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The Great Train Robbery : braquage à l’anglaise (série complète)

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The Great Train Robbery - The Great Train Robbery : braquage à l'anglaise (série complète)

À force d’enchainer les vols qui ne paient pas suffisamment, Bruce Reynolds rêve de plus et entraine ses compères dans un coup majeur : celui de l’attaque du train postal Glasgow-Londres. Il va obtenir plus que ce qu’il escomptait et cet acte, considéré comme le casse du siècle, ne pourra rester impuni…

Alors que l’année dernière, ITV revenait sur une partie de l’histoire de l’attaque du train postal Glasgow-Londres avec Mrs Biggs, BBC One a attendu le cinquantième anniversaire pour se pencher sur ce célèbre braquage qui s’est déroulé le 8 août 1963.

Au scénario, Chris Chibnall (Broadchurch) a décidé de relater cette histoire selon deux points de vue. A Robber’s Tale, la première partie, commence en novembre 1962 pour se terminer peu de temps après l’attaque, se concentrant entièrement sur la préparation et l’orchestration du coup, faisant la part belle aux voleurs. A Copper’s Tale, la seconde partie, reprend juste après que le crime fut commis et va ainsi nous plonger dans l’investigation que mènera l’équipe de Scotland Yard pour retrouver les coupables.

La coïncidence a voulu que Ronnie Biggs meure quelques  heures avant la diffusion de A Robber’s Tale, au sein de laquelle il jouera un rôle fort mineur. Derrière ce qui fut donc qualifié de casse du siècle se cachait Bruce Reynolds, un homme qui rêvait de plus, mais qui n’était pas décidé à vraiment travailler pour l’obtenir. Au lieu de cela, ce dernier – incarné par un très bon Luke Evans – préfère voler et cela implique, comme il nous le sera montré au début, une certaine violence, majoritairement commise par ses associés. Si au vu du nombre de personnes nécessaires pour réaliser ce crime, il est normal que certains restent bien évidemment dans l’ombre, on pourra regretter que l’on fait plus que frôler la caricature par moment. Le récit n’a certainement pas le temps de faire plus, mais il souffre quand même d’un manque de finesse, ainsi que d’une gestion du rythme, où les moments entre le calme et les actions ne sont pas toujours bien dosés. Heureusement, cela n’empêchera pas de rendre la construction du plan et son orchestration entrainante.

Quoi qu’il en soit, A Robber’s Tale se déroule avant tout à travers les yeux de Reynolds, animé par ses ambitions et ses illusions que l’histoire véhicule avec habileté. L’équipe se monte, l’attaque se prépare, dévoilant des criminels à la compétence régulièrement discutable. Chibnall révèle ainsi à quel point la réussite d’un tel coup ne tient pas vraiment au génie de celui qui l’organise. D’une certaine façon, on se laisse alors emporter dans l’histoire, comme Reynolds qui ne mesurait pas complètement ce qu’il faisait, s’attaquant à quelque chose d’énorme – et qui le sera encore plus qu’il ne le pensait.

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Entre alors en jeu le DCS Tommy Butler dans A Copper’s Tale, qui prend la tête d’une équipe de Scotland Yard pour retrouver les voleurs. À l’image de la première partie, celle-ci se concentre aussi sur un homme, et Chibnall nous offre un portrait totalement différent et qui vient ainsi légitimer les choix narratifs. La vision policière de Butler permet de porter un autre regard sur le crime qui a été commis et nous exposer à quel point le succès d’un coup repose sur la possibilité d’échapper à la police.

Butler est un homme déterminé, imposant son style de vie à ses collègues tant que le travail n’est pas fait, et d’une certaine façon, on peut regretter que cette seconde partie ne parvienne pas à complètement véhiculer ce sentiment qui l’animait. Quelques ralentis viennent aussi à l’occasion créer des effets assez peu inspirés et peu nécessaires. The Great Train Robbery, toutes parties confondues, est agréable à l’œil même si elle ne se distingue pas forcément trop sur un plan technique.

Avec moins de personnages à gérer et une mise en scène simple mais efficace du travail policier, A Copper’s Tale trouve vite ses marques. Surtout, plus que la première partie, cette seconde repose définitivement sur les épaules de son interprète, Jim Broadbent, sans surprise excellent ici, et qui donne vie à un personnage autoritaire, particulièrement exigeant, réservé, et qui réussit aussi à sa façon à fasciner.

Au final, avec The Great Train Robbery, Chris Chibnall parvient à aborder ce fameux casse avec deux angles distincts et qui se complète. Ils donnent ainsi surtout vie à deux figures opposées avec Reynolds et Butler qui donnent une dimension humaine au crime commis sans en oublier ses conséquences. Ces deux points de vue sont sans aucun doute la plus grande force de la série qui brosse de cette façon deux portraits d’hommes qui sont aussi éloignés que possible et pourtant, sont bel et bien connectés l’un à l’autre par plus qu’on ne pouvait le concevoir au départ. Cette riche histoire, qui a déjà bien inspiré des œuvres et risque encore de le faire, souffre de quelques problèmes de rythme et de quelques grossièretés scénaristiques, mais cela n’entache pas trop l’ensemble plutôt réussi.