Après avoir temporairement choisi de laisser la comédie de côté suite à une tentative malavisée pour percer dans la sitcom plus traditionnelle, NBC décide de redonner forme à une offre plus en phase avec ce qui fit son succès dans le domaine. Naturellement, la chaine se tourne vers Michael Schur, co-créateur de Parks & Recreation et de Brooklyn Nine-Nine.
Schur qui est un spécialiste des bonnes personnes se sacrifiant comiquement pour le bien de tous nous livre ainsi The Good Place. C’est l’histoire d’Eleanor Shellstrop (Kristen Bell), une femme égocentrique au possible qui atterrit par erreur là où les meilleures personnes de ce monde vont quand elles meurent. Pour éviter d’être envoyée dans « The Bad Place », Eleanor doit convaincre Chidi (William Jackson Harper), son âme sœur par défaut, de l’aider à devenir quelqu’un de bien. Ce n’est pas une mince affaire.
Normalement, c’est le moment où je devais écrire « hilarité s’en suit », mais mentir serait une chose peu recommandée à faire si je veux gagner ma place dans The Good Place. Je ne peux pas me permettre de perdre plus de points à ce stade, car si je ne pars pas immédiatement accomplir une mission humanitaire je risque d’être condamné à passer mon après-vie dans The Bad Place – là où la majorité du monde se trouve finalement.
L’une des sources de l’humour de The Good Place est justement que le lieu est tellement sélectif que le moindre détail qui s’éloigne de l’idée de perfection génère le chaos. Ce n’est en réalité pas très marrant. Ce qui l’est par contre, ce sont les gags visuels qui naissent du désarroi qu’est cette débandade ridicule – principalement dans la seconde partie signée Alan Yang (Master of None).
On ne peut pas accuser Kristen Bell d’être le problème ici, car elle fait beaucoup pour rendre cette introduction plus chaleureuse et pétillante qu’elle ne paraissait capable de l’être sur papier. Cela semble d’ailleurs épuisant à la longue pour elle, mais Ted Danson – dans le rôle de Michael, le responsable des lieux – finit par s’imposer et par élever le niveau comique de l’ensemble. Certes, il le fait principalement en shootant dans un chien, mais les retombées de son acte montrent qu’il y a un véritable potentiel pour l’autodérision dans The Good Place.
Quand on est familier avec l’œuvre de Michael Schur, on ne sait que trop bien qu’il est nécessaire d’attendre quelques épisodes pour qu’il trouve son rythme comique et nous livre ce que l’on est venu chercher. C’est probablement pour cela que NBC programme trois épisodes dans la première semaine. Il faut mettre rapidement de côté la partie exposition du show pour donner à son humour l’occasion pour s’affirmer.
Il n’est pas dit que la magie prendra cette fois encore, mais cette introduction de The Good Place permet de passer un assez bon moment et nous laisse entrevoir ce qui pourrait générer de véritables perles d’humour. Si elles prennent réellement forme sans trop tarder, cette comédie pourrait bien devenir un gentil délire.
En attendant, on ne peut pas nier que, aussi sympathique qu’il fût, ce pilote en deux parties est un peu trop handicapé par toute la mise en place qui doit être faite avant que l’histoire puisse débuter réellement. C’est le souci avec les shows qui ont des concepts qui sortent de l’ordinaire, mais il serait regrettable de condamner immédiatement The Good Place pour son originalité. Au contraire, elle mérite bien qu’on lui laisse l’opportunité de montrer ce qu’elle vaut pour cette raison.