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Séries Shots fired : Un premier tir raté (Pilote)

Shots fired : Un premier tir raté (Pilote)

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Shots Fired Pilote - Shots fired : Un premier tir raté (Pilote)

FOX s’essaie à la série-événement polémique et propose Shots Fired, créée par Gina et Reggie Rock-Bythewood. Ils vont alors nous proposer une série policière et judiciaire où une enquêtrice va collaborer avec un procureur pour élucider un meurtre tout en naviguant entre les sphères médiatiques et politiques voulant instrumentaliser l’affaire.

Suite à la mort d’un étudiant blanc tué par un policier afro-américain, une petite ville de Caroline du Nord se voit alors bouleverser. Cela fait ressortir une vieille affaire de meurtre qui menace d’aviver des tensions et de diviser la ville alors que l’enquête de la détective Asha Akino et du procureur Preston Terry va jusqu’à suspecter les hautes autorités de la ville.

Derrière ce postulat réaliste, le duo de scénaristes veut clairement filer le même coton que John Riley avec American Crime. Ils nous proposent dès les premières minutes une plongée dans une banlieue tout sauf tranquille où le racisme, la suspicion et les difficultés économiques sont plus que présentes.

Alors un meurtre – accidentel ou non – devient le prisme évident pour mettre en avant toutes les tensions sociales sous-jacentes au sein d’une communauté. C’est d’autant plus exemplifié que c’est un policier afro-américain qui en est à l’origine. Cet effort pour poser une situation pleine de nuances est louable, mais est présenté de manière trop systématique pour être totalement convaincant.

Le duo d’enquêteurs – incarnés par Sanaa Lathan et Stephan James – apparaît alors comme les intervenants extérieurs qui vont nous permettre de plonger dans une affaire complexe aux nombreuses ramifications. On approche la communauté avec leur œil neuf, introduction plutôt efficace. Malheureusement, on ne peut pas en dire autant de leur dynamique qui est beaucoup trop conventionnelle et stéréotypée pour intéresser complètement. On nous dit que l’on va parler de corruption policière et celle-ci est mise à une telle distance qu’on effleure le sujet sans vraiment s’y intéresser.

C’est bien là le problème majeur de ce pilote. Si le propos de la série peut être réellement intrigant par son exploration sociale et judiciaire, il se déroule d’une façon tellement codifiée que cela peine à intriguer. À se présenter à mi-chemin entre American Crime, Broadchurch et The Wire, Shots Fired ne parvient pour le moment pas à proposer une perspective nouvelle même en mettant en scène deux personnages principaux afro-américains, représentants de la loi qui plus est.

L’introduction du gouverneur Eamons (Helen Hunt) n’échappe pas aux clichés du politicien ambigu, thème bien trop convenu pour que le personnage puisse ne pas apparaître d’ores et déjà comme un potentiel problème à l’enquête. C’est la même chose pour l’ensemble des personnages en réalité : l’hostilité grandissante face aux enquêteurs au fur et à mesure du pilote se déroule de manière trop programmatique pour prendre pleinement corps.

La réalisation, assez fade, n’aide pas franchement à rendre le tout prenant. Si la volonté de garder les choses simples peut payer dans le portrait juste de tous les protagonistes, cela ne soutient pas le rythme des scènes, se succédant sans énergie ni envie. L’enquête défile sous nos yeux sans passion et même les parallèles avec les sphères intimes des enquêteurs n’étoffent pas l’ensemble.

Shots Fired démarre alors avec mollesse et timidité, trop calibrée pour donner forme à un récit qui se veut plus prenant et incisif qu’il ne l’est réellement. Le postulat n’est pas mauvais, loin de là, le casting peut délivrer quelques bonnes performances mais ce premier épisode n’est pas aussi engageant qu’il aurait pu l’être et tire malheureusement à blanc.