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Bilans de Saisons The Get Down : Il était une fois le hip-hop (sur AB1)

The Get Down : Il était une fois le hip-hop (sur AB1)

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Grosse production de Netflix en son temps, The Get Down arrive sur la chaine AB1 qui propose ainsi de (re)découvrir la première et unique saison de cette ambitieuse série musicale, qui fut mise en ligne sur la plateforme de streaming en deux fois — en août 2016, puis en avril 2017 (et qui s’y trouve bien évidemment toujours).

Nous venant  de Baz Luhrmann avec l’aide plus que notable de Grandmaster Flash, Kurtis Blow et Nas, The Get Down nous ramène dans les années 70 pour s’intéresser à la naissance du hip-hop à travers l’histoire d’un groupe de jeunes. Plus spécifiquement, le récit s’articule autour du talentueux Ezekiel « Zeke » Figuero (Justice Smith) qui est déterminé à se faire une place dans ce monde. Ce dernier est au centre d’un triangle « amoureux » : Mylene (Herizen F. Guardiola), celle qu’il aime et Shaolin Fantastic (Shameik Moore), artiste des rues, se battent pour l’âme d’artiste d’Ezekiel.

Le hip-hop dans la peau

The Get Down prend place à une période qui est artistiquement et socialement parlant en ébullition. Le choix est fait dès le début de favoriser un traitement qui embrasse les éléments mystiques liés à la culture hip-hop. Apprendre cet art revient plus ou moins à suivre une formation avec un maitre en arts martiaux dans The Get Down, Grandmaster Flash (Mamoudou Athie) étant celui qui guide le groupe de Shaolin Fantastic auquel appartient Ezekiel.

Si cette approche peut désarmer, elle a le mérite de faire souffler un vent de fraicheur sur l’ensemble de la saison et de donner à l’apprentissage un dynamisme qui aurait pu lui manquer. La création de l’art reste quelque chose d’assez répétitif, soyons honnêtes et ce n’est pas toujours aisé de représenter les heures de travail continu.

Avec des jeunes plus que déterminés à obtenir ce qu’ils veulent envers et contre tous, The Get Down ne craint pas d’embrasser ses excès et ses facilités scénaristiques pour rendre leur aventure divertissante et motivante. La série s’affirme comme une œuvre surchargée autant sur un plan visuel que narratif, ayant une tendance à se disperser pour en dire le plus possible avec le peu de temps imparti. Il ressort des problématiques qui sont approchées, mais pas creusées.

Le parcours de Mylene représente bien la dualité de la série, entre le rêve musical et une réalité plus sordide. Déterminée à y arriver malgré l’opposition de son père pasteur, la jeune femme doit naviguer dans un environnement où ses ambitions personnelles entrent en collision avec les manigances de son manager et l’exploitation religieuse. Cependant, les excès rendent cette histoire terriblement clichée.

Dans The Get Down, les immeubles brûlent en fond, nous rappelant habilement les conditions sociales sans pour autant que cela ne devienne à un moment ou un autre le sujet qui domine. L’ensemble reste entrainant, même lorsqu’il est question de parler de corruption politique et des malversations qui rongent le coin. Alors que la série embrasse l’intensité qui accompagne la création de l’art, elle n’en fait pas autant pour le reste. Les sentiments les plus intenses (au-delà de l’amour !) sont avant tout retranscrits à travers la poésie d’Ezekiel.

La violence est présente à travers la baronne de la drogue Fat Anny (Lillias White) et des touches de noirceurs s’invitent dans les relations qu’elle entretient avec son fils Cadillac et Shaolin Fantastic, tout simplement malsaines. The Get Down aborde tant bien que mal la difficulté de s’extirper d’un tel environnement ou de choisir son art au risque de tout perdre.

Cependant, il n’est pas question de laisser les aspects les plus sombres prendre le dessus sur l’approche exubérante ou colorée qui est continuellement favorisée. Cela affecte la tension qui a souvent du mal à grimper pour faire monter dignement les enjeux.

Un feu d’artifices trop coûteaux

Malgré ses défauts, on ne peut pas dire que The Get Down n’en jette pas un peu. Et il y a une bonne raison à cela. Avant même d’arriver, la série avait fait couler beaucoup d’encre pour ses déboires en coulisses. Les problèmes n’auront eu de cesse de s’empiler, les scénarios écrits, jetés, réécrits au point d’être surnommés « The Shut Down » par certains scénaristes. Naturellement, une production hors de contrôle est accompagnée d’un dépassement de budget. S’il n’a jamais été confirmé combien la première saison de The Get Down avait coûté, on parlait déjà de 190 millions de dollars alors que le tournage n’était pas encore terminé — et qu’il y avait donc encore des dépenses.

Se repencher sur The Get Down quelques années après sa mise en ligne sur Netflix nous rappelle à quel point le service de streaming est devenu une machine à produire, avec ses formules bien établies détachées de toutes problématiques artistiques, ses équations spécifiques ayant pour but d’assurer un certain succès.

The Get Down n’est alors plus vraiment le genre de productions que Netflix peut nous offrir actuellement, une œuvre qui s’est écrasée sous son propre poids, mais qui brillait de mille feux. Aujourd’hui, il est difficile d’imaginer que l’algorithme Netflix pourrait laisser une telle série voir le jour. Si les budgets de certaines productions sont devenus colossaux, le hasard n’a plus sa place sur la plateforme. Quelques années ont passé, et il est donc difficile de ne pas se dire que de son « échec », Netflix a tiré des leçons qui ne sont pas forcément les bonnes.

Au final, The Get Down est une série qui ne manquait pas d’ambitions, mais dont l’énergie fut mal canalisée. Entre problème économique et raccourcis scénaristiques, on obtient une œuvre scintillante bancale. Elle s’achève en laissant bien des destins en suspens et au tournant d’un moment historique nous signifiant qu’il y avait encore beaucoup à raconter et reste dès lors une œuvre inachevée. The Get Down avait les yeux plus gros que le ventre, animée par une passion indiscutable.


The Get Down est diffusée sur la chaine AB1 à partir de ce jeudi 5 décembre à 20h45, avec deux épisodes par soirée.

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