Spooks [MI-5] – Tu ne tueras point (1.01 – 10 year anniversary)

Une voiture a explosé à Liverpool, tuant une mère de famille et envoyant sa jeune fille à l’hôpital. La section D du MI5, des services secrets britanniques, découvre qu’il s’agit de l’œuvre d’une extrémiste du mouvement pro-vie qui a 20 bombes en sa possession. 

Il y a 10 ans de cela, le 13 mai 2002, BBC One diffusait le premier épisode de Spooks, série qui changea alors le visage de la fiction britannique.

Créée par David Wolstencroft, le show nous plonge dans le monde de l’espionnage en suivant les espions de la Section D avec la volonté de montrer avec plus de crédibilité le type de travail que ces hommes et ces femmes font. Entre influence britannique à la John Le Carré et celle de la télévision américaine habituée à délivrer des œuvres au rythme plus soutenu et stylé, Spooks trouvera là son âme, ce qui la démarquera des autres et entrainera ainsi des changements majeurs sur les productions à venir. C’est grâce à son mélange action/aventure et intrigues complexes que la série rencontra le succès critique et public qui lui permit de perdurer sur le petit écran.

10 ans plus tard, le pilote de Spooks a bel et bien pris quelques rides, mais elles lui vont plutôt bien. En effet, alors que BBC tend à produire des séries toutes plus léchées les unes que les autres au point qu’elles manquent régulièrement d’identité, l’image de Spooks possède le charme des années, tout en étant encore sans conteste de qualité. C’est certainement moins beau que ce que la série a pu délivrer dans ces dernières saisons, mais ses couleurs bleu-grisâtre la rendent parfaitement identifiable et on (re)plonge sans difficulté dans cet univers. À noter par ailleurs que les premiers épisodes ont dû être en partie réécrits pour y intégrer les évènements du 11 septembre dans la narration – le tournage ayant débuté en novembre 2001.

Pour son premier épisode, Spooks pose donc sans conteste ce qui va la définir, principalement à travers Tom Quinn, incarné par Matthew Macfadyen, qui s’impose comme le personnage principal du show. L’espion doit mener de front son travail qui est tenu séparé de sa vie privée, sa petite amie actuelle ne sachant pas ce qu’il fait réellement dans la vie. Tom est alors celui qui aide à pénétrer dans son monde, même s’il n’est pas totalement au cœur du récit ; il faut aussi l’admettre, sa vie personnelle n’a jamais rien eu de fascinant et les années n’y changeront rien.

Ce qui frappe sans conteste, c’est la façon dont l’épisode introduit ses protagonistes sans pour autant s’arrêter, révélant le strict nécessaire pour que l’on puisse les cerner et les trouver sympathiques sans pour autant nous fournir beaucoup ; ils sont à l’image du monde dans lequel ils évoluent, finalement, où l’information est précieuse, mais où ils sont rarement prompts à se dévoiler.

Cet épisode s’intéresse en tout cas à une terroriste du mouvement pro-vie, se penchant  sur les motivations de cette femme, bien que le portrait manque quelque peu de finesse et de complexité pour totalement convaincre. Il s’agit surtout de l’utiliser pour donner le jour à multiples situations là pour illustrer de façon plus concrète le travail de la Section D. Le jeu d’espion prend aussi forme avec les rapports entre le MI5 et la CIA, sûrement la meilleure partie de l’intrigue, qui aide à délivrer une fin moins proprette qu’elle ne l’aurait pu être.

En tout cas, 10 ans plus tard, ce premier épisode de Spooks reste intrigant, malgré quelques tâtonnements et/ou scènes trop orchestrés pour paraître complètement naturels. La série cherche donc son propre ton et laisse plus qu’entrevoir son style avec cette première heure, qui sera suivie par de nombreuses autres …

Aller plus loin …

– En savoir plus sur la série.
– Se procurer Spooks en DVD.