Aller au contenu
Séries The Get Down : Il était une fois le hip-hop

The Get Down : Il était une fois le hip-hop

  • par
  • 5 min read

The Get Down Saison 1 Partie 1 - The Get Down : Il était une fois le hip-hop

Après Vinyl sur HBO qui se proposait de nous entrainer dans les couloirs d’une maison de disques à New York dans les années 70, Netflix veut aussi faire nous faire monter le volume jusqu’à 11 avec The Get Down.

Série qui aura fait couler de l’encre pour ses déboires en coulisses – entre départ des showrunners et dépassement de budget –, The Get Down nous arrive non pas avec l’intégralité de sa saison 1, mais simplement de sa première partie composée de 6 épisodes.

Nous venant finalement de Baz Luhrmann avec l’aide plus que notable de Grandmaster Flash, Kurtis Blow et Nas, The Get Down veut nous relater la naissance du hip-hop à travers l’histoire d’un groupe de jeunes. Plus spécifiquement, le récit s’articule autour du talentueux Ezekiel « Zeke » Figuero (Justice Smith) qui est déterminé à se faire une place dans ce monde. Ce dernier est au centre d’un triangle « amoureux » si on peut dire, avec Mylene (Herizen F. Guardiola), celle qu’il aime et Shaolin Fantastic (Shameik Moore), artiste des rues qui se battent pour l’âme d’artiste d’Ezekiel.

Subtil n’est pas un adjectif que l’on collerait à Baz Luhrmann, le genre de réalisateur qui voit les choses en grand et qui ne craint pas de trop en faire, quitte à ce que cela s’écroule sous son propre poids. C’est alors sans trop de surprise que The Get Down s’affirme dès son pilote comme une série surchargée autant sur un plan visuel que narratif. La suite se chargera de trouver un juste équilibre entre les différents éléments même si le récit en lui-même tend parfois à se disperser – ou plutôt à nous laisser entrevoir autre chose qui n’a pas le temps d’être creusé.

The Get Down se passe à une période qui est artistiquement et socialement parlant en ébullition. Cela, on ne pourra pas dire que cela ne se ressent pas. Le choix est fait dès le début de favoriser un traitement qui embrasse les éléments mystiques liés à la culture hip-hop. Apprendre cet art revient plus ou moins à suivre une formation avec un maitre en arts martiaux dans The Get Down, Grandmaster Flash (Mamoudou Athie) étant celui qui guide le groupe de Shaolin Fantastic auquel appartient Ezekiel.

Si cette approche peut désarmer, elle a le mérite de faire souffler un vent de fraicheur sur l’ensemble de la saison et de donner à l’apprentissage un dynamisme qui aurait pu lui manqué. La création de l’art reste quelque chose d’assez répétitif, soyons honnêtes et ce n’est pas toujours aisé de représenter les heures de travail continu.

Avec des jeunes plus que déterminés à obtenir ce qu’ils veulent envers et contre tous, The Get Down ne craint pas d’embrasser ses excès et ses facilités scénaristiques pour rendre leur aventure divertissante et motivante. Il est difficile de ne pas se dire que cela ne fut pas si compliqué que cela pour Mylene, malgré un père pasteur (Giancarlo Esposito) qui voit d’un mauvais œil ses ambitions de chanteuse et veut remettre sa fille sur le droit chemin. La musique finira par réunir tout le monde pour nous emporter sur la route du succès. Bien entendu, il va de soi que l’histoire a sûrement des twists en stock pour sa seconde partie de saison.

The Get Down s’impose alors comme une œuvre énergique qui n’ignore pas la tragédie de l’époque, mais refuse de vraiment s’y confronter. La violence est présente à travers la baronne de la drogue Fat Anny (Lillias White), mais celle-ci ne prend jamais le dessus. Même lorsqu’elle est montrée, la tension n’est jamais à son maximum et c’est avant tout l’attachement pour Shaolin Fantastic qui permet de ne pas pleinement décrocher lorsque l’intrigue part dans cette direction.

Les immeubles brûlent en fond, nous rappelant habilement les conditions sociales sans pour autant que cela ne devienne à un moment ou un autre le sujet qui domine. Le contexte économico-social n’est pas ignoré, il n’est juste pas vraiment développé pour illustrer la dureté de la vie dans le Bronx. L’ensemble reste entrainant, même lorsqu’il est question de parler de corruption politique et des malversations qui rongent le coin. Alors que la série embrasse l’intensité qui accompagne la création de l’art, elle n’en fait pas autant pour le reste. Les sentiments les plus intenses (au-delà de l’amour !) sont avant tout retranscrits à travers la poésie d’Ezekiel.

C’est un choix qui peut se comprendre, mais qui représente assez bien le fait que The Get Down a une tonne de choses à faire et pas vraiment le temps et parfois même simplement la patience pour s’y arrêter. Elle ouvre néanmoins des portes qu’elle pourra explorer par la suite et qui sont pleines de promesses en terme artistique et social, comme l’histoire de Dizzee (Jaden Smith). Le tagueur finit par nous emmener dans d’autres sphères, mais le reste du périple prend clairement place dans la suite.

À l’arrivée, ces 6 épisodes de The Get Down forment le premier arc ayant pour but de nous introduire dans un environnement assez survolté, où l’art émerge des ruines et d’une douleur cachée qui fait partie du quotidien. On aurait pu faire avec quelques clichés en moins (comme la relation Papa Fuerte et Lydia, la mère de Mylene), mais l’ensemble est suffisamment désinvolte, coloré et surchargé pour que l’on puisse passer outre à ce stade et simplement se laisser porter par le rythme.