Daniel Hardman a pris la porte, mais après la guerre, il faut reconstruire et esquiver les attaques des concurrents qui veulent profiter d’une apparente faiblesse pour prendre le dessus. Voilà ce qui est au programme de la seconde partie de la saison 2 de Suits.
Tout d’abord, il était donc nécessaire de faire de la reconstruction et c’est à cela que sert l’épisode de reprise. Le problème est qu’Aaron Korsh, le créateur du show, n’a pas l’intention de revenir à une quelconque forme de statu quo. À la place, il est déterminé à laisser ses personnages s’égarer dans des guerres intestines nourries par des non-dits, des égos insatisfaits et une perte de confiance grandissante.
Toutefois, Suits retrouve rapidement son dynamisme et, même si Harvey semble souvent n’être que l’ombre de l’homme qu’il apparait être, Mike a la forme et montre que malgré ce que l’on pouvait penser de lui au début de la série, il a de quoi sérieusement tenir la distance. C’est en partie appuyé par un nettoyage bienvenu de sa vie personnelle qui arrête ainsi de le détourner de son travail et de Rachel. Cette dernière trouvera d’ailleurs du matériel intéressant et ses premiers véritables développements, de quoi l’aider à devenir plus pertinente sur la longueur.
Le problème est donc que Harvey perd de sa superbe et ne s’en rend pas réellement compte. Des fissures apparaissent et il a beau laisser l’impression qu’il maitrise toujours autant, en tant que personnage, il n’est juste plus aussi séduisant qu’auparavant. Le souci est qu’il a beau être glorifié par ses subalternes, il ne délivre plus ce qu’il fallait pour que l’on puisse y croire. Le costume et le sourire en coin ne font simplement plus assez d’effets pour donner le change, et utiliser Donna pour le recadrer régulièrement n’aide pas réellement à entretenir l’illusion.
Ce n’est pas non plus spécialement arrangé par Jessica qui impose de plus en plus naturellement ses forces, rappelant à son avocat star sa place. Entre eux, les tensions montent, même quand ils sont sur la même longueur d’ondes. Gina Torres domine à l’écran et Gabriel Macht a parfois du mal à ne pas s’effacer face à elle, ce qui ne donne pas l’avantage à son personnage.
Ajoutons enfin que Louis poursuit son chemin et être souvent relégué au second plan n’enlève rien au fait qu’il est simplement un excellent protagoniste qui retire toujours le maximum de chacune de ses scènes pour étendre ses différentes facettes. Concrètement, là où Louis révèle de la sensibilité, de l’intelligence et de la complexité en conservant sa personnalité, Harvey apparait incapable d’exprimer une nuance.
C’est un réel problème quand Hardman fait son retour ou quand Jessica développe l’entreprise dans une direction ambitieuse.
Malgré cela, avec seulement 6 épisodes, cette seconde moitié de la saison s’en tire assez bien, car il y a suffisamment de personnages intéressants pour entretenir la dynamique réjouissante du show sans que les défauts grandissants se montrent réellement handicapants. Ils sont difficiles à ignorer par moment, mais ils peuvent également s’effacer rapidement dès la prochaine saison – et espérons que ça sera le cas.
Globalement, cette seconde saison fut plus que mouvementée. Suits s’est définitivement engagée dans une direction privilégiant le relationnel à la partie professionnelle, ce qui n’est pas toujours payant, en particulier quand certaines intrigues commencent à sérieusement s’étirer en longueur. Un meilleur équilibre entre les deux facettes du show serait probablement profitable par la suite, histoire d’éviter que la série perde la légèreté qui la rend si agréable à suivre.