Octobre est le mois de l’horreur. À cette occasion, Critictoo vous aide ainsi à avoir quelques frissons à l’aide d’une sélection d’articles.
Pendant un bref moment, la chaine américaine FOX a donné le jour à des projets improbables qui ont étrangement bien fonctionné. Ce fut le cas avec L’arme Fatale (Lethal Weapon) et une autre adaptation, celle de The Exorcist — qui se basa autant sur le film de William Friedkin que sur le roman qui l’a inspiré écrit par William Peter Blatty.
Il s’agit donc d’un thriller horrifique qui se retrouvera par ailleurs connecté avec l’histoire de la jeune Regan MacNeil. C’est une des nombreuses ramifications de la mythologie que cette série développée par Jeremy Slater explore. Au point de départ cependant, les choses sont assez simples.
La première saison débute de nos jours à Chicago — la seconde se concentra sur un autre exorcisme prenant place sur une île sur la côte de Seattle. Au commencement, nous suivons ainsi le père Tomas Ortega (Alfonso Herrera) qui est confronté à un cas de possession. La fille d’Angela Rance (Geena Davis) montre des signes qui ne trompent pas. Il demande alors de l’aide à un spécialiste, le père Marcus Keane (Ben Daniels) que l’Église préfèrerait tenir éloigné de toute l’affaire.
Fidèle au matériel d’origine, The Exorcist s’ancre dans la réalité et laisse ses éléments aussi fantastiques qu’horrifiques s’immiscer doucement dans le récit de manière intrigante et terrifiante. Cette approche nous donne quelques scènes perturbantes qui doivent par ailleurs beaucoup à la direction artistique du show. Bien que l’on ne retrouve pas la pâte visuelle de Friedkin, ce portage télévisuel n’est pas en reste dans le domaine. Outre les occasionnels et inévitables jeux avec le brouillard et les lampadaires, la série bénéficie d’une très belle cinématographie qui renforce son identité particulière et qui amplifie son côté horrifique de façon organique.
Si la famille Rance est au cœur de la première saison et celle d’Andy Kim (John Cho) occupe celui de la seconde, l’histoire est en premier lieu celle du Père Tomas (Alfonso Herrera) et de l’exorciste Marcus Keane (Ben Daniels). Elle est compliquée dès le départ et se construit de manière fascinante à travers les épreuves qu’ils doivent traverser ensemble pour sauver des victimes innocentes possédées par des démons. Leur passé, leurs erreurs, leurs désirs et leurs peurs sont exploités par leurs ennemis – adoptant des formes toujours plus dérangeantes – pour tenter de les faire basculer de leur côté, offrant alors un conduit parfait pour l’introspection et une exploration de la morale et de la notion de culpabilité.
The Exorcist ne renie peut-être jamais sa part fantastique (ni son angle religieux), mais elle s’impose ainsi avant tout comme étant un drame humain qui se focalise sur la construction et la déconstruction de ses protagonistes. L’écriture fait la part belle au développement des personnages, que ce soit à propos des dilemmes auxquels font face Tomas et Marcus ou de ce qui a permis aux Démons d’entrer dans les familles affectées.
Ce qui aurait pu être une adaptation sans saveur se révèle dès le départ être autant un hommage qu’une œuvre à part qui embrasse sa nouvelle forme pour devenir à son tour fascinante et pertinente. The Exorcist est une véritable série d’horreur dont l’ambiance est parfaitement maitrisée pour jouer avec les recoins sombres et faire grimper le niveau d’anxiété, mais c’est aussi et surtout un drame psychologique qui ne cède jamais aux facilités et qui explore de façon vivide le rapport complexe que nous entretenons avec les notions de bien et de mal.
Les deux saisons de The Exorcist sont disponibles en France sur le service de streaming Amazon Prime Video.
