Aller au contenu
Séries The Frankenstein Chronicles : Entre mystère policier et réflexion sur l’humanité (sur Canal+ Séries)

The Frankenstein Chronicles : Entre mystère policier et réflexion sur l’humanité (sur Canal+ Séries)

  • par
  • 5 min read

the frankenstein chronicles saison 2 - The Frankenstein Chronicles : Entre mystère policier et réflexion sur l’humanité (sur Canal+ Séries)

200 ans après sa publication, le Frankenstein de Mary Shelley continue d’inspirer de nombreux auteurs et de donner le jour à de multiples adaptations et autres créations comme The Frankenstein Chronicles. Cette série de Benjamin Ross et Barry Langford prend comme d’autres avant elle des libertés pour explorer les thématiques de ce roman indémodable du XIXe siècle.

Diffusée en Angleterre sur ITV Encore (qui a aujourd’hui fermé ses portes) et chez nous sur Canal+ Séries, The Frankenstein Chronicles combine les éléments de différents genres pour prendre vie. Elle se présente comme un period drama empruntant à Dickens ou, pour les fans de Sean Bean, multipliant les références à Sharpe ; elle vogue du côté plus horrifique et gothique, nous renvoyant à des productions comme Ripper Street et Penny Dreadful ; elle est aussi une série policière feuilletonnante où les éléments fantastiques vont progressivement prendre le dessus.

Tout cela donne vie à une œuvre à l’atmosphère légèrement lugubre, une étude psychologique poussée de son personnage principal et une exploration étrangement fascinante des codes de l’époque.

Une investigation sous forme d’un puzzle

Au commencement, The Frankenstein Chronicles suit Sean Bean dans la peau de l’inspecteur John Marlott qui enquête sur une série de crimes pouvant avoir été réalisé par un homme cherchant à empêcher le passage de l’Anatomy Act. Cette loi permettrait aux docteurs, enseignants et étudiants en médecine de disséquer les corps donnés à la médecine et contrecarrait en même temps le trafic illégal de corps humains.

S’ensuit pour Marlott une difficile investigation qui, à l’image du cadavre qu’il a retrouvé, se présente comme une sorte de puzzle où il doit rattacher différents éléments ensemble pour réussir à trouver la vérité. L’intrigue est déroulée sans précipitation sur six épisodes composant la première saison. Les scénaristes choisissent de prendre leur temps et de bien tout mettre en place pour mieux mener à l’identité du docteur Frankenstein de leur histoire.

Si le mystère n’est pas total passé un certain point du récit, reste que The Frankenstein Chronicles a plus d’un argument en sa faveur pour justifier de voir exactement comment Marlott va arriver à découvrir la vérité. Son atmosphère prenante est parfaite pour que les monstres hantant les personnages — abstrait ou non — sortent en plein jour.

De plus, The Frankenstein Chronicles prend à bras le corps l’œuvre de Mary Shelley, jusqu’à faire de l’auteure (Anna Maxwell Martin) un personnage à part entière de son récit venu passer son monstre, sa création qui l’aura hanté, à quelqu’un d’autre.

Ce n’est pas la seule figure historique présente, la série intégrant également William Blake (Steven Berkoff), Charles Dickens (ou Boz, le journaliste joué par Ryan Sampson) et Ada Lovelace (Lily Lesser) en saison 2. Les scénaristes ne craignent pas de tordre la ligne temporelle ou même un peu l’histoire pour utiliser ces personnes dans le but de faire progresser le récit ou explorer une thématique de leur œuvre. Lovelace, surtout, a avant tout pour vocation d’interroger sur l’évolution (scientifique, technologique) et le rapport entre l’homme et sa création — sujet qui domine dans la saison 2.

Le fantastique de Frankenstein

Dans sa seconde saison, la série embrasse sa composante surnaturelle. Celle-ci interroge sur la frontière entre les vivants et les morts, la science et ses dérives, pour mieux étudier le monstre, son créateur et ce qui fait de l’un ou de l’autre un être humain.

The Frankenstein Chronicles explore une problématique classique à l’œuvre à travers la relation qui lie l’homme, sa création et Dieu pour mieux étudier les frontières existantes et mener en même temps au débat sur la corruption de l’Eglise, du pouvoir et de la royauté.

La seconde saison devient inexorablement une sorte de quête pour Marlott qui doit se reconstruire pour retrouver sa place dans le monde dans lequel il vit. Laissé à lui-même, trouver et exposer la vérité revient également à donner du sens à ce qu’il est devenu dans un monde qui rejette si aisément la différence. En décortiquant la mort et le deuil avec une approche généralement mélancolique, The Frankenstein Chronicles aborde avant tout ce que cela signifie d’être en vie.

Au cours de ses deux saisons, The Frankenstein Chronicles s’affirme comme une œuvre qui cultive son ambiance pour mieux emporter dans son univers sombre. Elle nous offre une peinture sociale intéressante qui trouve ses éléments les plus glauques dans son époque et ses personnages à la moralité douteuse. Elle s’affirme également comme une œuvre qui floute la ligne entre réalisme et fantastique, avant de simplement embrasser le second dans le but de mieux contempler la frontière entre la vie et la mort avec mélancolie, mais aussi espoir.


Les deux saisons de Frankenstein Chronicles forme un tout, une histoire complète qui a évolué au fil des épisodes pour nous mener à une conclusion satisfaisante tout en laissant à la fin une porte ouverte, tournée vers un avenir pour le moment incertain — le futur de la série n’a pas encore été officialisé.

Les deux saisons de The Frankenstein Chronicles sont disponibles en DVD. Publié en mars, cet article est remis en avant à l’occasion de la diffusion de la saison 2 sur Canal+ Séries à partir de ce jeudi 17 mai à 20h50.