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Séries The Good Fight Saison 3 : La Trump Dimension

The Good Fight Saison 3 : La Trump Dimension

The Good Fight Saison 3 Episode 5 - The Good Fight Saison 3 : La Trump Dimension

Attention cet article contient des spoilers sur cette 3eme saison de The Good Fight.

On pourrait résumer cette nouvelle saison de The Good Fight en un seul épisode, The One with the celebrity divorce (3.06), dans lequel Reddick Boseman & Lockhart font face à une mystérieuse cliente souhaitant savoir ce qu’elle peut faire suite à un ajustement de contrat de mariage la liant a son époux jusqu’en 2020. Soudain, l’épisode devient un archétype de la Quatrième Dimension, floutant la notion de réalité il nous présente une Melania Trump tout en ombre. Car oui, cette troisième saison de la série de Michelle et Robert King est plus que jamais dans l’eau trouble de l’Amérique trumpienne et par conséquent ne s’encombre plus de ces termes surannés tels que réalité, vérité ou méritocratie.

Mais prenons les choses dans l’ordre et revenons un peu en arrière. Cette saison 3 s’ouvre alors que Reddick Boseman & Lockhart fait face à un scandale sexuel qui pourrait bien déstabiliser le cabinet. Dans le même temps, après l’accablement de la saison précédente, Diane retrouve du poil de la bête et rejoint un groupe de résistantes bien décidées à empêcher la réélection de Trump en 2020.

Ce qui irrigue cette nouvelle salve d’épisodes, c’est l’opposition entre idéaux et réalité. Les personnages de The Good Fight sont tous des progressistes, Diane a toujours lutté pour des causes justes, Adrian a souvent était la voix de la minorité afro-américaine, même Marissa aime se savoir ouverte sur la multiplicité de la société. Mais voilà, au milieu de cela, il y a aussi une réalité bien plus amère. Celle qui fait qu’une personne afro-américaine connaît le nom de chacun de ses concitoyens tués par les policiers, celle qui fait qu’un blanc est plus payé qu’un noir ; mais également celle qui juge une Afro-Américaine considérée par ses pairs comme n’étant pas « assez » noire.

Dès lors, le titre même de la série perd tout son sens — comme The Good Wife en son temps ; il n’y a plus de « good fight ». A la phrase de Michelle Obama « When they go low, we go high », les Kings répondent qu’on combat le feu par le feu. Un propos illustré par l’épisode The One where a Nazi Gets Punched (3.05) dans lequel Jay remet en cause un principe américain, celui consistant à dire que toutes les idées sont admissibles et défendables. Dans le même esprit, dans son opposition à Trump, Diane se rend bien compte que les dés sont pipés, elle doit affronter les dommages collatéraux de sa lutte, mais jusqu’où ? Quand le combat, aussi bon soit-il, tombe dans un extrémisme total peut-il encore se prétendre juste ?

Ce point d’interrogation est une assez belle illustration de cette troisième saison. The Good Fight nous questionne sur une montagne de sujets, inégalité raciale, le privilège blanc qui entoure le personnage de Maia, le sexisme, agonie de la méritocratie ou encore la perte de sens du mot démocratie. Indéniablement, il plane sur l’ensemble des épisodes un air de fin du monde mis en image lors de son final aux accents de Magnolia, le film de Paul Thomas Anderson, qui laisse penser que maintenant que tout s’est écroulé tout va pouvoir se reconstruire.

Au milieu de ce champ de bataille, le droit passe au second plan. Il est même difficile de continuer à considérer The Good Fight comme une série juridique dans le sens strict du terme, mais à quoi bon vouloir faire rentrer le show dans une case. Néanmoins, elle offre quelques affaires aux accents fortement politiques. Notamment sur l’utilisation des données personnelles par les GAFA, mais surtout la modification des algorithmes des sociétés de type Google symbolisées dans la série par Chumhum. Un sujet si délicat que CBS a censuré une scène qu’explicitent les scénaristes à l’aide d’un carton d’intertitres.

Dans cette déferlante de louanges, je me dois d’être partiel en soulignant deux défauts. Le premier est l’insertion de séquences musicales animées ; quasiment chaque épisode contient son petit segment, s’ils sont pertinents et drôles dans certains, leur utilisation systématique grippe l’efficacité du procédé. Le second concerne une nouvelle arrivée au sein de la série ; Michael Sheen dans le rôle de Roland Blum, un avocat voyant la vérité comme superficielle et se dessinant comme une sorte de Trump à l’excentricité dévorante. Mais, comme la majorité des personnages exubérants, il finit par vite tourner à vide malgré la qualité d’interprétation de Sheen.

Quoi qu’il en soit, The Good Fight livre une nouvelle saison de haute voltige. Elle témoigne encore une fois d’une captation fascinante de l’Amérique trumpienne qui, sous ses airs de donneurs de leçon, s’avère bien plus nuancée en jouant sur l’opposition entre idéaux et réalité. Elle questionne tout autant notre rapport à la démocratie que notre définition de l’expression « good fight« .

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