Quatre épisodes, c’est le temps qu’il a fallu aux scénaristes de The 100 pour perdre le contrôle de leur intrigue. Un bon score lorsque l’on compare aux saisons passées. Cette semaine, alors que la « Naming Ceremony » se prépare pour les Primes, Octavia (Marie Avgeropoulos) se fait torturer par les mystérieux terroristes, Jordan (Shannon Kook) est aveuglé par sa première amourette et Clarke (Eliza Taylor) continue de cabotiner et démarre une tournée d’excuses.
Ce grand tour de soulagement de conscience commence avec Raven (Lindsey Morgan), peu encline à pardonner. Cette scène très réussie nous rappelle à quel point Raven pourrait être un bon personnage si on lui donnait sa chance. À travers un excellent monologue, elle établit un parallèle pertinent entre notre chouineuse blonde et la sanguinaire Octavia. À travers la très juste dénonciation du fait que Clarke n’apprend pas de ses actes, on peut voir un nouvel aveu de faiblesse de la part des scénaristes qui feraient définitivement mieux d’agir.
Clarke rencontre plus de succès auprès de Bellamy (Bob Morley), dont l’interprète totalement démotivé n’avait sûrement pas la force de lutter. À travers cet échange très convenu et sans grand intérêt, on nous tease encore leur relation ambiguë. Cette tension amoureuse forcée dérange tant le duo s’est imposé comme platonique et fraternel. Echo (Tasya Teles) et Bellamy fonctionnent bien mieux ensemble, leur moment de confession autour du passé d’Echo était sincèrement touchant.
Finis les états d’âme, l’épisode en profite également pour nous rappeler que The 100 sait être viscéralement violente et n’a pas peur de s’attaquer aux faibles et aux innocents, notamment à travers l’histoire d’Octavia. L’arc de rédemption de cette dernière s’annonce légèrement plus intéressant que prévu, car elle ne prend clairement pas le chemin le plus direct et le plus évident. Son duo avec Diyoza (Ivana Milicevic), très attendu depuis le final dernier, se met doucement en place et donne envie d’en voir plus.
Par le biais de Bellamy, nous avons le droit à un rappel bienvenu de la chronologie des récents événements, étalés finalement sur à peine trois jours. Bien que nécessaire pour notre compréhension, les scénaristes se tirent ici une balle dans le pied en pointant eux-mêmes du doigt toutes les incohérences. Ce début de saison va beaucoup trop vite, les personnages ont des épiphanies toutes les dix minutes et leurs interactions n’ont aucun sens si on les remet ainsi dans leur contexte. Bien essayé, mais raté.
Au niveau de l’intrigue principale, on découvre la face cachée des Primes, le vrai rôle des Children of Gabriel, mais le schéma global peine toujours à se dessiner. Les mystères s’accumulent encore — quid de « The Anomaly » ? — et les rares réponses sont peu convaincantes. On comprend néanmoins les enjeux autour de la cérémonie, ce qui donne un peu de consistance aux Primes et à la mythologie qui les entoure, mais fort est à parier que cela va retomber comme un soufflé.
Le rôle des Sky People — qu’il faut absolument renommer — dans tout ça est très mal amené. Personne, à aucun moment, n’a posé la moindre question ou senti l’embrouille à peine dissimuler de la situation. En nous faisant croire à la disparition définitive de l’un de ses personnages principaux, la fin de l’épisode tente quelque chose d’intéressant qui pourrait sauver ce qu’il reste à sauver et permettrait de se débarrasser habilement d’un poids mort. Bien que l’envie d’y croire ne manque pas, il ne s’agit probablement que d’un contretemps et tout reviendra à la normale très vite…
Ce qui dérange avec l’épisode n’est pas tant son histoire, pas plus tarabiscotée que d’habitude, mais la perte de cohérence générale. Par exemple, rien ne justifie l’absence de certains personnages comme Murphy (Richard Harmon) ou Abby (Paige Turco). Les dialogues passent continuellement d’étonnamment bons à terriblement mauvais. Le rythme est saccadé, l’ambiance et les décors manquent d’unité et d’harmonie — mention spéciale à la kitchissime salle avec les squelettes.
Pour finir avec un peu de positif, on peut notamment relever une confrontation qui se dessine entre Clarke et Madi (Lola Flanery) qui gagne en confiance. Plus pragmatique, on peut remercier la sélection génétique de la planète Alpha pour ses habitants toujours plus sexy et agréables à l’œil.
Après un départ intrigant et bien mené, cette saison 6 commence à s’enfoncer dans une intrigue pas dénuée d’un intérêt, mais trop ambitieuse et dispersée. Tiré vers le bas par une poignée de personnages insupportables et l’absence de ses bons éléments, cet épisode n’a même pas l’investissement émotionnel du spectateur pour lui. Comme toujours, The 100 parvient à relancer notre intérêt avec quelques bonnes idées, mais il devient urgent de les exploiter correctement.