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Séries The Deuce Saison 1 : Dans les rues du New York ’70s de David Simon

The Deuce Saison 1 : Dans les rues du New York ’70s de David Simon

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The Deuce Saison 1 - The Deuce Saison 1 : Dans les rues du New York '70s de David Simon

Nostalgie aidant, la télévision américaine se tourne vers les années 70 et 80 de façon de plus en plus régulière ces dernières années. Cela dit, il ne fallait pas compter sur George Pelecanos et David Simon pour verser dans ce type de sentiment ou pour tenter un quelconque hommage avec The Deuce, leur nouvelle série HBO qui nous ramène donc à New York dans les ‘70s.

Là où Vinyl paraissait surtout préoccupée par son univers et sa bande-son, la première saison de The Deuce suit une direction que l’on pourrait qualifier de contraire. La série nous plonge dans un quartier en transformation, auprès de ceux qui parcourent ses rues – du barman aux prostituées en passant par la police, la mafia, les proxénètes et ceux qui se sont perdus et avaient nulle part où aller. Le tout s’articule en grande partie autour de Vincent Martino (James Franco) dont le bar s’impose comme étant — figurativement parlant — le cœur de ce microcosme atypique.

Quand on voit que le créateur de The Wire et Tremé a une nouvelle série, on sait dès le départ ce que l’on va avoir — un récit humaniste avec ses tragédies, ses occasionnels moments de joie, son fatalisme et un étrange optimisme qui ne semble jamais être à sa place.

La recette fonctionne, en grande partie parce que les auteurs sont avant tout intéressés par ce que traversent leurs personnages. Sans fioritures, The Deuce nous offre donc une galerie de portraits qui ne sont jamais simples, mais qui ne sont jamais vraiment compliqués pour autant. En huit épisodes, cette première saison nous donne l’occasion de nous attacher à des hommes et des femmes dont le quotidien nous est étranger, mais cela ne les rend pas inaccessibles pour autant, bien au contraire.

La série nous parle ainsi de l’industrie du sexe, de la prostitution à la pornographie. Étonnamment, c’est ce second angle qui fut promu, mais il n’apparait réellement que dans le dernier tiers de cette première saison. Quoi qu’il en soit, une fois que l’on creuse un peu, il est surtout question d’argent, de moralité et de choix de vie. Ces derniers ne sont pas toujours les plus simples à comprendre, mais chaque personnage à son histoire et ce moment où il a fallu prendre une décision.

Cela n’est jamais aussi évident qu’avec Eileen « Candy » Merrell (Maggie Gyllenhaal). Prostituée indépendante au point de départ, elle se voit poussée à bout, forcée de choisir entre continuer sur une route qui semble la condamner à disparaitre ou tenter de creuser son propre chemin.

Pour d’autres, cela ne sera pas forcément mis en avant de façon aussi évidente, mais ce sont bien ces décisions critiques qui donnent à The Deuce son poids dramatique.

Bien entendu, avec un tel sujet, Pelecanos et Simon ne manquent pas de matériel pour délivrer un récit substantiel. On peut dans ce sens saluer l’effort qu’ils font pour se focaliser sur l’expérience des personnages et ne pas verser dans une glamourisation du sexe qui aurait sérieusement entamé la pertinence de leur approche créative.

D’ailleurs, à l’image de leur précédente série, les scénaristes ne manquent également jamais une occasion pour mettre en valeur comment la politique, le système judiciaire, la nature humaine et la culture locale s’entremêlent.

The Deuce délivre ainsi ce que l’on pouvait attendre d’une série de David Simon et un peu plus également. Cette première saison propose un récit authentique qui est dans ce sens unique et qui rend le visionnage d’autant plus captivant. Une fois que l’on a appris à connaitre ceux qui parcourent les rues du Deuce, il est difficile de leur dire au revoir.