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The Divide, Saison 1 : Justice bafouée

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The Divide saison 1 Marin Ireland - The Divide, Saison 1 : Justice bafouée

Malgré les efforts de son organisation, Christine Rosa ne parvient pas à empêcher l’exécution de Jared Bankowski qui a été jugé coupable d’une famille noire il y a 11 ans. Avant de partir, Jared révèle que Terry Kucik, qui fut condamné en même temps que lui, est innocent et que le véritable meurtrier est toujours en liberté.

Pour sa première série scriptée, WE tv se tourne avec Richard LaGravenese et Tony Goldwyn (Scandal) qui ont ainsi créé avec The Divide un drame judiciaire. L’approche n’est aucunement procédurale, car la volonté des créateurs est d’offrir un récit explorant les problèmes d’éthique, de morale, de politique et de race dans le système judiciaire américain d’aujourd’hui.

C’est un projet clairement ambitieux, mais cette première saison parvient à jongler aisément avec toutes ses thématiques pour donner le jour à une histoire qui devient vite captivante, qui ne manque pas de rebondissements et, bien entendu, qui pousse à la réflexion.

Pour arriver à ce résultat, The Divide ne se focalise pas sur un point de vue, mais sur deux, puisque l’on suit d’un côté Christine Rosa (Marin Ireland), une jeune femme dévouée à son travail pour l’Innocence Initiave qui aide les condamner à mort à essayer de prouver qu’ils ne sont pas coupables ; de l’autre, nous avons Adam Page (Damon Gupton), un procureur ambitieux qui a fait sa carrière sur la condamnation du présumé meurtrier d’une famille afro-américaine. C’était une affaire majeure, autant à cause de la violence du crime que pour son angle racial.

Onze années ont passé et tout cela remonte donc à la surface avec l’exécution de Jared Bankowski (Chris Bauer) qui devait pourtant mettre un point final à tout cet épisode dramatique, mais qui rouvrira au lieu de ça la plaie d’une manière inattendue. Des questions de culpabilités sont alors logiquement posées, mais ce n’est qu’un moyen pour nous conduire vers des réflexions plus poussées sur les défaillances du système qui nous entraineront vers une remise en cause des hommes qui le font fonctionner et qui peuvent le corrompre pour leurs propres intérêts.

Si la quête menée par Christine prend les devants grâce à l’établissement de ses motivations qui permettent d’établir une accroche plus personnelle à l’histoire, c’est avant tout avec le procureur Adam Page et sa famille que The Divide gagne une réelle épaisseur dans son propos.

Avec Adam, la question raciale est abordée de manière pertinente et de plus en plus directement au fur et à mesure que refont surface les détails de l’affaire. Son père offre notamment une perspective historique qui révèle les symptômes liés à un mal encore bien trop vivace chez les Américains. À cela, s’ajoutera un angle politique qui fait ressortir des problématiques plus contemporaines qui feront échos à une forme de racisme plus subversive qui a germé dans la situation socio-économique actuelle.

En dépit de ses thématiques parfois sensibles, cette première saison fonctionne réellement parce qu’elle développe ses personnages avant de les utiliser pour affirmer son propos. En faisant de la sorte, les scénaristes évitent de sonner comme des donneurs de leçon, puisque tout ce qu’ils veulent explorer est introduit par la progression logique d’Adam et de Christine. Ce n’est donc majoritairement pas fait poussivement, à l’exception de la partie liée au véritable tueur qui tend occasionnellement à s’aventurer sur une voie plus traditionnelle qui frôle à l’occasion le sensationnalisme durant les derniers épisodes. Ce n’est cependant pas un réel handicap, car cela fait sérieusement grimper les enjeux et l’évolution de l’intrigue en devient alors encore plus captivante.

Cette première saison de The Divide peut ainsi privilégier le pur divertissement par moment, mais cela n’occulte jamais les questions qui sont soulevées pendant le développement progressif des différentes thématiques de l’histoire. La notion de justice est analysée grâce à des arguments qui sont délivrés par d’excellents acteurs – Damon Gupton et Clarke Peters en tête – qui entretiennent impeccablement les nuances nécessaires pour éviter de tomber dans la caricature. Le résultat final est donc aussi efficace que réfléchi, une combinaison qui est peut-être trop rarement aussi bien mise en œuvre.

Malheureusement, The Divide a été annulée et n’aura donc pas de véritable conclusion, la fin de sa saison 1 restant ouverte.

Cet article a été publié en septembre 2014. Il est remis en avant à l’occasion de la diffusion sur 13ème Rue, à partir de ce lundi 1er avril.