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Séries Swamp Thing Saison 1 : Les Monstres de Marais (sur Amazon Prime Vidéo)

Swamp Thing Saison 1 : Les Monstres de Marais (sur Amazon Prime Vidéo)

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Swamp Thing Saison 1 Abby Arcane - Swamp Thing Saison 1 : Les Monstres de Marais (sur Amazon Prime Vidéo)

Après le succès créatif que fut la première saison de Doom Patrol, il y avait de quoi être curieux à propos de la série DC Universe qui lui a fait suite, Swamp Thing. Ce n’est pas la première fois que ce personnage créé par Len Wein et Bernie Wrightson a le droit à son propre show (il a même eu des films), mais il y avait de quoi penser que cette nouvelle itération — développée par Gary Dauberman & Mark Verheiden — pouvait explorer des territoires que la précédente ne pouvait pas en son temps, car la télévision a bien évolué avec les années.

Tout d’abord, l’histoire de Swamp Thing nous entraine auprès d’Abby Arcane (Crystal Reed), alors qu’elle revient chez elle à Marais en Louisiane pour enquêter sur un virus qui viendrait des… marais. Elle est aidée dans sa tâche par le scientifique Alex Holland (Andy Bean). Ce dernier va mourir tragiquement et revenir sous la forme d’un monstre (Derek Mears) qui pourrait bien être plus que ce qu’il parait.

Quand une série est annulée au moment où elle est lancée, il y a de quoi se demander ce qui a pu se passer. L’une des raisons évoquées est l’approche créative. Les scénaristes voulaient une série principalement axée sur la mythologie, les producteurs réclamaient un procédural. Ce n’est pas la première fois que ce genre de considérations mène à une fin rapide.

Cette opposition est en tout cas bien voyante et est un gros problème dans cette désormais unique saison de Swamp Thing. Alors que les mystères entourant le marais grandissent, on ne cesse de prendre des détours pour explorer des intrigues très secondaires, certaines étant donc résolues en un épisode, tandis que d’autres n’aboutissent simplement sur rien du tout.

On peut tout de même noter que la storyline principale est globalement conclue malgré tout, bien que beaucoup de choses restent en suspens. On peut même se demander pourquoi le series finale nous livre une scène post-générique introduisant le Floronic Man. Quand on connait le comic book, on savait où cela menait, mais cela n’ajoute rien au show, puisqu’il n’y aura pas de suite.

Ce n’est pas le seul élément qui n’apporte rien et, pour certaines intrigues, le problème n’est pas l’absence de conclusion, mais bien le manque de pertinence. L’histoire se centre sur Abby Arcane qui revient dans sa ville natale. Elle travaille au CDC et il y a une maladie à éradiquer. Elle doit faire son job, mais se retrouve déroutée par son passé tragique, des secrets qui refont surface et les projets d’Avery Sunderland (Will Patton), riche homme d’affaire et ancienne figure paternelle qui est indiscutablement une mauvaise personne.

La nuance dans l’écriture des personnages est d’ailleurs souvent absente. En plus de ne jamais vraiment prendre le temps de développer la vie à Marais, les scénaristes de Swamp Thing s’égarent dans leurs concepts et en viennent à négliger les protagonistes. Ils préfèrent par exemple s’intéresser à Daniel Cassidy (Ian Ziering) pour faire de lui le héros Blue Devil dans une tentative évidente de lancer un spin-off qui n’existera pas qu’étoffer Liz Tremayne (Maria Sten), l’amie d’Abbie qui est réduite à être qu’un accessoire après que le peu qui lui est offert se trouve être totalement mis de côté.

Son cas est presque une règle. Le passé d’Alec Holland est juste effleuré. La relation entre la shérif Lucilia Cable (Jennifer Beals) et Avery Sunderland se limite à un seul angle qui ne permet pas de traduire la complexité de leur rapport qui devient pourtant un élément important sur la fin. Matt Cable (Henderson Wade) est posé comme étant un intérêt romantique pour Abby, puis non. Le docteur Jason Woodrue (Kevin Durand) est un antagoniste caricatural, malgré le fait qu’on lui offre des motivations qui devaient l’humaniser.

Le seul élément qui a vraiment été soigné d’un bout à l’autre se trouve être l’esthétique. La conception de la créature est visuellement irréprochable ; la photographie nocturne baignant dans les tons verts pose l’ambiance, sans que cela ne soit excessivement sombre ; et le décor naturel est d’une richesse qui s’avère être parfaite pour un tel récit.

Cette première et donc dernière saison de Swamp Thing possédait le matériel pour livrer une histoire peuplée de personnages complexes touchés par l’horreur qui sort de ce marais maudit. Au lieu de cela, on a le droit à des mystères vaguement explorés, une couche de mystique qui sert à coller les morceaux ensemble et une mythologie qui prenait forme au moment où tout s’arrête. Il est donc préférable de simplement retourner lire les comics signés par Alan Moore à la place.


Publié en aout 2019, cet article est aujourd’hui remis en avant à l’occasion de la mise en ligne en France de cette saison 1 de Swamp Thing sur Amazon Prime Video.