Si The Big Bang Theory a le succès d’audience qu’on lui connaît, elle est de qualité plus qu’aléatoire depuis des années. Elle ronronne gentiment, se regardant d’un œil et grappillant ci et là des sourires polis et quelques rares rires. Maintenant à sa saison 9, les aventures de cette bande de geeks sont loin de ce qu’elles étaient à leurs débuts.
Bien qu’incapable d’arrêter, la série a peiné à m’intéresser en étant sur un plan narratif statique, avec des développements ankylosés par des blagues en roue libres et redondantes. La situation a néanmoins changé avec sa saison 9 qui parvient à renouer un peu avec ce qui a fait le sel des débuts tout en prenant en compte les évolutions nécessaires à une production qui est à l’antenne depuis aussi longtemps.
Le principal reproche que l’on pouvait faire à The Big Bang Theory, c’était l’omniprésence de Sheldon. Vampirisant continuellement l’écran et ses partenaires, le scientifique restait enfermé dans le rôle du sociopathe à qui l’on pardonne tout sans raison apparente, se sortant toujours des pires réflexions qu’il pouvait faire à ses amis. À l’image de Barney dans How I Met Your Mother, son rôle devint au fil des années de plus en plus énervant sans évoluer d’une once.
Un changement était pourtant attendu avec l’arrivée d’Amy en tant que petite amie attitrée. Si les termes étranges de leur relation pouvaient faire sourire, il a fallu patiener jusqu’à cette saison 9 pour que cela fasse impacte concrètement les personnages et l’humour de la série. Après leur séparation et avec leur première fois au lit, cela a débloqué Sheldon de certaines de ses inhibitions et, comme par magie, a renouvelé son rôle dans la série. Se départissant alors de son détachement social, il trouve une nouvelle dynamique au sein du groupe et c’est loin d’être un mal.
D’une certaine manière, cette saison 9 de The Big Bang Theory parvient à se faire la synthèse des changements opérés depuis deux-trois ans. Le mariage de Howard et Bernadette prend enfin l’importance qu’il devait avoir, donnant aux personnages une présence aussi drôle que désormais nécessaire à l’équilibre du groupe. Il en est de même pour celui de Penny et Leonard, moins conventionnel, mais permettant de sortir le couple de la torpeur et de lui offrir autre chose à faire qu’un éternel chassé-croisé amoureux.
Sur le même tempo, Amy et Bernadette s’extirpent de leurs postures de sidekicks de leurs petits amis. Ainsi, elles ont leurs propres intrigues, interagissent régulièrement avec les autres, multipliant les combinaisons et développant un humour qui ne se résume plus à des références de la culture geek ou à la difficile interaction sociale des garçons. Cela a été autant bénéfique à elles qu’à Sheldon et Howard.
Penny reste le centre névralgique de la série aux côtés de Sheldon. Leur duo fonctionne toujours sur le mode de l’incompréhension et du choc culturel, mais prend désormais en compte des années d’amitié où ils se sont apprivoisés et compris. De plus, la jeune femme a su développer des relations avec les filles arrivées en cours de route, offrant un contrepoids de taille à la bande du début. Tout cela porte ses fruits aujourd’hui.
Ce regain d’intérêt est tout de même à modérer. Si la série renoue avec un humour qui peut faire mouche, cela est loin d’être régulier. La faute principalement à une incapacité des scénaristes à donner un matériel équivalent à tous les personnages. Si Sheldon, Penny, Amy, Howard et Bernadette sont plutôt bien lotis ces derniers temps – grâce à l’intrigue de la grossesse ou celle de la première fois de Sheldon notamment – Leonard et Raj trainent leur peine. Ils se retrouvent souvent spectateurs des histoires de leurs amis, écrasés par leurs partenaires ou même incapables d’avoir une storyline réellement intéressante. Et ce n’est pas les sempiternels atermoiements de Raj sur ses relations avec la gent féminine qui changera les choses.
The Big Bang Theory ne sera jamais la grande sitcom pouvant faire de l’ombre à ses illustres aînés. Cependant, et malgré des problèmes toujours présents, cette neuvième saison réussit à retrouver une fraîcheur et un humour disparus depuis longtemps. Elle a enfin su évoluer et faire de son âge, de ses histoires, de ses personnages, une force plutôt qu’une constante faiblesse.