Cet article couvre la seconde moitié de la saison 2 de The Good Fight et contient des spoilers. Vous pouvez lire le retour sur la première mi-saison ici.
Avec sa première saison principalement axée sur le scandale Rindell, The Good Fight n’avait pas montré ses véritables intentions : exposer l’ère Trump comme celle de la déconnexion avec la réalité. Pourtant, tout le programme était là dès sa scène inaugurale, mais la série nous en avait détournés à coups de fake news et de réalités distordues.
“If I make my little corner of the world sane, then I won’t let the insanity win.”
À ne pas s’y tromper, cette seconde saison est plus incisive, plus violente, plus satirique, moins subtile et régulière, mais, en soi, peut-être plus pertinente. Robert et Michelle King font alors de la série un mélange entre The Good Wife et Braindead, empruntant l’univers de la première (et parfois un peu trop) et le ton satirique de la seconde, adapté aux politiques d’aujourd’hui.
Cette seconde partie de saison voit ainsi l’intrigue “Kill All Lawyers” s’accélérer. La menace se rapproche et finit par frapper en plein cœur de Reddick, Boseman & Lockhart, car l’on tire sur Adrian dans l’entrée du cabinet. Malheureusement, le suspense aura eu du mal à monter pour que le danger soit omniprésent, celui-ci étant plus souvent remplacé par l’inquiétude pour la santé mentale de Diane. Reste que lorsqu’arrive le drame (dont il se sortira), l’impact est tout de même notable et permet de remettre sur le droit chemin.
En effet, littéralement et figurativement, par le biais de la blessure d’Adrian, Diane reprend le contrôle et le chemin du tribunal. Elle se met au sport, renoue avec Kurt et reprend en main le cabinet avec Liz, en l’absence de leadership, et s’en sort haut la main. Il est dommage que ce dernier aspect soit rapidement évacué tant il aurait été intéressant de voir comment elles s’associent alors que des tensions ont été soulevées (sans suite par ailleurs) en début de saison. C’est le principal problème de cette seconde partie de saison, de lancer des développements qu’elle boucle trop rapidement ou oublie en cours de route.
Mais ce ne sont que de menus détails face à la charge politique et sociale que The Good Fight lance contre Trump et la société patriarcale. Par l’affaire de la Golden Shower, la procédure d’impeachment lancé par le parti démocrate (représenté par Ruth Eastman, la toujours parfaite Margo Martindale) ou les affaires de harcèlement sexuel, la série n’y va pas par quatre chemins, met les pieds dans le plat et s’en sort généralement avec beaucoup de succès.
Elle parvient à transformer l’obsession erratique de Diane (faisant écho à celui du monde entier) pour le Président des États-Unis en attaque en bonne et due forme contre tout un système en place et pourtant déjà au bord du déclin. Il est temps pour les femmes d’élever la voix, pour le peuple de ne pas avaler tout ce que ses dirigeants véhiculent comme idéologie, de ne plus accepter le racisme, le sexisme, la xénophobie et cette seconde partie de saison prend les armes pour soutenir cet élan. Là où les séries télévisées pré-Trump auraient probablement choisi la satire subtile pour parler de politique (notamment The Good Wife), The Good Fight lâche les chiens, invitant la réalité dans la fiction sans distinction.
À côté de cela, peu de place pour d’autres développements en dehors de la grossesse de Lucca, imbriquée dans la carrière politique de Colin. Si au final peu est fait en termes de développements professionnels, cette partie apporte un ton humoristique différent, permettant d’affirmer Lucca comme le personnage le plus intéressant par sa volonté d’indépendance sans rejeter totalement l’autre. Le final vient également conclure une bien jolie histoire en mettant en avant l’amitié avec Maia et Marissa, trio à l’alchimie réussie.
The Good Fight termine sa seconde saison en allant jusqu’au bout de ses idées, quitte à trébucher par moments, mais avec un aplomb et un cran satirique que l’on ne peut qu’applaudir. En remettant Diane au centre, elle en profite pour mordre sans lâcher le morceau et cela lui réussit. Quelle sera sa prochaine victime ? On a hâte de le savoir.