus tard pour le spectateur et seulement deux-trois ans pour les personnages, avec deux épisodes prenant place en Inde. Ces derniers ne viennent pas entacher ce que la série a accompli jusque-là, mais ne reconnecte pas avec les grandes heures de la série et sont plus ou moins oubliables, parvenant à peine à jouer la carte de la nostalgie et du simple plaisir de retrouver de nouveau Sharpe et Harper.

Près de 30 ans après ses débuts sur le petit écran britannique, Sharpe reste un héros un peu à part, entre fiction historique et soupçon d’aventures soapesques. Si la série a pris quelques rides depuis, ne possédant pas la grandeur visuelle d’aujourd’hui ni les moyens pour de grandes batailles, elle donne de la texture à une période compliquée, entre alliances, trahisons et sacrifices. Et plus jamais vous n’entendrez « Over the Hills and Far Away » sans une pensée pour Richard Sharpe et ses « Chosen Men ».