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The Kennedys (Les Kennedy) : un gâchis en bonne et due forme

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The Kennedys - The Kennedys (Les Kennedy) : un gâchis en bonne et due forme

Après avoir été refusée (entre autres) par la chaîne History, c’est sur ReelzChannel que la minisérie événement en huit parties The Kennedys s’est installée aux États-Unis. Relatant les succès et les échecs de la célèbre dynastie de politiciens, la série aura été le sujet de beaucoup de controverses qui n’auront fait qu’amplifier l’effet de buzz, tant recherché de nos jours.

Autant le dire d’entrée de jeu, pour le côté controversé on repassera. The Kennedys ne ferait pas de mal à une mouche. Bien sûr, la plupart des personnages sont présentés sous un jour peu flatteur. Mais, en 2011, peut-on encore s’offusquer (et surtout s’étonner) des penchants nazis de Joe Sr. ou des coucheries de Jack (dont on ne verra pratiquement rien) ? Car s’il y a une chose que la série sait faire, c’est enfoncer des portes ouvertes. Ça, et verser dans le mélodrame.

Les (malheureux) personnages au cœur du récit connaitront bien peu d’évolution au cours de ces 8 épisodes. Unidimensionnels, ils resteront monolithiques jusqu’au bout et il est difficile de s’attacher à des caractères aussi grossièrement écrits et criants de banalité. Seuls Barry Pepper en Bobby et sa femme Ethel (Kristin Booth) parviennent à gagner un tant soit peu notre sympathie, juste à temps pour que celui-ci soit assassiné.

D’ailleurs, parlons en des assassinats. Joel Surnow (rappelons-le, producteur de 24) nous évitera toute goutte de sang, et ce qui devait constituer l’apogée de la série se déroule hors caméra, un comble ! Par contre, pour ce qui est des parallèles lourdingues (Joe Sr. se levant de son fauteuil roulant au même instant qu’on tire sur son fils) et des violons assourdissants, The Kennedys n’est pas avare. Encore une fois, point de tragédie ici, mais du mélodrame à n’en plus pouvoir.

En effet, au lieu de la tragédie grecque que l’on été en droit d’attendre, on se retrouve face à un soap opera pétri de banalités. Le grain sirupeux de la caméra, supporté par moments par des tons sépia, ajoutent à cette impression d’être devant un épisode des Feux de l’Amour.

Face à un scénario aussi cliché et poussif, les acteurs font ce qu’ils peuvent, et certains s’en sortent mieux que d’autres, même si cela reste peu brillant. Du lot, Tom Wilkinson est celui qui parvient le mieux à déjouer les pièges du script, alors qu’il est l’un des plus grossièrement dépeints.

Pour les autres, c’est moins glorieux. Greg Kinnear ne peut rien faire face à un JFK aussi peu fouillé qu’un rôle secondaire, voire tertiaire. Le plus dramatique reste l’interprétation de Katie Holmes en Jackie O, qui se situe quelque part entre une enfant de 5 ans, un alien venu d’une autre galaxie et une biche prise dans les phares d’une voiture. Blague à part, il faut reconnaître que son jeu s’améliore dans les deux derniers épisodes et qu’elle porte à merveille les costumes de la first lady. Mais encore une fois, elle est tellement mal servie par le scénario que cela renforce le sentiment d’être face à une coquille vide.

Une question nous taraude alors à la fin du visionnage : quel était le but ? Si The Kennedys cherchait à réduire une dynastie américaine emblématique à de simples figures désincarnées, le pari est gagné !

Qui plus est, ce genre de production à caractère historique entraîne forcément des coupes artistiques et quelques arrangements avec les faits qui engendrent ici de nombreux problèmes de rythmes. Par moment, on a droit à de gros ralentissements pour se pencher sur des évènements historiques tels que la Baie des cochons ou la crise des missiles à Cuba, alors que les deux derniers épisodes sont maladroitement condensés. Et, là où on aurait voulu voir une plongée sans concessions dans les coulisses de la Maison Blanche, on nous sert une sorte « d’affaire politique du jour » dépourvue de tout suspense puisqu’on en connaît déjà le dénouement.

C’est cette frilosité à gratter plus loin que la surface qui constitue le plus grand défaut des Kennedys et révèle sa profonde mentalité conservatrice. Le scénario fait seulement allusion aux sujets qui font mal : l’addiction de Jack, sa relation avec Marylin Monroe (liée au suicide de cette dernière) ou encore Jackie et les piqûres miracles du Dr. FeelGood. On assiste alors à une sorte de mise en place constante. Mais, une fois arrivées à maturation, les intrigues ne décollent jamais et retombent inexorablement comme un pétard mouillé. On sent une vraie lassitude dans l’écriture qui ne se concentre jamais sur ce qu’elle est en train de nous raconter, mais songe toujours à ce qui lui reste à traiter, comme un cours d’histoire barbant dont on ne verrait pas le bout.

Bien que la famille Kennedy en avait à revendre, la série manque cruellement d’ambition et de passion. En témoigne la réalisation de Jon Cassar, pragmatique, mais lisse et parfois même datée (les premiers épisodes font penser à un téléfilm des années 90). De manière générale, le look de la série reste trop pauvre pour une production de ce calibre, alors qu’on aurait pu espérer y retrouver l’exigence quasi cinématographique d’une œuvre comme Mad Men.

The Kennedys est en définitive plus un téléfilm plan-plan que la grande fresque historique, épique et sulfureuse à laquelle on s’attendait. Beaucoup de bruit pour rien, donc. Amateurs d’histoire à l’écran, de drame humain complexe ou de divertissement politique prenant, passez votre chemin. La série pourra intéresser ceux qui n’ont aucune (mais alors vraiment aucune) notion de la vie de la célèbre famille. Les autres seront sûrement rebutés par cette dramatisation mielleuse, sans âme, et surtout profondément décevante, aux vues de son fascinant sujet.

Arte diffuse les Kennedy tous les jeudis du 26 juillet au 9 août à 20h35. Si le coeur vous en dit après tout cela, la série est disponible en DVD ou en Blu-ray.

Ce bilan a été publié une première fois le 27 avril 2011.