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Séries The Affair Saison 4 : Remise à flots

The Affair Saison 4 : Remise à flots

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the affair saison 4 - The Affair Saison 4 : Remise à flots

Attention ! Cet article contient des spoilers sur un évènement majeur de la deuxième moitié de la saison, vous voilà prévenus.

Une première saison séduisante, une seconde qui peinait à confirmer et une troisième au mieux maladroite, mais plus vraisemblablement totalement ratée. The Affair semblait suivre le chemin classique des nombreuses productions dépassées par leur concept qui n’ont pas su s’arrêter et tombent dans la médiocrité. C’était sans compter sur cette quatrième saison qui a créé la surprise à bien des niveaux et a délivré certains des meilleurs épisodes de la série.

Après un traditionnel saut dans le temps, on retrouve nos personnages à des tournants de leur vie, éclatés aux quatre coins des États-Unis. Noah (Dominic West) commence un nouveau job de professeur dans un lycée difficile tandis qu’Helen (Maura Tierney) et Vik (Omar Metwally) prennent un nouveau départ en Californie. De leur côté, Cole (Joshua Jackson) et Alison (Ruth Wilson) vivent toujours à Montauk et reprennent en main leur avenir suite à la vente de leur restaurant.

On efface (presque) tout et on recommence

Après l’échec de la saison 3, The Affair repart sur de bonnes bases en se recentrant sur ce qui fait sa réussite. Débarrassée des enquêtes pseudo-criminelles et des relations extraconjugales poussives, la série creuse enfin le passé de ses héros, leurs démons intérieurs, leurs craintes et leurs doutes. Plus psychologique, presque thérapeutique, cette saison 4 utilise moins d’artifices et gagne en nuances.

L’équipe de Sarah Treem revient également à une écriture plus déstructurée et incisive, moins faignante. Les doubles perceptions qui font toute la spécificité de la série retrouvent la pertinence des débuts, que cela soit au détour de conversations du quotidien ou lors d’évènements majeurs.

Malgré le renouveau de cette année, The Affair conserve quelques stigmates de ses mauvais choix et ne parvient notamment pas à insuffler suffisamment de rythme. Quelques lourdeurs d’écriture, indignes du niveau global de la série et de ses acteurs, persistent également, cristallisées par la retraite grotesque de Cole et l’insupportable voisine d’Helen. La magistrale fin de saison rattrape le coup pour cette fois, mais l’avertissement pour l’an prochain est réel.

Une saison tout en introspection…

C’est Noah le premier à profiter du remaniement général. Précédemment antipathique, le personnage redevient un touchant benêt égoïste et maladroit qui reconnaît enfin son comportement de goujat. Sans chercher la rédemption, il souhaite aujourd’hui reconnecter avec ses enfants, regagner le respect de ses ex-femmes et à compter dans la vie de ses étudiants. C’est d’ailleurs dans sa relation de confiance avec le jeune Anton qu’il s’affirme à nouveau en homme droit et solide.

Le blason de Noah redoré, le personnage est laissé en retrait pour mettre en lumière Helen, Cole et Alison. On observe alors avec beaucoup de tendresse le parcours de gens malheureux tentant désespérément d’être de bonnes personnes. Ils sont tous sur un long chemin d’acceptation qu’ils gèrent à leur façon. Les relations entre les protagonistes sont également ébranlées et certains duos — Helen/Noah et Cole/Noah en tête — s’avèrent particulièrement touchants.

…Marquée par une bouleversante tragédie

Alors que The Affair n’a jamais été une série où l’on craint pour les personnages principaux, elle a fait un pari extrêmement risqué en faisant disparaître violemment l’un de ses piliers, Alison. Ambitieux et percutant autant dans sa lente mise en place que dans sa présentation au public, cet évènement bouleversant remet en perspective l’entièreté de la série, poussant son analyse de notre perception entre fantasme et réalité jusqu’à son paroxysme.

Alors que la thèse dévastatrice du suicide est annoncée, la vérité est révélée dans un touchant et grandiose huis clôt, soulignant une dernière fois le talent de Ruth Wilson. Difficile et complexe sans être ambigu, ce chant du cygne pour le personnage est un tour de maître qui confirme que The Affair est bel et bien de retour, et plus en forme que jamais.

Alison n’a pas été épargnée par la vie, brisée et trahie à de multiples reprises, on ne peut que garder un sentiment d’injustice et un goût d’inachevé face à ce départ inattendu, mais c’est là tout l’effet recherché. La vie n’est pas juste, mais c’est dans les plus grands drames que se ravive une incroyable volonté de vivre malgré tout.

Noah : We’re lucky to be alive.

Cette saison marquée par le deuil est une réussite que l’on n’attendait plus. The Affair rappelle qu’elle a des choses à dire et le fait avec force, toujours portée par un excellent casting et une réalisation léchée. Une cinquième et dernière saison est prévue sur Showtime l’an prochain et devra composer avec la lourde absence d’Alison, tout en offrant à ses héros une conclusion douce-amère à la hauteur de leur charisme.


Les trois premières saisons de The Affair sont à ce jour disponible en DVD.